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    Chapitre 4

     

    4.

     

    Cela faisait quelques heures que nous avions eu l'affrontement avec Saphir. La maison dormait. Sauf Adam et moi. Il était allongé sur mon ventre. Je le regardais. Il était tellement mignon. C'est la première fois que nous nous retrouvions comme ça. A savoir si nous étions vraiment ensembles.

    -       Je peux te poser une question?

    -       Bien sûr va s'y.

    -       C'est comment d'être mi- Ange, mi- Démon?

    -       Euh... bah je suis normale que je sache…

    -       Oui je sais mais tu as les cheveux noirs ébène, des yeux verts et la peau blanche. C'est vraiment atypique.

    -       Tu es un Démon.

    -       Oui, ça je le sais merci.

    -       Et pourtant tu as les cheveux clairs avec des mèches plus foncés, les yeux marron clairs avec des tâches noires et la peau claire. Ton physique est tout aussi atypique que le mien.

    -       Ça c’est parce que j’ai atteint un nouveau stade de puissance il y a peu. Donc, mes yeux ce sont éclaircis et les mèches sombres sont apparues. Lorsque j’aurais atteint la pleine possession de mes pouvoirs, je changerais encore. J’aurais les cheveux très foncés et des yeux très clairs.

    -       Vous pouvez changer de physique ?!

    -       Non enfin si…

    -       Faudrait savoir…

    -       On ne change pas comme toi tu le fais. C’est juste que lorsque l’on devient plus puissant, on change. Et puis c’est tout, finit. Mais pour ceux qui veulent, oui, ils peuvent modeler leur physique à leur guise.

    -       Et toi ? Tu es puissant ?

    -       Pas encore totalement. Mais je me débrouille…

    -       Va s’y montre !!

    -       Alors, là, ne compte pas là-dessus.

    -       Pourquoi?

    -       L'énergie démoniaque ferait réagir ta famille, croyant que la maison est de nouveau attaquée…

    -       Pas bête.

    -       Et puis toi aussi tu t'es transformée il n'y a pas si longtemps.

    -       Sauf que moi, de un, ce n’est pas une forme définitive et de deux, je ne peux pas retrouver ma forme originale toute seule. J'avais besoin de l'aide de mon père vu que c'est lui qui m'avait transformée.

    -       Bah vous avez réussi.

    -       Il a réussi. Moi je n'ai rien fait à part avoir mal. Parce que sérieusement, ce n’est vraiment pas agréable.

    -       Je comprends. Enfin, juste qu’un peu…

    -       Je peux te poser une question à mon tour? demandais-je à Adam.

    -       Oui va s'y.

    -       Tout à l'heure, l'homme t'a appelé mon Prince. Tu fais partie de la famille royale?

    Je vis son regard s'assombrirent. Apparemment ce n’était pas la question à poser.

    -       Ce n'est pas forcément la signification que je fais partie de la famille royale. Je peux juste être puissant.

    -       Ah... je vois.

    En fait non mais il fallait bien coupé à cette conversation qui avait jeté un froid. Et puis comme l’habitude générale était à présent de me cacher de plus en plus de choses, je ferais mes recherches plus tard.

    -       C'est comment en Enfer?

    -       Bah... comme ici sauf qu'il y a utilisation de la magie.

    -       Comme ici? Les mêmes paysages et tout?

    -       Bien sûr. Bon, il fait juste un peu plus chaud mais sinon c'est du pareil au même.

    -       Ah bon. Je croyais qu'il y avait les flammes et tout.

    -       Bien sûr que non. Les seules flammes que l'on possède sont celles de nos briquets ou de nos gazinières. Nous sommes des gens normaux...

    Je le regardai d'un air dubitatif.

    -       Bon... si on enlève le fait que nous sommes des Démons, nous sommes comme vous.

    -       Comme Eux. Moi je ne suis pas Humaine je te rappelle.

    -       C'est vrai. Excuse-moi.

    -       Pas grave. Mais je dois avouer que tous les Humains ne sont pas pareils. J'ai tout de même des amis Humains géniaux.

    -       Normal, ce sont tes amis. Si tu les as choisies, c'est pour ça.

    -       Certainement. Je peux te poser une autre question?

    Il hocha la tête.

    -       Sais-tu quels pouvoirs je possède?

    -       Tu ne le sais pas? s’étonna-t-il.

    -       Non. Je n'ai pas acquis encore le tiers de mes capacités apparemment…

    -       Et bien... Tu pourras contrôler qui tu veux...

    -       Ça, c’est déjà fait… C’est même le premier de mes pouvoirs à être apparut. 

    Il sourit, comme si ce que je venais de dire était drôle.

    -       Tu pourras contrôler les éléments aussi

    -       Sérieux ?! m’étonnais-je, ne croyant pas que je sois capable de faire de telles choses.

    Il dut remarquer mon regard ébahi car il sourit de rechef. Je me calmai et écouta la suite de l'énumération.

    -       Tu arriveras à détruire les choses rien qu'en les touchant, tu pourras voler grâce aux ailes que tu vas avoir. Puis tu pourras te transformer.

    -       Comme quoi?

    -       Eh bien, jouer avec tes 2 origines comme la dernière fois lorsque tu étais un Démon.

    -       Oh je vois.

    -       Tu seras aussi dotée d'une agilité et d'une force rare. Tu pourras marcher sur un parquet vieux de 100 ans qui couine comme c'est pas permis, tu ne feras tout de même aucun bruit. Tu pourras te rendre plus légère, transmettre tes pouvoirs à d'autres magiciens qui auront besoins de ton soutien... Ce genre de choses.

    -       Ça fait beaucoup non?

    -       C'est le B.a.-Ba.

    -       Ouais bah excuse-moi si personne n'a été capable de m'expliquer en quoi mes pouvoirs allaient réellement consister.

    -       Tu peux devenir si puissante, c'est pour ça.

    -       Ah? Parce qu’on peut être plus puissante que si je manie toutes les choses que tu as énumérer?

    -       Bien sûr! La puissance est une chose que personne n'est en pouvoir d'expliquer. Et rare sont ceux qui arrive à la manier correctement.

    -       Je vois... Il faut que je fasse mon possible quoi...

    -       En gros, c'est ça.

    -       Cool.

    -       Mais il faut tout de même que tu restes prudente. Un surplus de puissance te tuerait sur le champ. Elle aspirait ton énergie vitale.

    -       Pas mon âme?

    -       Euh... non.

    -       Quoi? Je n’en ai pas?

    -       Bien sûr que si! Ne sois pas bête. C'est juste que ton âme ne peut pas être aspirée tout simplement!

    -       Oh... dans les films pourtant...

    -       Oui bah les films humains ce n'est pas vraiment le miroir de la réalité. Voir pas du tout.

    -       C'est juste. Au moins ça me rassure de me dire que je ne peux pas perdre mon âme.

    -       Enfin, du moins, on ne peut pas l'arracher de ton corps. Il faudrait que tu meures d'abord, que ton âme quitte ton corps pour la prendre.

    -       Ah... et si je ne veux pas.

    -       Bah tout dépend de toi hein! Si tu es puissante, personne ne pourra te toucher au risque que tu la tue même sous la forme de spectre.

    -       Sympa…

    Soudain, il se rapprocha de moi. J'eus juste le temps de lui mettre la main devant le visage.

    -       Non.

    -       Juste un baiser, s’il te plaît.

    -       Cela voudra dire que l'on est réellement ensembles.

    -       Et alors?

    -       Je ne veux pas.

    -       Bien.

    Je le vis alors se lever.

    -       Tu fais quoi? lui demandais-je, étonnée.

    -       Je rentre, me répondit-il, froidement.

    -       Pourquoi?

    -       Parce que tu ne veux pas m'embrasser.

    A ce moment précis, j'étais scotchée. Le ton qu'il avait employé me presque faisait mal. Finalement, j'avais peut-être des sentiments pour lui mais bon dieu que ça faisait mal. Je cachai le fait qu'il m'avait blessé.

    -       Bien. Dégage. Ce n'est pas ça qui fera que tu toucheras mes lèvres.

    -       Bonne nuit.

    -       Cause toujours.

    Et il partit. Je n'avais même pas envie de pleurer. Non. En vérité, j'avais des frissons et mon cœur se serrait mais pas la moindre envie de pleurer. Je retournai me fumer une cigarette sur le balcon pour penser à autre chose. Être seul avec soi-même, ce n'est pas aussi reposant qu'on le dit. En fait, je me sentais bien seule. Pourquoi est-ce qu'il fallait que je craque pour lui?! Il pourrait comprendre ma situation. Il m'énervait.

    -       CONNARD!!!!

    Je ne pus m'empêcher de le hurler tellement ça venait du cœur. Une fois ma voix portée dans la nuit sombre, je restai un instant à l'air frais puis rentra dans ma chambre pour dormir.

    Une nuit que j'aurais aimée sans rêves.

     

    Le lendemain, je descendis. J'avais oublié à que nous étions un poil plus nombreux que d'habitude. Je vis les regards de certains se figer sur ma tenue.

    -       Bien dormie? me demanda Sara.

    -       Oui. Dis, est-ce qu'ils ont déjà vu une fille au réveil ou...?

    -       Hé ho! C'est ma sœur, intervint Sasha, le nez dans le journal.

    Les 3 regards descendirent directement et je pus manger en paix.

    -       C'est toi qu'on a entendu crier hier soir? finit par me demander de nouveau Sara.

    -       Crier? m’étonnais-je, faisant comme si je ne comprenais pas.

    -       Oui quelqu'un a crié une injure hier soir… continua-t-elle.

    -       Ah non...

    Autant jouer sur l'innocence. Au point où j'en étais. Je plongeai ma tête dans mon bol de céréales et mangea sans faire de bruits. La prochaine fois, je ferais plus attention quand je serais en colère.

    -       Il faudra que tu t'entraines Alexiel, souligna Aaron.

    -       D'accord, j'irais me préparer.

    -       Je veux bien t'entrainer moi.

    -       Je me retournai sur mon père.

    -       Toi m'entrainer?

    -       Eh bien oui. Je suis puissant moi aussi. Et puis comme ça je t'apprendrais mes techniques de combat.

    -       Bon bah... d'accord. Je vais me préparer alors...

    Je ne savais pas du tout ce qu'un entraînement avec mon père pouvait donner. Forcément il était puissant. J’enfilai mon survêt et le rejoignit dans le jardin. Je l'aperçu discuter avec Aaron et décida de les rejoindre.

    -       Papa je suis prête!

    -       Oui 2 secondes, Alexiel. J'arrive.

    Je me demandai de quoi il pouvait bien discuter mais je décidai d'aller m'échauffer. Il arriva quelques minutes après.

    -       Prête?

    -       Oui oui.

    -       Bien.

    Soudain il posa sa main sur ma poitrine. Je fus tellement surprise que je n’eus pas le temps de réagir. Il m'expulsa à quelques mètres avant que j'appuis mes pieds contre un mur et reparti vers lui. Je tentai de lui asséner un coup de pied dans la tête mais il para et me plaqua à terre.

    -       Essaye de canaliser ta force et n'utilise pas la force brute.

    -       Qu'est-ce que tu veux dire?

    -       Apprends à contrôler tes pouvoirs.

    -       Je ne sais même pas quels sont la moitié de mes pouvoirs...

    -       C'est pour ça qu'il faut que je t'aide à les découvrir.

    -       Bonne chance.

    -       Si tu ne crois pas en toi, c'est sûr que ça risque d'être plus compliqué

    -       Ce n'est pas que je ne crois pas en moi. C'est que... vu que je ne connais pas tout...

    -       Et bien ça s'apprend. Regarde.

    Soudain, une espèce d'halo grisâtre entoura mon père. Je me demandai ce qu'il pouvait bien faire car je ne voyais rien se passer de vraiment extraordinaire jusqu'au moment où je sentis que je perdais le contrôle intégral de mon corps. Ne sachant pas ce qui se passait, je voulus reculer mais rien ne se passait. Mon corps refusait de bouger.

    -       Alors?

    Mon père me parlait, toujours entouré de son halo de lumière.

    -       Alors quoi?

    -       Ça fait quoi de ne plus avoir le contrôle de son corps?

    -       Ça fait... mal.

    Puis ne sachant pas ce qui m'arrivait, je m'évanoui dans l'herbe. La dernière chose que j'entendis fut la voix de mon père appelant mon nom. Après le vide intégral. Mon corps était toujours étrangement douloureux.

    -       Salut salut!

    Je hurlai intérieurement.

    -       T'es qui? m’exclamais-je.

    -       Je suis ton... comment dire... Ange intérieur.

    -       Une partie de moi?

    -       Oui voilà! Je suis la partie Ange de toi!

    Sa voix... enfin la voix de la partie de mon moi ange (allez savoir si c'est français) m'agaçait au plus haut point.

    -       Et qu'est-ce que tu fais là?

    -       Mais j'ai toujours été là.

    -       Non, ce n'est pas le sens de ma question. Pourquoi est-ce que je te vois là tout de suite?!

    -       Ah! Bah tu as besoin de moi alors faut bien que je t'aide!

    Etait-elle toujours aussi enjouée ou alors c'est juste là, maintenant, me demandais-je intérieurement, quelque peu agacée.

    -       Besoin de toi? Je ne vois pas tellement en quoi...

    -       Tu n'es pas dans le coma par hasard?

    -       Bah si... mais cela ne me dit toujours pas pourquoi tu…

    -       Bah voilà. Donc ça veut dire que tu as eu des répercussions graves d'une attaque sur ton corps et le mental ne l'a pas supporté non plus.

    -       Je sais ce qu'est un coma... Mais pourquoi toi en particulier?

    -       Parce que c'est de moi que viens ton pouvoir de récupération!

    -       Pardon?!

    Apparemment j'avais le pouvoir de me régénérer...

    -       Oui. Une fois que ton corps subit un choc trop important ou alors que tu es blessée assez gravement, le pouvoir que je... enfin que tu possèdes t'aide à te régénérer immédiatement. Mais pour le moment tu ne sais pas l'utiliser, c'est pourquoi tu as déjà été blessée par l'homme de la dernière fois et que tu n'as pas supporté le contrôle que ton père avait sur ton corps. Je suis donc là pour t'apprendre à le maitriser.

    -       Ah... ouais je vois…

    -       Tu te sens prête?

    -       Quoi tout de suite là?!

    -       Bah tu voudrais que ça soit quand?

    -       Euh...

    -       Alors prête?

    Je n'eus pas le temps de répondre qu'elle prit une posture étrange. Soudain, une sensation étrange me parcouru. Elle ouvrit les yeux. J'ai cru que mon cœur allait s'arrêter. Ils étaient entièrement blancs et dégoulinait de sang. Elle ressemblait à une poupée de porcelaine. C'est alors qu'une onde de chaleur se fit sentir dans chaque recoin de mon corps. Mes cheveux se détachèrent et je sentis du sang couler. Je regardai mes mains et elles étaient elles aussi complètement couvertes de sang.

    -       Que m'arrive-t-il?!!

    -       Il faut traiter le mal par le mal. Il faut que je me blesse pour te blesser et ainsi activer le pouvoir de régénération.

    -       Mais comment je sais lorsqu'il s'active?!

    -       Maintenant...

    Je ne compris pas tout de suite. Mais d'un coup, mon corps se convulsa sans que je puisse le contrôler. Je ne contrôlais plus rien d'ailleurs. Mais sans prendre garde, le sang cessa de couler et je pus pleinement retrouver le contrôle de mon corps. J'étais juste un peu engourdie.

    -       Ça va?

    -       J'ai connu des jours meilleurs...

    -       Je pense bien mais maintenant, te voilà capable de te soigner. Et plus tu avanceras dans le temps, plus ton pouvoir s'accroitra, plus tu seras capable de supporter les attaques même si elles sont puissantes.

    -       Tu veux dire que je pourrais devenir invincible?

    -       Telle la Déesse que tu es, oui.

    -       Je suis mi- Démon, mi- Ange, pas une Déesse.

    -       Le terme est utilisé pour les deux. Et puis, tu es le fruit de l'amour véritable entre une Déesse et un Démon. Et encore mieux, tu es le fruit de l'amour entre les deux plus puissantes entités magique après leurs propres parents. Donc tu es garnie niveau puissance.

    -       Merci. Je retiendrais la leçon...

    -       Bon. Je vais pouvoir te laisser ici alors!

    -       Faisons comme ça...

    Et elle disparut. Je me retrouvai seule. Dans mon esprit. Mais pas pendant longtemps puisque à peine quelques minutes plus tard, je me réveillai. Tout le monde se trouvait autour de moi.

    -       Alexiel!! Tu vas bien?!

    -       Oui… mais tu peux arrêter de hurler Gaby...

    Ma sœur rougit. Elle tenait Avril dans ses bras. La petite me regardait avec ses grands yeux bleus.

    -       Coucou mignonne...

    Je tendis la main vers elle et je la voyais la fixer. Je ne savais pas ce qui pouvait attirer autant son attention. Je retournai ma main et vis un motif incrusté sur l’intérieur mon poignet. Magnifique. Mais pas là avant.

    -       C'est quoi ça...?

    -       C'est la marque qui signifie que tu peux désormais te soigner... me dit ma mère, l’ai soulagée que j’aille bien.

    -       Ne me dis pas que j'aurais une marque à chaque fois que j'aurais une nouvelle capacité...

    -       Et bien... tu finiras avec un tatouage qui te prendra la moitié du bras… continua-t-elle de plus en plus gênée.

    Je me redressai immédiatement.

    -       Pardon?!! m’exclamais-je

    -       Oui... on pense bien que ça peut te sembler étrange mais ça sera joli je t'assure! continua-telle, mettant ses mains devant elle. Moi-même j’en ai un et il est très joli.

    -       Je m'en fiche que ça joli ou pas, je ne voulais pas avoir de tatouage tout court!

    -       Mais arrête de t'énerver s’il te plaît...

    -       Il est où ton tatouage toi Maman ?

    -       Sur ma cuisse…

    -       Et évidemment, il faut que le mien se trouve sur mon bras…

    -       Il est fortement possible que tu en aies un sur la cuisse aussi… Mais c’est juste une probabilité, finit par dire ma mère, toujours sur la défensive.

    Je me recouchai, la tête me tournait. Je posai ma main fraîchement taouée sur mon front brûlant. Je n'arrivais pas à avoir les idées claires.

    -       Est-ce que je peux rester seule?

    -       Non! Tu ne vas pas bien. Tu viens de faire un coma à cause d'un Démon!

    -       -Gaby... ce démon est mon père et je suis réveillée alors zou. S'il te plait... s'il vous plait...

    -       D'accord.

    Ils me laissèrent alors seule. Je m'endormis instantanément. Je ne savais pas combien de temps j'avais pu dormir mais je n'étais plus seule.

    -       Salut...

    J'eus à peine le temps de me retourner qu'Adam s'approcha de moi et déposa un baiser sur mes lèvres. Je n'eus même pas le temps de réagir tellement il s'y était pris vite. Mais une fois que j'eus recouvert tous mes esprits, mon pied atterrit de manière sourde dans son abdomen.

    -       Dégage de là, lui dis-je, aussi froide que possible, malgré le fait que son baiser avait éveillé en moi un feu passionné.

    -       C'est officiel, nous sortons ensembles, me répondit-il, un immense sourire aux lèvres.

    -       Je préfèrerais me pendre.

    -       Je croyais que tu m'aimais.

    -       Je n'ai jamais dit ça.

    Il me regarda de manière appuyée mais je ne le quittai pas des yeux. Tandis qu’il se rapprochait de plus en plus de mon visage, je restais de marbre même si je n’avais qu’une seule envie qui était qu’il m’embrasse passionnément. Il finit par être si proche de moi que je sentais son souffle caresser ma peau.  

    -       Je t'ai vexée apparemment, finit-il par dire, dans un souffle qui faillit presque me faire chavirer.

    -       Je ne veux plus te voir. Sors d'ici, lui répondis-je, serrant la mâchoire pour ne rien laisser transparaitre de mon envie.

    Soudain, il m’attrapa et sans que je puisse comprendre quoi que ce soit, il se retrouva au-dessus de moi, me tenant les mains. Son visage était si proche du mien que je n’avais qu’à me redresser légèrement pour déposer mes lèvres sur les siennes et c’est ce que je failli faire avant qu’il ne parle.

    -       Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu ne veux plus me voir.

    Je restai alors le fixer et ouvra la bouche, mais aucun son ne sortit. Je tournai la tête mais il me la remit face à lui. Ses yeux criaient qu’il avait la même envie que moi. Mais sans comprendre pourquoi, mon cerveau refusait complètement ce que mon cœur criait haut et fort.

    -       Je ne veux plus te voir, lui susurrais-je, les larmes aux yeux, me pinçant la lèvre inférieure.

    Il serra deux fois plus fort mes poignets, me faisant presque mal.

    -       Je ne te crois pas. Tu mens mal, me répondit-il, la voix presque tremblante, comme si ce que je venais de dire lui faisait aussi mal qu’à moi. Son regard montrait qu'il était moins sûr de lui que d’habitude. Ce qui ne fit que me faire davantage mal.

    -       Toi aussi tu mens mal. Tu fais comme si cela avait l'air de te toucher mais en vérité, ce n’est que du cinéma pour m’avoir dans ton lit.

    Il desserra aussitôt son emprise. Mais lorsque je tentai de me redresser, il plaqua sa bouche à la mienne et m'entraina contre lui. Je tentais de le repousser mais rien n'y faisait. J'étais carrément assise sur lui, mes mains contre son torse, tentant de l'écarter. Soudain, je lui mordis violemment la lèvre, ne sachant pas que faire d'autre. Là, ce fut lui qui me repoussa sans pour autant me lâcher.

    -       Je vois que tu as un vrai sale caractère.

    -       Je ne te l'ai jamais caché, que je sache.

    -       Pourquoi est-ce que tu me refuse?

    -       Tout simplement parce que je ne veux pas de toi, lui répondis-je, presque en pleurs.

    -       Tu voudras de moi un jour.

    Je réussi à me dégager et à me mettre debout. La fièvre me faisait tourner la tête, mes jambes flagellaient et j'étais en sueur mais je devais lui faire face.

    -       Non. Tu n'es qu'un sale dragueur, imbu de lui-même, qui croit posséder le monde entre ses mains. En plus de ça, tu ne sais même pas ce qu'est un vrai baiser. Alors si je voulais d'un mec comme toi, je préférais que l'on me brûle vive.

    -       Est-ce ce que tu penses réellement?

    -       Oui, me contentais-je de répondre trop faible pour dire autre chose.

    -       Et bien je crois que nous n'avons plus rien à nous dire.

    Je ne lui répondis pas. Il m'énervait vraiment mais l'attirance que j'avais pour lui persistait encore. Il fallait que je la combatte car je ne voulais pas être avec un type pareil. Jamais il ne pourrait rendre quelqu'un heureux. Non, jamais. Excepté sa petite personne.

    -       À bientôt.

    -       Dans tes rêves…

    -       Tu es mon rêve, me dit-il, déposant un baiser sur ma joue.

    Je ne sus quoi répondre me contentant d’accepter son baiser, même si je mourrais d’envie d’en avoir plus.

    -       Tu vois quand tu veux, petit Ange.

    Puis il disparut. Sa voix avait eu la douceur du miel, la chaleur du feu et il provoquait en moi l'envie de l’embrasser éperdument.

    -       À bientôt… mon Démon, soufflais-je, comme si j’avais l’espoir qu’il m’entende.

    Mais avant même de pouvoir me remettre dans lit, mon esprit se fit encore plus embué et la fièvre ne cessait de grimper. Je m’agrippai au bord du lit mais mes jambes me lâchèrent, me faisant tomber sur les genoux. Je tentai d’appeler quelqu’un mais le seul bruit qui sortit de ma bouche fut une complainte de douleur, à peine audible. Mon cœur battait de plus en plus vite, comme s’il allait transpercer ma poitrine. Je finis par tomber de nouveau dans le coma, mon cœur cessant finalement de battre.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Chapitre 5

    5.

     

    -       Mais qu'est-ce qui s'est passé bordel?! hurla Sven, paniqué de retrouver sa fille, allongée par terre, inconsciente, le cœur ne battant plus.

    Dana pleurait, Alexiel dans ses bras, lui caressant les cheveux, lui demandant de revenir.

    -       Elle est si pâle… Sven, je ne peux pas perdre notre fille une fois de plus…

    Il s’agenouilla à côté de sa femme et la prit dans ses bras, ses yeux d’habitude si clairs, rougies par les larmes.

    -       On va la ramener… Ne t’en fais pas…

    Tandis que les parents d’Alexiel pleuraient sur son corps toujours inanimé, Aaron se tourna vers Gabrielle, elle aussi en pleurs et surtout choquée car c’est elle qui venait de trouver sa sœur.

    -       Ma puce, lui dit Aaron, la prenant par les épaules, que s’est-il passé ? L’as-tu entendu appeler à l’aide ? Ou quelque chose d’autre ?

    -       Je ne sais pas! Je… Je l'ai retrouvée inconsciente et son cœur ne battait plus... répondit-elle, fondant en larmes, aux pieds d’Alexiel.

     

     

    Ce n'est pas que j'avais mal mais la sensation que je ressentais n’était pas des plus agréables. J'avais des picotements le long de mon corps. J'étais complètement engourdie.

    -       Tu vas arrêter de nous appeler ...

    Je tournai la tête. J'avais quelqu'un en face de moi. Une fille aux cheveux courts noirs avec des mèches rouges avec une tenue qui était ce qu'on appeler osée. Sympa.

    -       Allez... Tu dois être mon moi Démon.

    -       Bien. Perspicace la petite.

    -       J'ai déjà eu l'autre la dernière fois alors bon…

    -       Et sais-tu pourquoi je suis ici?

    -       Oh j’ai ma petite idée mais je veux bien que tu m’éclaire…

    -       Si tu veux. Parce que tu n'es pas la personne la plus résistante que je connaisse.

    -       Normal. Je dois être la seule.

    Elle me regarda bizarrement mais continua quand même.

    -       Bref. Il va peut-être falloir te renforcer parce que là ça ne devient plus possible.

    -       Pardon ?

    -       Bah il va bien falloir que tu te renforce si tu ne veux plus nous voir, l’autre et moi, avant un moment.

    -       Je t’en prie, fait ce que tu veux. La dernière fois, mon autre moi n’a pas été de mains mortes alors je pense être préparée…

    -       Bien. Si tu te sens prête, on va pouvoir y aller. Lève-toi.

    Je poussai mon corps à m’obéir. Vu que je devais me lever je n’avais pas vraiment le choix. Je réussis donc à me lever malgré le fait que mes jambes restaient flageolantes.

    -       Ah ouais quand même

    -       Roh ça va hein, je fais ce que je peux. Bon va s’y… fais ton truc.

    -       Hé ho, tu crois que ça se fait comme ça en claquant des doigts ? Il faut que tu bouges tes fesses ma mignonne !

    -       Bah explique ! Je suis souffrante, pas débile.

    Elle me fixa et s’avança vers moi.

    -       Il va falloir que tu me parle autrement toi.

    -       Je te rappelle que tu es juste une partie de moi alors ne la ramène pas trop.

    -       Tu ne peux rien faire contre moi.

    -       Toi non plus je te rappelle. Je meurs, tu meurs aussi. C’est donnant-donnant.

    Elle tiqua mais se détourna. Soudain, un vent chaud se fit sentir. Elle allait surement commencer. Mais elle se retourna brusquement et se jeta sur moi. Je ne pensais que ça pouvait arriver mais à ce moment-là, nous commençâmes à nous battre. J’évitai son coup in extrémiste mais elle relança une attaque. Je la stoppai.

    -       Tu fais quoi là ?

    Ses yeux brillaient d’une façon étrange.

    -       Réponds-moi !

    -       Ça se voit non…

    Je l’attrapai par les cheveux et la plaqua à terre.

    -       Écoute-moi bien, tu es une partie de moi et il est hors de question que je me laisse dominer par une abrutie pareille. Alors tu choisis : soit tu te calme et on s’entend, soit je t’arrange d’une façon dont tu te souviendras. La balle est dans ton camp.

    -       Ok ok… je vois que ton caractère est bien celui d’un Démon et pas d’un de ses Anges… Lâche moi c’est bon.

    -       Je suis à demi Ange, donc, on ne critique pas non plus !

    -       Ok … désolée princesse.

    Je la lâchai et me redressa.

    -       Alexiel ça suffira… Je déteste ce titre.

    -       C’est pourtant le tien.

    -       Oui mais cela ne doit pas m’empêcher de le détester … Bien, on peut passer à la résistance maintenant ?

    -       Bien sûr. Ça risque de faire un peu mal ….

    -       Pas grave… Ce n’est pas vraiment la douleur qui me fait peur …

    -       Bien.

    Elle posa ses mains sur moi. Soudain, une décharge me traversa. Elle amplifia au fur et à mesure. Je me crispai de partout. C’était horrible. J’avais l’impression que l’on était en train de m’électrocuter. Je ne voulais pas mais je poussai un cri pour évacuer la douleur et surtout pour éviter de me casser les dents à force de serrer sur ma mâchoire.

    La partie de moi continua tout de même. Il fallait bien qu'elle le fasse. Mon corps devenait de plus en plus incontrôlable. Je ne réussissais pas à contrôler les convulsions qui secouaient mon corps.

    -       C'est fini.

    Je m'écoulai par terre. Je n'en pouvais plus. Chaque partie me faisait souffrir.

    -       C'est ça la résistance?

    -       Oui. Bon, c'est sûr pour le moment, ce n'est pas agréable. Mais après, tu réussiras à contrôler la douleur et en avançant dans le temps, à ne plus la sentir du tout. Mais pour cela, il faudra du temps et de l’entraînement.

    -       Je ne peux que te remercier.

    -       De rien. Princesse.

    -       Alexiel.

    Soudain, elle disparut. Et une fois de plus je me retrouvais toute seule avec moi-même. Je ne savais pas quoi faire. Puis j'entendis un bruit. Je me redressai et regarda autour de moi. C'était le noir complet mais pourtant je n'arrêtais pas d'entendre des bruits. C'était tout autour de moi sans que je puisse voir de quoi il s’agissait.

    -       Alexiel !

    D’accord, on m’appelait. Je tournais la tête à peu près partout sans pour autant voir quelqu’un.

    -       Réponds s’il te plaît…

    Apparemment je restais inanimée.

    -       Oui bah je fais ce que je peux !! répondis-je au néant qui se trouvait en face de moi.

    J’essayais par je ne sais quels moyens de sortir des méandres de mon esprit mais c’était apparemment plus compliqué que prévu.

    -       Peut-être que c’est fini…

    -       Non, ne dis pas ça…

    Ah, il y en avait qui pensait que j’étais morte. Non personne dont je ne vois pas le visage mais que j’entends ! Je ne suis pas morte !

    -       Elle est restée longtemps sans oxygène. Elle aura peut-être des séquelles…

    -       Regarde son poignet. Elle a une nouvelle marque !

    -       Ça ne veut rien dire. Cela peut apparaître mais c’était peut-être déjà trop tard

    C’est bien, j’entendais tout ce qui se disait. Sympathique, surtout que j’étais dans l’incapacité totale de participer. Soudain j’entendis un bruit de gifle.

    -       Gabrielle !

    -       Ce garde à la con va arrêter de baver sur le corps inanimé de ma sœur !

    Bon… Il fallait absolument que je me réveille.

    -       Réveille-toi Alexiel, tu sais que tu peux le faire hein… Ton Démon intérieur te l’a dit… Tu peux te réveiller, tu es une grande fille…

    Je me mis à rire toute seule. Je me parlais à moi-même dans mon esprit. Je croyais bien avoir touché le fond.

    -       Prince ? Que faîtes-vous ici ?

    -       J’ai entendu dire que la Princesse n’était pas au mieux de sa forme…

    Je reconnaissais cette voix. Mais qu’est-ce qu’il faisait ici ?! Mon cœur se mit à battre de plus belle et de plus en plus fort. Alors c’était ça qu’il provoquait chez moi ? Mon cœur se remettait à battre lorsqu’il était à côté de moi ?

    -       Tu as déjà rencontré Alexiel?

    -       Oui, je lui ai sauvé la vie une fois.

    Soudain, un choc électrique me parcourut. «Il» venait de me toucher. Sans m’en rendre compte, je m’extirpai instantanément de mon coma et revint parmi le monde des vivants. Lorsque j’ouvris les yeux, je vis Adam au-dessus de moi. Son visage semblait véritablement inquiet.

    -       Ça va ? me chuchota-t-il

    Sa voix était très douce. On avait l’impression qu’il essayait de me séduire. C’est alors que j’eus LE réflexe et mes deux bras se mirent sur le torse d’Adam.

    -       Dégage !

    Mes bras le repoussèrent aussi loin que possible et apparemment, je ne contrôlais pas ma force. Il vola contre le mur.

    -       Hé ! Doucement ! s’exclama Adam. Je ne t’ai rien fait !

    Mon père vint près de moi et mis mes bras de chaque côté de mon corps.

    -       Ce n’est que le Prince Adam.

    -       C’est ton fils … ?

    -       En quelque sorte… me répondit-il, baissant le regard.

    -       Comment ça ?! On ne peut pas être en quelque sorte père d’un enfant !

    Je regardai Adam qui se redressa et qui me fixait également.

    -       Eh bien, il est l'héritier de mes 3 fils.

    -       Non attends... Il est mon frère comme Sasha ?!

    Je commençai à avoir peur. Mon cœur battait à tout rompre. S'il s'avérait qu'Adam était mon frère, ça allait devenir un plus compliqué que prévu notre histoire.

    -       Non, il n'est pas ton frère comme Sasha l'est. Sasha est le fils que j'ai eu avec la Reine des Démons.

    -       Oh. Et lui, c'est qui alors ?

    -       Le fils de la Reine qu'elle a eu avec un autre homme puissant. Malheureusement mort.

    -       Et donc tu l'a en quelque sorte adopté...

    -       Oui, on peut dire ça comme ça.

    -       Et pourquoi c'est lui ton héritier alors que c'est un Bâtard ?

    -       Alexiel ! s'exclama ma mère.

    -       Quoi? C'est vrai. Il n'a pas de sang royal à la base.

    -       Si de la Reine, intervint l'un des gardes.

    -       La Reine ne l'est que par alliance, lui fis-je remarquer.

    -       Toi aussi tu es une Bâtarde ! ricana le garde en question.

    J'exerçai alors mon pouvoir sur lui. Il écarquilla les yeux et se mit à pleurer, la tête dans les mains.

    -       Mes parents sont tous les deux issus de la plus haute lignée royale. Je suis juste issue des deux camps. Alors maintenant, ne parle pas sans savoir. Surtout maintenant que tu sais de quoi je suis capable. Même en étant Bâtarde. Si je veux, je peux faire en sorte que tu sois persuadée d’être une fillette de 6 ans toute ta vie… Alors, la ferme.

    Puis je le relâchai. Il resta dans sa position quelques temps. Je n'y étais pas allé de main morte en même temps.

    -       Alexiel, ma mère à épouser m…notre père (je tiquai lorsqu'il prononça ce mot) alors que tu n'étais pas née et lui a ainsi donné 2 enfants. Mais notre père est tombé fou amoureux de ta mère et lui a fait un enfant, toi. Ma mère était elle aussi amoureuse d'un autre homme, mon véritable père, mais hélas, il fut assassiné salement par son propre frère, qui convoitait également ma mère. Quand elle a appris que tu étais née, elle t'offrit ceci.

    Il montrait la gourmette que j'avais toujours au poignet depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. Nous lui avions juste rajoutée plusieurs boucles pour qu’elle soit à ma taille. Je ne savais pas que c'était un cadeau de la Reine.

    -       Tu rigole j’espère...

    -       Pas du tout. Elle était ravie que mon père ait eu une enfant d'une femme qu'il aimait.

    -       Et j'affectionne énormément cette femme. Je lui dois tout le respect du monde. Elle est très courageuse d'avoir supporté mon amour pour une autre mais surtout le décès de celui qui lui était cher.

    -       Ça aurait quand même été cool de me dire que j'étais une enfant hors-union. Et que l’histoire de ma famille ressemble plus aux feux de l’amour qu’à une histoire mystique…

    -       Oui mais cela n'empêche pas que de mes 4 enfants, c'est toi la plus puissante.

    -       Et la dernière à ce que j'ai compris.

    -       Aussi.

    Adam posa une main sur mon épaule. Je la lui dégageai tout de suite.

    -       Alexiel, ne fait pas ta mauvaise tête. Ce n'est pas comme si ton frère était une mauvaise personne.

    -       Oh non. Il n'y a aucun problème.

    -       Tu es sûre ? me demanda mon père, quelque peu sceptique.

    -       Oui. Et puis, génétiquement, ce n’est même pas mon frère alors…

    Puis je partis. Je ne voulais plus voir le regard d'Adam pesé sur moi. Je sortis dans le jardin et me posa sur la dalle en m'allumant en cigarette.

    -       Ce n'est pas bon pour la santé de fumer, Princesse...

    Je me retournai et vis un des gardes.

    -       Je sais. Mais je pense que je ne suis plus à ça près.

    Il s'assit à côté de moi et s'en alluma une aussi.

    -       Je croyais que ce n'étais pas bon pour la santé.

    -       Je ne suis plus à ça près. Je suis censé être immortel je vous rappelle.

    -       Moi aussi.

    -       Ce n’est pas faux.

    -       Avec tout ce qui s'est passé, je n'ai pas eu le temps de faire votre connaissance à vous deux.

    -       Oui, d'ailleurs, vous avez tout de même réussi à martyriser mon ami.

    -       Navré. Il m'a cherché.

    -       Certes. Je m'appelle Adel.

    -       Je ne t’ai pas demandé ton nom mais ravi Adel… D’ailleurs, Adel… 

    -       Oui ?

    -       Ce n'est pas un prénom de fille ça?

    Il me regarda avec de grands yeux. Apparemment j'avais dit quelque chose qui ne fallait pas.

    -       C'est mixte dans notre monde, me répondit-il, comme s’il était exaspéré par mon ignorance.

    -       Ah... bah désolé, m’excusais-je à peine, me fichant de ce qu’il puisse penser de moi.

    -       C'était le prénom de ma mère à vrai dire. Mais elle est morte en couche. Mon père m'a ainsi donné son prénom. En hommage.

    -       Oh... Je suis désolée... m’excusais-je de nouveau, cette fois-ci, le pensant vraiment. Ça doit être dur de n’avoir jamais connu sa mère …

    -       Vous n'avez pas été gâtée vous non plus, Princesse. Séparée à l'âge de 4 ans de vos 2 parents et puis les retrouvez qu'après 14 longues années d'absence, c'est dur aussi.

    -       Oui. Et puis aussi découvrir que j’ai 3 grands frères dont un que…commençais-je à lui conter mais je m’arrêtai net, de peur d’en dire trop. Dis-moi, tu es bien à mon service?

    Changement de sujet parfait.

    -       Bien sûr Princesse. A votre père techniquement. Mais vous êtes sa fille, je me dois donc de vous protégez également.

    -       Bien mais là, je vais te demander juste un petit truc.

    -       Quoi donc?

    -       Arrête de me vouvoyez et surtout, de m’appeler Princesse.

    -       Je ne peux pas...

    -       Bah va falloir te forcer. Mes 2 menteurs et cachotiers de parents m’ont donné un prénom pas commun qui est Alexiel et j’y tiens. Donc, appelle-moi comme ça.

    -       Ça va me faire bizarre.

    -       M'en fiche. Allez, va s'y...

    -       Bien, Alexiel.

    Il me sourit et je lui renvoyai. Nous parlâmes après, de son histoire, puisque la mienne était en l’occurrence connue de tous. Il me raconta comment son père l'avait élevé après la mort de sa mère. Et comment il était rentré au service de mon père.

    -       Alexiel!

    -       Ah! Le devoir m'appelle... dis-je à Adel, un sourire aux lèvres.

    -       Est-ce que je peux te poser une question? me demanda-t-il.

    -       Bien sûr.

    -       Es-tu amoureuse du Prince ?

    -       Du Prince ?! Lequel… ? lui demandais-je, même si je me doutais de la réponse.

    -       Le Prince Adam.

    -       Excuse-moi, je vais sûrement te paraître insultante, ou peut-être même irrespectueuse mais cela ne te regarde en aucun point. Contente-toi d’assurer ma sécurité et celle de mes parents et tout le monde sera content.

    -       Je pensais que nous nous entendions bien…

    -       Nous nous entendons bien. Mais nous ne sommes pas proches pour autant. Et encore moins des amis… Donc mes sentiments à l’égard du Prince Adam ne te concernent absolument pas.

    -       Navré. Mais un simple non aurait été un léger espoir…

    Je n'eus pas le temps de lui demander pourquoi il venait de dire cela alors que je venais tout de même de l’envoyer dans les roses que Gabrielle vint me chercher.

    -       Il y a Adam qui veut te voir.

    -       Ça ne peut pas attendre ?

    Elle me regarda et je compris. Apparemment non. Je me dirigeai alors vers la maison pour le rejoindre. Il se trouvait sur la terrasse et profitait du soleil.

    -       Qu'est-ce que tu me veux ? soufflais-je, le souffle légèrement coupé par sa beauté et surtout parce que mon cœur battait à tout rompre de nouveau.

    -       Te parler.

    -       Comme c'est étonnant. Du fait qu'on est presque frère et sœur par exemple ?

    -       Ce n'est pas du tout le cas. Nous sommes tous les deux des héritiers. Moi de l'Enfer et toi des deux. Nous n'avons aucun lien parenté.

    -       Tu as été élevé par mon père... lui dis-je, amèrement.

    -       Certes... Mais...

    -       Il n'y a pas de « mais ». Mon père t'a élevé, c'est comme si tu étais mon frère. Ça ne sert à rien de trouver des excuses, cela n’est en aucun cas de ta faute. Après tout, je n’étais pas née lorsque tu as vu le jour…

    -       Je n'essaye pas d’en trouver Alexiel. Je ne veux juste pas te perdre pour une stupide histoire de... je ne sais même pas de quoi d'ailleurs.

    -       Du fait que mon père t'ai élevé et que tu sois l'héritier de l'Enfer. Ecoute, je ne vais pas t’en vouloir pour les erreurs que mon père a commises par le passé. Et le fait que j’en fasse partie n’est en rien ta faute. Alors ne te justifie pas, lui répondis-je, mettant ma main sur sa joue, touchée par le fait qu’il me dise qu’il ne voulait pas me perdre.

    -       Alexiel, ne dis pas que tu es une erreur… Tu dois être la plus belle chose qui soit arrivée à cette famille…Et surtout, je crois que je…

    -       Haha... Non, lui dis-je, posant un doigt sur sa bouche. Surtout ne dis pas ça. Je t’en prie…

    Puis je partis. Je savais qu'il me regardait mais je ne me retournai pas, ne voulant pas qu’il voit mes yeux remplis de larmes. Je savais ce qu’il allait me dire mais rien que le fait qu’il prononce ces mots aurait compliqué notre situation qui n’était déjà pas simple. C’est alors que plongée dans mes pensées, quelqu'un posa sa main sur mon épaule, me faisant sursauter et je me retournai. Heureusement, ce n'était qu'Adel.

    -       Tout va bien avec le Prince ?

    -       Oui. Juste une affaire sans importance.

    -       Tant mieux car même s'il est mon Prince, je suis tout d'abord là pour vous... enfin te protéger.

    -       Ce n'est pas Adam qui risque de me faire grand mal… lui répondis-je, tristement.

    -       Ne le sous-estime pas. Il est plus puissant qu'il n'y paraît. Je n'ai jamais vu ça.

    -       Je lui souris. Si seulement il savait. C’est alors qu’Adam passa à côté de nous et me lança un regard qui me fit froid dans le dos. Il pensait que j’étais en train de flirter avec Adel.

    -       Tu n’as pas autre chose à faire, Adel ? demanda Adam à Adel.

    -       Je me dois de protéger Alexiel, mon Prince.

    -       Oh… Alexiel… Je vois.

    Puis il partit, sans même prendre la peine de m’adresser un dernier mot ou un dernier regard. Non, il partit comme ça. Mon cœur se serra tandis que je le regardai s’éloigner.

    -       Alexiel ?

    -       Ne t’en fais pas, Adel. Je suis plus puissante que le Prince, je te rassure… répondis-je toujours dans mes pensées. Adam pensait que je flirtais et donc ne m’adressait plus la parole. Bien.

    -       Pas encore. Tous tes pouvoirs ne sont pas découverts.

    -       Ça ne devrait tarder.

    Il me sourit à son tour. Il était beaucoup plus beau qu'il n'y paraissait. Grand, brun à la peau mate, de grands yeux bien noirs. Typiquement Démon. Mais son sourire semblait être celui d'un Ange. Blanc et doux. Il était beau et cela m’allait être utile. Nous allâmes dans la maison rejoindre les autres.

    -       Alexiel, quelqu'un doit dormir avec toi, me dit mon père, posant sa main sur ma joue, inquiet de ma sécurité et de ma santé.

    -       Je ne suis pas une gamine …

    -       Non mais tu es en danger. Et même tes pouvoirs n'arriveront pas à venir à bout de toutes les personnes qui veulent ta mort. Donc, quelqu'un doit dormir avec toi, me fit remarquer ma mère.

    -       Ah ce moment-là, Gabrielle et Avril devrait également avoir besoin d'une protection. Elles sont encore plus vulnérables que moi…

    -       C'est pensé, ne t'inquiète pas. Adel dormira avec toi, me dis mon père, un sourire aux lèvres.

    Je me retournai sur lui. Il était impassible. Comme si dormir avec une fille ne le dérangeait pas plus que ça.

    -       Très bien mon Roi, se contenta-t-il de répondre, s’inclinant légèrement.

    -       Ah parce qu'en plus je n’ai pas le droit de choisir ?! m’exclamais-je.

    -       Alexiel, nous ne sommes plus à ce stade. Te protéger est devenu une priorité. Qu'importe avec qui, m’expliqua mon père.

    -       Eh bien, si c’est la règle... Adel, tu peux aller déposer tes affaires dans sa chambre. Je pense que tu vas y rester pas mal de temps.

    Il s'exécuta.

    -       Sinon, je peux aussi dormir avec elle. Je suis nettement plus puissant qu'Adel, dit Adam, s’incrustant dans la conversation.

    Je ne me retournai pas, cela lui aurait fait trop plaisir que je remarque sa présence et puis même, je ne voyais pas pourquoi je devrais lui accorder mon attention vu comment il s’était comporté il y a quelques instants.

    -       Non, Adel suffira amplement, lui répondis-je sans même le regarder.

    Il me saisit par le bras mais je me retirai assez violemment. Les autres avaient remarqué mon geste mais personne ne le fit remarquer. Tant mieux, je n'étais pas d'humeur. Je montai dans ma chambre pour rejoindre Adel.

    -       Ça va ? Tu trouves de la place ? lui demandais-je, poliment

    -       Oui, il n'y a pas de problème. C’est gentil de demander.

    Il déposa un futon par terre et mis son sac à côté.

    -       Voilà !

    -       Ça fait un peu lit de fortune.

    -       Oui mais ce n'est pas le plus désagréable ma foi.

    Je ris. Il semblait tellement sérieux que cela en devenait drôle.

    -       D'accord, d'accord. Je vais te laisser avec ton lit de fortune si confortable alors.

    J'allai m'allonger sur mon lit et il commença à partir.

    -       Tu peux rester tu sais. Je ne mords pas.

    -       Tu veux peut-être ton intimité… me répondit-il, tout timide.

    -       Pff tu parles ! Je ne suis pas la plus chiante des filles côté intimité !

    -       Ça ne te dérange pas ?

    -       Puisque que je te le propose. Si je dois partager ma chambre avec quelqu'un, autant que je le connaisse ! Nous pourrons peut-être ainsi dire que nous nous apprécions.

    -       D'accord.

    Il s'assit en face de moi et se mit en tailleur en face de moi.

    -       Tu veux qu'on parle de quoi ? me demanda-t-il.

    -       Je ne sais pas... Parle-moi de toi.

    -       Je pense que tu sais à peu près tout. Je suis né sans ma mère, élevé par mon père de façon normale et j'ai intégré la garde royale à l'âge de 18 ans.

    -       Tu as quel âge maintenant ?

    -       J'ai 22 ans.

    -       En âge Démon ?

    -       22 ans.

    Il me fit un immense sourire.

    -       Tu me prenais pour un vieux de combien de siècles ?

    -       Non mais... non ! Je ne savais pas si voilà quoi...

    -       Non non, j'ai 22 ans. En âge Démon comme Humain.

    -       Ouais mais mes parents ont bien 70 ans !

    -       Oui mais tes parents sont tous les deux des Divinités. Ils ne vieillissent pas comme nous. C'est différent.

    -       Trop de choses sont différentes, je m’y perds. Un coup c’est d’une telle façon, un coup, c’est d’une autre. Tous ces modes de fonctionnements me rendent folle. C'est mon monde, ma culture et je ne les connais même pas...

    Je baissai la tête attristée. Il se rapprocha de moi et me prit les mains.

    -       Tu les connaîtras un jour. Tes deux mondes.

    -       J'espère...

    C'est alors qu'il eut un geste étonnant. Il me prit dans ses bras. Mais se dégagea immédiatement.

    -       Navré Alexiel mais tu suscite tellement de douceur et de gentillesse que l'on a envie de te prendre dans ses bras...

    Il semblait le plus gêné possible, il ne me regardait même plus.

    -       Je n'ai pas dit que je ne voulais pas...

    Il releva la tête, les yeux écarquillés. De nouveau de la comédie.

    -       Bah quoi ? Princesse d'accord mais bon, de l'affection ça ne fais jamais de mal !

    -       Oui mais je suis ton garde.

    -       Oui mais je m'en fiche. C'est bon quoi. Adam, votre Prince, est bien le fils d'une simple noble qui est devenue la Reine par l'alliance qu'elle a eu avec mon père. Ce qui me fait très bizarre d'ailleurs.

    -       Certes. Mais ton père, mon Roi (il se sentait obligé de le préciser) est amoureux de votre mère.

    -       Qui n'est pas sa Reine.

    -       Mais qui est une des prétendantes au trône du Paradis.

    -       C'est vrai que j'ai quand même 12 tantes...

    -       11 en réalité. Tu as un oncle aussi. Le premier de la fratrie.

    -       Ah bon ?! Tu vois, tu en sais plus sur ma famille que moi ! C'est la honte quand même !

    Il ria. En même temps, c'était vrai, je ne connaissais absolument rien sur ma famille, Démon comme Ange.

    -       Eh bien, cela va changer !

    -       Peut-être... N'empêche que tu ne m'a toujours pas repris dans tes bras, le provoquais-je.

    C'est alors qu'il s'approcha, semblant hésitant. Je me rapprochai à mon tour et me colla à lui. Il se crispa, je me décollai donc mais ses mains me retinrent. Je ne m'attendais pas vraiment à ce qui me retienne. J'enroulai mes bras autour de son buste et posa ma tête dans le creux de son épaule. Il sentait la braise. Le feu de bois. Il était chaud, terriblement chaud. Mais une chaleur agréable.

    -       Si tu restes comme ça, jamais je ne pourrais me retenir...

    -       Hein ?

    Il se pencha au-dessus de moi et me regarda d'une façon dont j'avais rarement été regardée. J'y voyais l'envie que je connaissais bien mais il y avait quelque chose de plus. Il rapprocha son visage du mien alors que moi je ne bougeais pas d'un pouce. Son souffle était chaud, aussi chaud que son corps. C'est alors qu'il déposa un baiser sur mes lèvres avant de se redresser.

    -       De ça...

    -       Oh...

    Il se retira.

    -       Je suis désolé. Je n'aurais pas dû faire ça …

    Je plaquai mes mains sur son cou et pressa mes lèvres contre les siennes. Au début, il était surpris mais au fur et à mesure que j'ouvrais ma bouche, il se pressait contre moi. Il embrassait bien mieux que les Humains mais cette légère pression qu’il exerçait gâchait la chose. Il se retira, collant son front au mien.

    -       Ouah... C'est rapide ?

    -       Bah si je meurs demain, il vaut mieux que j'en profite. Et autant que ça soit avec toi plutôt qu'avec un autre.

    Il sourit et repris notre baiser. Apparemment, cela allait plus facile que prévu…

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Chapitre 6

    6.

     

    Prise d’une fringale, je descendis.

    -       Alors c'était bien ?

    Je sursautais, surprise. J’allais réellement finir par faire un arrêt cardiaque si tout le monde me prenait par surprise sans arrêt. C’était encore Adam. J’avais une partie en moi qui mourrais d’envie de lui sauter dessus et de lui arracher ses vêtements, qu’il m’embrasse jusqu’à ce qu’on n’ait plus de souffle, je mourrais d’envie d’être avec lui. Mais il y avait cette autre partie qui me disait que cet amour n’augurerait rien de bon. Mais à côté de l’autre partie, celle-ci n’était qu’infime. Mais je me laissai aller et repris mon masque de fille désagréable et indifférente à ses charmes. Indifférente à l’influence qu’il avait sur moi et sur le contrôle que j’avais sur lui.

    -       De ? lui demandais-je, feignant l’ignorance.

    -       Bah le baiser…

    Ok, il était au courant et un malaise me parcourut. Je m’en voulais d’avoir fait ça. Je montai donc dans ma chambre en trombe, rejoignant Adel et laissant Adam seul avec lui-même.

    -       Qu'est-ce qui se passe ? me demanda-t-il, s’approchant de moi et me prit dans ses bras, naïvement.

    -       Adam est au courant... me contentais-je de répondre, avec l’envie de retirer ses bras d’autour de mon buste. Ça me donnait des frissons. Et pas ceux que j’avais lorsque c’était Adam qui me touchait.

    Là, il me regarda avec une drôle d'expression. Comme de la satisfaction mélangée à de la peur. Adam était adossé au pas de la porte.

    -       Vous êtes choux.

    -       Ta gueule, lui répondis-je, me retournant, sans pouvoir me retenir.

    -       Tu n'as pas le droit, me répondit-il, s’approchant à son tour.

    -       Il n'y a aucune règle qui l’interdit.

    -       Non. Mais...

    -       Bah non, tu te tais. Si j'ai envie de sortir avec Adel, je fais ce que je veux.

    -       Ton père serait ravi.

    -       Mon père n'a rien à dire. Je suis majeure au rappel.

    Nous étions maintenant presque collés l’un à l’autre. Je sentais la chaleur de son corps et ses mains frôlaient les miennes. Ce n’est qu’au bout de quelques instants que je me rendis compte qu’en réalité, il était en train de me caresser les mains. Mais sans même dire un mot, il me regarda tristement et partit. Je repris alors mon souffle, qui était coupé sans même que je ne m’en rende compte. Il avait forcément vu ce que je ressentais pour lui. Il devait forcément le savoir.

    -       Tu n'as pas peur qu'il dise quelque chose ? me dit Adel, m’interrompant dans mes pensées.

    -       Non. Il ne dira rien, je te rassure, me contentais-je de répondre, sans prendre la peine de le regarder, le regard juste fixé à l’endroit où se trouvait Adam quelques minutes auparavant. Adel me saisit par la taille et huma mon odeur dans mon cou, ce qui me dégoûta. J’avais envie de lui dire de dégager pour que je puisse rejoindre Adam. Surtout que je sentais qu’il n’était pas franc non plus dans cette histoire.

    -       Euh... Je n’apprécie pas trop ça… lui dis-je, même si en réalité, ça me rendait folle. Mais pas par lui.

    Il posa ses mains sur mes cuisses et me les caressa. La première pensée qui me vint à l’esprit fut de le pulvériser pour oser me toucher de la sorte mais après tout, c’est moi qui l’avais cherché en voulant rendre Adam jaloux.

    -       Tu vas mieux ? me susurra-t-il.

    -       Je n’allais pas mal. Tu peux enlever tes mains de là…

    -       Oh déjà…

    Alors qu’il commençait réellement à m’énerver, j'entendis quelqu'un au pas de ma porte, ce qui sauva la jolie petite tête d’Adel. Je me retirai immédiatement et Adel se posa sur son futon. La personne en question frappa.

    -       Alexiel ? Je peux rentrer ?

    -       Bien sûr viens !

    Gabrielle rentra alors dans ma chambre et regarda Adel, comme si elle ne voulait pas qu'il soit là. Je sentais le malaise de Gabrielle et lorsqu’un Ange a ce genre de malaise intérieur, ça n’engage rien de bon.

    -       Je peux te parler ? me demanda-t-elle, légèrement nerveuse.

    -       Oui. Adel ?

    Il se leva et partit. Il me frôla tout de même le bas du dos avec ma main. Une sorte de caresse, ce qui me procura les mêmes mauvais frissons que tout à l’heure. Gabrielle s'assit sur mon lit et commença à jouer avec son pull. Ce n'était pas bon signe.

    -       Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

    -       Tu n’as pas lu dans mon esprit ? s’étonna-t-elle.

    -       Non. Je n’y ai pas réellement pensé…

    -       D'accord... Il y a quelqu'un qui me plaît.

    -       Ah bon ?! Qui est l’heureux élu ?!

    -       Oui... mais le dis à personne !

    -       Bah bien sûr. C'est tellement mon genre de cafter...

    -       Oui c’est sûr que je peux réellement avoir confiance en toi…

    -       C’est qui alors ??

    -       Tu le connais....

    -       Mais encore …

    -       C'est Evan...

    -       EVAN ?! m’exclamais-je, choquée par cette révélation qui devait certainement être la plus inattendue de ma vie, avec le fait que j’ai des frères.

    Gabrielle sauta sur moi et me mit la main sur la bouche.

    -       Heureusement que je t'ai demandé d'être discrète !

    -       Excuse-moi mais c'est tellement gros ! Tu ne pensais pas que j’allais rester impassible tout de même.

    -       Oui bah ça va hein … Je n'y peux rien.

    -       Mais depuis quand ?

    -       Eh bien à un moment, il est venu te voir mais tu étais... dans le coma. Je lui alors dit que tu n'étais pas là et on restés parler. Il est cultivé c'est fou ! Et on a également parlé du fait que tu sois … mi- Ange, mi- Démon et il m'a demandé si moi aussi. Je lui ai dit que je n'étais qu'un Ange basique. Et là, il m'a regardé avec des yeux tellement gentils !

    -       Euh... Tu parles de mon Evan là... ça me fait bizarre.

    -       Oui je sais. Mais je voulais savoir si tu étais d'accord...

    -       D'accord de ?

    -       Bah que voilà quoi...

    -       Que vous sortiez ensembles ?

    -       Oui...

    Elle semblait tellement timide que cela en devenait mignon.

    -       Euh écoute... je n'ai pas vraiment mon mot à dire là-dessus. Evan et toi faîtes ce que vous voulez...

    -       Oui mais c'est ton meilleur ami et...

    -       Et ?

    -       Bah il y a toujours quelque chose entre vous deux...

    -       Après que je lui ai sauvé la vie, forcément qu'il y a un lien qui se créé Gabrielle. Mais ce n'est ni plus ni moins de l'amitié. Certes très forte mais une amitié quand même...

    -       Sa vie et celle de sa famille...

    -       En plus... Gabrielle, tu fais ce que tu veux. Mais en tout cas si tu sors avec Evan, je ne pourrais qu'être heureuse. Il est l'homme parfait pour toi.

    -       Merci...

    Elle m'embrassa sur la joue et partit. Ce bisou m'étonna mais je souris. Même si elle pouvait être insupportable, depuis qu'elle savait que je pouvais mourir à chaque instant, son attitude avec moi avait changée du tout au tout. Gabrielle et Adel se croisèrent et le regard qu’elle lui lança m’impressionna. C’est la première fois que je lisais cette expression sur son visage. Quelque chose se tramait avec lui, c’était certain. Et je crois que j’avais deviné la source du problème. Adel rentra de nouveau dans ma chambre.

    -       Je peux... ?

    Je lui fis signe que oui. Il s'assit derrière moi et me prit dans ses bras. J’étais mal à l’aise et je ne voulais surtout pas que l’on m’oppresse. Et apparemment, il ne l’avait pas compris. Il n’arrêtait pas de me serrer contre lui et la chaleur que son corps produisait devenait étouffante et mon côté Démon réagit. Il n’y avait qu’une seule raison pour laquelle la chaleur que notre corps produisait devienne tellement étouffante. La manipulation et le stress que cela échoue. Désormais, j’avais ma réponse. Nous nous manipulions mutuellement. 

    -       Je suis désolé mais j'ai entendu la conversation.

    Je me retournai et le fixais dans les yeux, certainement méchamment vu la tête qu’il fit juste après.

    -       Ah ?

    -       Je ne dois pas rester loin de toi au cas où.... s’expliqua-t-il.

    -       Oui je comprends... me contentais-je de répondre, sachant que ce n’était pas que pour ça.

    -       Que s'est-il passé avec cet Evan ?

    -       C'est-à-dire ?

    -       J'ai entendu que tu lui avais sauvé la vie ainsi que celle de sa famille...

    -       Oui...

    -       Tu veux bien me raconter ?

     

    (….)

    6 ans auparavant

     

     

    -       Alexiel !

    Je vis Evan qui courait vers moi. Ses cheveux bruns lui volaient dans la figure. Je courrai vers lui et lui sauta dans les bras. Il était mon meilleur ami et j'avoue volontiers que j'avais un faible pour lui. Mais bon. Je préférais le savoir mon ami plutôt que mon petit-ami.

    -       Tes parents t'ont laissé jusqu'à quelle heure ? me demanda-t-il tout enjoué

    -       J'ai le droit jusqu'à 20h30. Après mon père veut que... je travaille.

    -       Mais on est Vendredi !

    -       Je suis une brêle en maths et en physique. Donc bon. Il faut que je comble mes lacunes apparemment !

    -       Tu as … 20 de moyenne en sport. En gym, escalade et piscine. Je n'ai jamais vu ça !

    -       Oui mais le sport ne fait pas tout. Dommage...

    Il me sourit et m'attrapa par les épaules. A vrai dire, je devais rentrer à cette heure-ci pour aller m'entraîner avec Aaron, qui n'était pas mon père. Mais il fallait bien mentir. Comment expliquer mes origines ? De plus que je n'avais pas vu mes vrais parents depuis mes 4 ans. Et j'en avais 13. Nous passâmes notre temps au parc et comme à chaque fois, Evan me demandait de réaliser des prouesses tel que réaliser un salto en me lançant sur un arbre ou encore marcher sur mes deux mains, ce que je trouvais plutôt ridicule mais Evan semblait trouver ça plutôt marrant, sauf lorsqu’il s’essaya au même exercice et qu’il tomba immédiatement sur le dos. Je rigolai avant de l’aider à se lever et de vérifier qu’il n’avait rien. Ce n'est pas comme si je n'étais pas habituée. Mais l'heure de rentrer arriva. Trop vite à mon goût.

    -       Bon... Je dois rentrer chez moi !

    -       Ton père ne voudra pas que tu rentres un peu plus tard ?!

    -       Oh non ! Tu le connais. Les horaires c'est les horaires !

    Surtout lorsqu'il s'agissait de mon entraînement. Evan me raccompagna alors jusqu'à chez moi et une fois arrivé devant, il me prit dans ses bras pour me dire au revoir. Lorsque je rentrai, il y avait Gabrielle qui regardait la télé.

    -       Maman ! Y'a l'autre !

    -       La ferme la naine, lui lançais-je, froidement, sans prendre la peine de la regarder.

    Gabrielle n'avait que 2 ans et demi de moins que moi mais elle était plutôt petite par rapport à moi. Elle m'était insupportable et j’espérais que ce n’était réellement qu’à cause de son âge…

    -       Les filles, on ne va pas commencer... souffla Sara, lasse de nos disputes quotidiennes.

    Aaron arriva et déposa un baiser sur mon front. Lui par contre était grand. Très grand.

    -       Nous mangeons d'abord et après on s'entraîne.

    -       D'accord.

    Sara nous avait préparé un délicieux repas. Elle me demanda comment mon après-midi s'était passée. Je lui racontai à peu près tout. Puis il arriva le moment de s'entraîner. Aaron me traîna dehors et commença à m'entraîner. Soudain, en plein milieu, quand je commençais à être vraiment crade, une lumière anormale brillait. Avec de la fumée. Beaucoup de fumée. Je me redressai et cru que j'allais hurler.

    -       C'est vers chez Evan !

    Je montai tout en haut du mur et là, j'en eu la certitude, il y avait le feu chez Evan. Je descendis et partis dans une course infernale avec le temps. Evan était en danger. Je n'avais même pas entendu Aaron m'appeler. Il n'avait même pas réussi à me rattraper. J'utilisais au maximum mon endurance de Démon. J'arrivai enfin la maison d'Evan. Les gens étaient tous devant, en train de regarder le spectacle mais personne ne faisait grand-chose.

    -       Et les pompiers ?!

    -       Ils arrivent petite. Reste là, c’est dangereux le feu.

    L'homme me prit par les épaules mais je me retirai rapidement. Il ne manquait plus que ça, un imbécile qui me parle comme si j’étais une gamine.

    -       Ils n'arriveront pas assez vite...

    -       Mais tu ne peux rien faire alors reste près de moi !

    -       Tu n'es pas mon père...

    -       Et s'il était là ?!

    -       Ça ne risque pas.

    Je fonçai dans la maison en feu. Les gens derrière moi crièrent mais aucun ne me rejoins. Les humains étaient vraiment des lavettes. La fumée me gênait mais pas plus que ça. Mes yeux s'habituèrent en fait. A mon passage, les flammes s'écartèrent. Je regardai autour de moi. Toutes les flammes restaient sur les côtés, sans me toucher. Comme si elles savaient que j'étais aussi de l'Enfer.

    -       EVAN !

    J’appelais son nom. Je hurlais son nom. Personne. Je recommençai.

    -       EVAN ! QUELQU'UN ?!

    J'entendis alors quelqu'un tousser. Je me dirigeai vers le bruit et vit que c'était sa petite sœur. Elle était à la limite de l'asphyxie.

    -       Emmanuelle...

    Elle couina. Ses poumons étaient pleins de fumée noire. Je la pris contre moi et l'emporta dehors. Je vis alors Aaron.

    -       Alexiel...

    -       Je dois le sauver. Je dois les sauver. Prends-la... Je t'en prie...

    Il me regarda et vint prendre Emmanuelle. Je pénétrai de nouveau dans la maison.

    -       EVANNNNN !!!!!!

    -       Ici...

    C'était une voix faiblarde. Très faible. Je me rapprochai et le vit, couvert de suie. Il était devenu noir charbon.

    -       Evan ! Est-ce que tu es tout seul ?!

    -       Non... il y a ma sœur... réussit-il à peine à articuler.

    Je venais de sauver sa petite sœur donc elle était déjà écartée.

    -       Et tes parents ?

    -       Ils... ne sont pas là …. Pour une fois qu’ils sortaient…

    Je le pris contre moi et les flammes s'écartèrent de nouveau.

    -       Comment tu fais... ça ?

    -       De ? lui demandais-je, essayant de feindre l’étonnement.

    -       Les flammes... elles disparaissent... Elles ne te touchent pas...

    -       Tu hallucine mon pauvre. Ça ne te réussit pas la fumée...

    Je dis ça de façon ironique alors qu'au fond, j'avais envie de pleurer de le voir dans un tel état. J'avais mal et peur de le perdre. Il n'arrivait presque pas à marcher tout seul et je devais l'aider à aligner un pas devant l'autre. Il ne cessait de tousser.

    -       Je n'arrive pas à respirer Alex...

    -       Oui attends...

    Je le posai à terre et m’agenouillai en face de lui.

    -       Ça va aller Evan ?!

    -       Oui... J'ai juste du mal à respirer avec toute cette fumée... Pas toi ?

    -       En réalité, non pas du tout. J'étais tout à fait à l'aise même avec toute cette fumée autour de nous. Mais je dû lui mentir quand même.

    -       Si mais pour toi, je dois bien tenir... Tu n'arrives même pas à aligner un pas correctement.

    -       Ne te moque pas...

    -       Oh non...

    Je ne pouvais pas me moquer, j'avais trop peur pour lui. Mais à partir du moment où je restais près de lui, les flammes ne le toucheraient pas. Je le redressai.

    -       Allez, vient. Il ne faut pas rester ici.

    Nous continuâmes d'avancer et lorsque nous sortîmes, Aaron nous attendait. Emmanuelle se trouvait allongée à côté de lui. Je déposai Evan.

    -       Allonge-toi...

    -       Merci Alex...

    Il se laissa aller. Il tomba dans les pommes près de sa sœur, sa main entre les miennes. Je pus enfin pleurer. Aaron me plaqua contre lui.

    -       Chut... Ne pleure pas ma Princesse…

    -       Il a failli mourir Aaron... J'ai failli perdre mon meilleur ami.

    -       Mais tu l’as sauvé. Et ça, c'est une dette éternelle. Il te rendra certainement l'appareil, me rassura-t-il, prenant mon visage entre ses (grandes) mains.

    Je ne faisais que pleurer. Je n'avais pas envie qu'il essaye de me sauver au péril de sa vie sachant que moi, il y avait très peu de chance pour que je meurs. Evan était humain. Fragile. Il ne pouvait pas me défendre. Ou peut-être armé et encore, je n’étais pas sûre du résultat.

    -       Je ne veux pas qu'il me rende un service pareil. Je ne veux plus qu'il soit en danger.

    -       Ne t'inquiète pas...

    Par la suite, les pompiers arrivèrent enfin et nous félicitèrent, Aaron et moi, pour avoir sauvé les deux enfants. Les gens me regardèrent bizarrement, évidemment. Ils devaient sûrement penser que je n'avais pas pu m'en sortir sans ruse. Ou alors que je n'étais pas normale. Sur ce point de vue, je ne pouvais pas trop la ramener. Je n'étais pas Humaine.

     

    (…)

     

    -       Et voilà... Tu sais tout. Depuis ce jour, les gens me regardent toujours de travers. Et encore plus en grandissant.

    -       Les Humains sont si peureux que ça ?

    -       Tu n'imagines pas à quel point...

    -       Eh bien... Je ne pensais pas à ce point. Nous, en Enfer, la personne qui en sauve une autre est félicitée plus qu'il n'en faut. Et personne ne la regarde bizarrement.

    -       Les Humains sont froussards. Lorsqu'il arrive quelque chose ou quelqu'un qui n'est pas conforme à leurs règles, cette chose ou cette personne est rejetée par leur société et n'a pas moyen de s'intégrer. La différence est interdite ici. Jamais il ne faut penser le contraire que la plupart des gens sinon cela est signe de rébellion ou tout simplement du fait de vouloir que l'on parle de lui.

    -       Tu n'as pas l'air de beaucoup les aimer.

    -       Pas vraiment. Du moins la race Humaine. Voilà, tu sais tout.

    -       Effectivement, il te doit une fière chandelle...

    Il me serra contre lui et m'embrassa dans le cou. Cette « relation » n’augurait rien de bon, je le savais. De toute manière ce n’était pas une relation réelle à ce que j’avais pu ressentir. Cette proximité qu’il tentait d’avoir m’énervait et il fallait que j’en finisse au plus vite avec les mensonges. Après tout, je n’avais pas ce qu’on pouvait appeler des sentiments pour lui. Juste un très infime attachement. Je le trouvais sympathique mais étouffant. Je me risquai donc à poser les questions.

    -       Dis-moi, tu as eu beaucoup de copines dans ta vie ?

    -       Est-ce que je dois vraiment répondre... ?

    -       Oui, lui répondis-je, sèchement.

    -       Bien. Ne m'en veux pas d'être sincère alors ! Oui, j'en ai eu et pas qu'un peu...

    -       Ah ouais ?!

    -       Bah écoute, être dans la garde royale, ça a quand même ses avantages...

    -       Et plusieurs en même temps ?

    -       De temps en temps oui...

    -       Eh ben... On ne chôme pas en Enfer dis-moi.

    -       Non mais ne va pas croire que je suis comme ça encore maintenant ! J'ai mûri depuis. J'étais jeune et insouciant. Bon j'ai eu encore des aventures après mais une à la fois à chaque fois, je te jure...

    -       Ouais bah espérons pour toi …

    -       Je n'oserais jamais te tromper, tu es trop importante...

    -       Point de vue pouvoir, c'est clair que je suis importante... finis-je par dire, espérant la réaction que j’espérais.

    -       Oui... me répondit-il, légèrement sur la défensive.

    -       Encore une chose, tu sors avec moi justement grâce à ce fameux pouvoir ?

    Là, il devint carrément translucide. Je savais que j'avais touché une corde sensible. Tout homme de la cour avait un faible pour le pouvoir. Et je savais qu'à présent, ma méfiance était fondée. Au moins, je ‘avais pas à avoir des remords sur le fait que je l’ai manipulé.

    -       Alors ? appuyais-je, laissant mon impatience prendre légèrement le contrôle.

    -       Pourquoi me poses-tu une question pareille ?

    Je me redressai et lui fit face, me mettant au maximum en valeur.

    -       Je te rappelle que je suis une Princesse, une des plus puissantes depuis des siècles, et le souci pour toi, c’est que je ne suis pas non plus la plus stupide. Donc il faut bien que je remette en question les attentions de chaque personne qui me côtoie de près. Alors ?

    -       Il est vrai que tu es puissante...

    -       Donc tu es bien intéressé par mon pouvoir...

    Il me saisit par les hanches et se colla à moi.

    -       Alexiel...

    -       Ne t'inquiète pas. Tu me seras toi aussi utile...

    -       C'est-à-dire ?

    -       Tu veux de l'importance et moi, je veux rendre jaloux quelqu'un. Chacun son compte...

    Il me regarda d'un air dubitatif mais pas désintéressé.

    -       Continue...

    -       Hé bien vois-tu, j'ai envie de rendre quelqu'un jaloux et toi, tu es intéressé par le pouvoir, par ma puissance. Et bien je peux te proposer un deal.

    -       Je t'écoute...

    Mon regard se changea instinctivement.

    -       Cela concerne Adam.

    -       Tu l'aime ?

    -       Non, mentis-je, mais je veux lui rendre la monnaie de sa pièce.

    -       Donc... ?

    -       Faisons semblant de sortir ensemble et tout ce qu'il en suit et en échange, je te garantis protection. Et pour ce qui est de la puissance, nous verrons cela si tu remplis correctement la première condition. Si c’est le cas, je joindrais mes forces aux tiennes en cas de besoins. Mais cela qu'en cas d'urgence. En gros quand tu seras à deux doigts de mourir, bah tu ne crèveras pas parce que je serais là. Ça te va comme marché ?

    -       Je vois qu’effectivement, tu es loin d'être une Princesse stupide. Et il est quand même vrai que tu me plais beaucoup.

    -       Oui mais le fait de me séduire et de m'embrasser avait un but bien précis. Heureusement que je t'ai également manipulé.

    -       Je vois que nous avions tous les deux un but précis.

    -       Exactement...

    Soudain, j'entendis un bruit. Quelqu'un se trouvait derrière la porte. Je fis signe a Adel de se taire et me rapprochai délicatement. Depuis que j'avais été transformée en Démon, ma démarche se faisait plus gracieuse et surtout beaucoup plus légère et discrète. Il était difficile de m'entendre arriver. Je posai l'oreille contre la porte et ma main sur la poignée. C'est alors que j'ouvris brusquement et me retrouva nez à nez avec Adam. Il me regardait avec de grands yeux ronds et ne savait plus où se mettre. Je restais tout de même le regarder droit dans les yeux.

    -       Oui ?

    -       Je voulais m'assurer que tu allais bien... me répondit-il, timidement.

    -       Si j'ai un garde qui m'a été attitrée, je pense que c'est pour qu'il s'en charge. Non ?

    -       Oui mais...

    -       Mais quoi ?

    -       Puisque vous êtes ensembles à présent, son jugement ne serait certainement pas le même qu'un garde normal.

    -       Occupe-toi de ce qui te regarde veux-tu... J'en ai marre que tu me surveille sans arrêt et en plus pour rien. Que veux-tu ? Que je m'attache à toi ? Me protégée toi-même ? Je n'en peux plus que tu fasses semblant de t'intéresser à moi. Tout ça pour regonfler ton ego. Va-t’en, s’il te plaît… lui dis-je, mon cœur se serrant à chaque parole.

    -       Je suis le Prince je te rappelle, me répondit-il, d’un air hautain.

    -       Tu veux que je te rappelle tes origines … petit Bâtard ? Tu n'as rien de royal...

    Ses yeux devinrent noirs. Mais je le fixais toujours autant. Je ne lâcherais pas la première. Jamais. Pas pour lui. Pas contre lui alors je continuai de le regarder sans baisser les yeux. Mais je sentais ma partie amoureuse de lui se manifester et j’étais quand même à deux doigts de lui sauter dessus.

    -       Fais gaffe à ce que tu dis... me menaça-t-il.

    -       Tu ne peux pas me faire de mal de toute manière. Tu le sais aussi bien que moi… lui répondis-je, lui rappelant ses sentiments envers moi.

    Il se rapprocha de moi mais je ne reculai pas pour autant. On se touchait l'un et l'autre, encore une fois. Je pouvais sentir son corps chaud contre le mien. Ses mains frôlaient les miennes. C’est alors qu’il enroula ses doigts autour des miens et regarda ma main.

    -       Alexiel... 

    -       Pourquoi utilises-tu la télépathie ?  

    -       Écoute, tu sais très bien ce que je ressens pour toi. Pourquoi sors-tu avec lui ? Je te veux pour moi et je sais que tu veux la même chose…  

    -       Adam… Je… Je ne suis pas avec Adel… Je n’ai fait ça que pour te rendre jaloux… Tu vois la fille pitoyable que je suis… Laisse-moi maintenant… Et oui Adam, je ressens la même chose pour toi…  

    Et je lui coupai l'accès à mon esprit. Étant donné que c'était mon premier pouvoir, je savais parfaitement le maîtriser. Il me regarda avec un air dépité et je fermai la porte. Je m’appuyai à elle et laissa les larmes couler, en silence afin qu’Adel n’en sache rien. Je venais de dire à Adam ce que je ressentais pour lui et je me retrouvai dans ma chambre, avec un autre homme que lui. Une fois que j’eus retrouvé un aspect à peu près correct (les yeux normaux et le nez qui arrête de couler), je retournai dans mon lit. Adel allait se remettre à parler mais je lui intimai de se taire. Il se rapprocha de moi et me retira de la porte, me plaquant ainsi contre lui. J’eus envie de l’envoyer voler contre le mur rien que pour avoir eu le culot de me prendre dans ses bras.

    -       Lorsque nous sommes seuls, tu n'as pas besoin de jouer l'amoureux transi. Reste à ta place, lui dis-je, sèchement.

    -       Appelle ça de la garde rapprochée.

    -       Et toi appelle ça un avertissement. Enlève tes mains de mes hanches.

    -       Bien Alexiel.

    -       Écoute, pour le moment, j’ai juste envie que l’on me laisse tranquille… On verra plus tard si une amitié est possible entre toi et moi.

    -       Je croyais que nous l’étions… plus si affinités.

    -       Ne crois surtout pas que tu as une quelconque chance de m’embrasser de nouveau et de me toucher de nouveau. Et pour ta gouverne, nous ne sommes pas amis mais de simple connaissance.

    -       Je connais pas mal de choses sur toi…

    -       Tu connais des choses que tout le monde sait. Cela ne fait pas de toi un ami. Et puis écoutes, nous avons convenu un arrangement n’est-ce pas ? Alors tiens t’en et tout ira bien. D’ailleurs, pourquoi as-tu voulu mon pouvoir ? Que veux-tu réellement ? Ma protection ? Une de tes ex te mène la vie dure ?

    -       Pas du tout, me répondit-il, tout en bombant le torse.

    -       Arrête de te la jouer virile. J'ai mis à terre en un coup ton pote qui fait le double de ton gabarit. Alors le chevalier servant fort et puissant, tu passes d'accord ?

    -       Tu te fais méchante...

    -       Énervée... je suis énervée.

    -       Pour... commença-t-il

    -       Ta gueule.

    Et je retournai dans mon lit, me mettant sous la couette, comme si cela allait pouvoir me protéger. Ou même me réconforter. Je commençai à m’endormir que lorsque les larmes cessèrent de couler.

     

     

     

     


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    Chapitre 7

    7.

     

    Je fus réveillée en pleine nuit par un cauchemar. J'avais chaud, je transpirais et ma bouche était pâteuse. Adel dormait profondément sur son lit de fortune. Ce qui c'était passé la veille entre nous deux n'avait vraiment rien à voir avec de l'affection mais avec un arrangement mutuel. Je me levai discrètement afin de ne pas le réveillé et allai en bas pour me servir un verre d'eau. La maison entière dormait paisiblement. Pour une fois. Une bouffée de tristesse m'envahit le cœur et me le serra. Le simple fait que j'existe mettait toute ma famille en danger et ça je ne pouvais pas le supporter. Rien que de penser qu'Avril ou même Gabrielle soient tuées par ma faute me serait insupportable à vivre. Les larmes commencèrent à monter et je dus sortir pour me calmer. J'essayais de faire le moins de bruit possible pour que personne ne m'entende pleurer. Les larmes coulaient à flots. Je n'arrivais pas à m'arrêter.

    -       Alexiel ?

    Merde... il y avait quelqu'un. Je me braquai directement.

    -       Ne t'inquiète pas … Ce n'est que moi...

    Gabrielle apparut dans la légère luminosité de la lune. J'eus du mal à avaler ma salive.

    -       Ça ne va pas ? me demanda-t-elle, inquiète.

    -       Ne t’inquiète pas. Juste un coup de blues.

    -       Je ne t'ai jamais vu pleurer Alex. Alors je pense que c'est beaucoup plus grave que tu ne veux le faire croire.

    -       Je suis un danger pour vous tous.

    -       Tu l’as toujours été …

    Je la fixai dans les yeux mais je vis qu'elle me souriait. Comme quoi, elle pouvait avoir de l'humour cette petite.

    -       Encore plus maintenant. Maintenant, je ne peux pas vivre un jour sans la peur que quelqu'un essaye de vous tuer...

    -       Non, de te tuer...

    -       De vous tuer aussi. Moi, mourir je m'en fiche. Surtout si j'ai la certitude qu'il ne vous arrivera rien.

    -       A qui... ?

    -       Toi, Avril, Aaron, Sara…

    -       Il ne nous arrivera rien. Nos parents respectifs sont puissants.

    -       Certes... Mais on n’est jamais à l'abri de rien... Et encore moins maintenant.

    -       Tu n'es jamais à l'abri de rien. Nous, ça va encore.

    -       Et pour me faire du mal, tu crois qu'ils vont s'y prendre comment en premier lieu ?

    -       Ah oui, vu comme ça.

    -       De toute manière, ils ne m'auront jamais vivante alors au pire.

    -       Tu veux dire que … ?

    -       S'ils vous tuent, je me suicide.

    Elle me regarda avec des yeux horrifiés. Je pense que l'idée de mettre fin à ses jours était pour elle invraisemblable. Encore plus si cela venait de moi.

    -       Arrête. C'est radical...

    -       C'est tout ce que j'ai trouvé. A quoi cela sert de rester en vie si les personnes qui t'étais chères ont toutes disparues ? Si tu te retrouves seule, sans but, avec personne pour t'épauler ? Gaby, avancer le cœur brisé par de telles pertes n'est tout bonnement pas possible. Ce n'est pas humainement possible.

    -       Tu n'es pas Humaine...

    -       Mais j'ai un cœur non ?

    -       Oui je sais mais tu es forte...

    -       Aucun cœur ne peut résister à une peine aussi grande, Humain ou non. Il se fracture, se déchire. En quelques sortes, il se tue.

    -       Tu ne vas vraiment pas bien dit donc.

    Je m’affalai dans l'herbe, les bras écartés. Mes cheveux formaient un rideau sombre derrière moi.

    -       Pffff.... oui. Je ne sais pas ce qui m'arrive. Je flippe. J'ai l'impression de tout faire de travers.

    Gabrielle s'assit à côté de moi et resta me regarder.

    -       Dis-moi dont ce que tu fais mal alors.

    -       Quoi ?

    -       Ben, énumère moi tout ce que tu as fait de travers, va s'y, on a toute la nuit.

    Là, elle me prenait de court.

    -       Tu as sûrement raison...

    -       Oui j'ai raison. Écoute Alex, je sais que nous n'avons pas toujours été en très bon terme, après tout, nous sommes sœurs...

    C'est la première fois que Gabrielle me disais en face que j'étais sa sœur. Je lui souris de mon plus beau sourire.

    -       Merci beaucoup...

    -       De rien...

    -       Bon je vais prendre un bain, ça va sûrement me détendre...

    Je montai dans la salle de bain et commençai à me faire couler un bain. Quand je rentrai dedans, l'eau chaude rentra dans tous mes pores et je me sentis détendue. Je mis intégralement mon corps sous l'eau quand soudain, une impression étrange me parcourut. Quand je me redressai, l'eau me semblait différente. Puis je relevai ma main et là, la chose se produit. Elle suivit le parcours de ma main. Je réitérai l'expérience et à chaque fois, l'eau suivait le parcours que je lui donnai. J'utilisais mon pouvoir de télépathie.

    -       Gabrielle, viens dans la salle de bain. Vite ! 

    Quelques minutes après, Gabrielle arriva dans la salle de bain.

    -       Quoi ?! s’exclama-t-elle, visiblement inquiète, pensant que quelque chose m’était arrivée.

    -       Regarde !

    Je mis ma main au-dessus de l'eau et elle suivit le parcours comme la première fois. Les yeux de Gabrielle s'écartèrent.

    -       Tu contrôle l'eau ?!

    -       Apparemment oui.

    -       Mais c'est génial. Il faut absolument que les parents voient ça !

    -       Lesquels ?

    -       Bah les nôtres et les tiens, répondit Gabrielle, un sourire aux lèvres que je pose la question.

    -       Demain... soufflais-je, serrant mon poing, faisant ainsi tomber l’eau qui se trouvait en l’air.

    Gabrielle tenta de capter mon regard mais je ne voulais pas qu’elle el voit. Je savais qu’il serait rempli de tristesse et elle verrait immédiatement que j’étais fatiguée de ce combat perpétuel contre moi-même. On finit par retourner toutes les deux dans nos chambres. J'avais presque oublié qu'Adel se trouvait là et le percuta.

    -       Que... Qu'est-ce qui se passe ?!

    -       Rien, rien. Ce n'est que moi.

    -       Pourquoi es-tu levée ?

    -       Je fais encore ce que je veux.

    -       Pas quand ta vie est en danger.

    -       Oh la ferme. Tu ne sais même pas ce que c'est d'être en danger.

    -       Si.

    -       Non.

    -       Si.

    -       Mais arrête ! Tu sais quoi, ça ne sers à rien de faire semblant d'être ensemble ! De toute manière je ne pourrais jamais supporter un homme tel que toi, tu es trop... chiant !

    -       Je suis chiant ?! Moi, je suis chiant ?!

    -       Oui !!!! Et encore, les mots me manquent pour te dire à quel point tu m’es insupportable !!

    Il se rapprocha et leva son bras. Il allait me frapper, je le sentais et surtout son esprit était bien trop simple d’accès. Rien que le fait de voir l’image de lui me collant une gifle me fit rire. En voyant son visage déterminé, je ne pouvais me retenir. Un vent frais se fit sentir dans ma chambre. Le regard d'Adel changea immédiatement.

    -       Alexiel... Arrête...

    -       Tu as osé m'approcher …Et de plus, tu as imaginé pouvoir me toucher… Apparemment, c’est toi ici qui ne tiens pas à la vie.

    -       Alexiel...

    Soudain, il fit extrêmement froid. Je voyais Adel qui tremblait. Et cela venait de moi, c'était moi qui produisais ce froid. Je vis mon père apparaître dans la chambre.

    -       Alexiel ! Arrête ça tout de suite ! Tu es en train de congeler la maison entière !

    Je le regardai mais je n'arrivais pas à me calmer. C'est alors que je sentis des bras m'enlacer.

    -       Calme-toi, tu vas mettre ta vie en danger à force.

    C'était Adam. Il me serrait si fort contre lui que j'étouffais presque. Son souffle dans mon cou était chaud et cela était agréable. Mon cœur battait à tout rompre, j’avais eu tellement envie de ça. Tant pis, je laisserais mon côté amoureuse prendre le dessus.

    -       Calme toi … s'il te plaît, mon petit Ange, calme toi… me souffla-t-il dans l’oreille.

    Je respirai un bon coup et l'air redevint normal. Toute ma famille se détendit ainsi qu'Adel. Adam se mit en face de moi.

    -       Écoute moi bien, garde du corps de mes deux, approche toi encore une seule fois d'Alexiel et je te fais exploser. Au sens propre...

    -       Vous voulez dire...

    -       Oui. En mille morceaux.

    -       Le Prince n'aurait-il pas des sentiments pour notre ravissante Princesse ? commença à se moquer Adel.

    Le regard d'Adam changea est devint noir. Noir comme l'Enfer.

    -       Ma vie privée ne te regarde pas... Tu es un simple serviteur. Tu n'es rien.

    -       Arrête ton char ! Ça se voit que tu craque pour elle !

    Je ne puis me retenir. Je collai une claque à Adel, le faisant décoller du sol.

    -       Tu ne veux pas la fermer de temps en temps ?! Tu te crois mieux ?! Lui, au moins ne veux pas sortir avec moi par intérêt !

    -       Tu en sais quoi ?!

    -       J'en sais qu'il en a pas besoin pour se sentir exister lui, puisqu'il est déjà quelque chose alors que toi, tu n'es rien !

    Adel se tut immédiatement.

    -       Très bien...

    Il se retourna vers mon père.

    -       J'imagine que vous n'avez plus besoin de moi ici...

    -       Bien vu jeune homme. Et laisse-moi te dire que si je te vois lever la main sur ma fille ne serait-ce encore une seule fois, je promets de te tuer. C'est clair ? Et je vais m’arranger pour que tu dégage de ma garde.

    -       Bien.

    Il prit ses affaires et partit avec son compagnon, qui avait visiblement encore plus peur de moi.

    -       Bien, maintenant, tout le monde au lit !

    Toute ma famille partit de ma chambre. Sauf Adam qui resta avec moi. Il s'assit sur mon lit.

    -       Viens...

    Je restai debout. L'image d'Adel levant la main sur moi et la totale perte de contrôle de mon pouvoir était ancrée dans mon esprit. J'avais failli congeler toute ma famille à cause de lui. Je sentis de nouveau des bras m'entourer et Adam se rapprocha de mon oreille.

    -       Calme-toi. Le risque est écarté. Adel ne reviendra jamais...

    -       Il a voulu me frapper juste parce que j'avais atteint sa fierté.

    Il me retourna et déposa ses lèvres sur les miennes. La surprise de ce baiser me coupa le souffle. Il m’étreignait si fort puis il finit par quitter mes lèvres pour reprendre son souffle.

    -       Lui ne voulait que ta puissance. Moi, je ne veux que toi, pouvoirs ou non. Tu choisis quoi ? me demanda-t-il, avec son souffle qui avait du mal à revenir.

    -       Je te choisis toi.

    Je crochetai sa chemise et me plaqua à lui. Ses bras m'entourèrent et je me sentis tombée. Il nous avait allongés sur le lit. Ses mains parcouraient tout mon corps et je réagissais instinctivement. Soudain il se stoppa.

    -       Attends attends ! Est-ce toi, tu l’as déjà fait ? me demanda alors Adam.

    -       Ne me pose pas une question comme ça ! Surtout dans un moment pareil ! Et comment ça « moi » ?

    -       Je veux savoir si tu l’as déjà fait parce que ce n’est pas mon cas…

    Je me retirai. Il me regarda d'un air désolé et surtout, il semblait profondément gêné.

    -       Je ne savais pas que ça t'aurais vexée. Et je pourrais comprendre que tu ne veuille pas d’un mec sans expérience.

    -       Non mais ce n'est pas ça... C'est juste que j’aie failli le faire une fois mais... ça n'a pas marché... et je me fous de l’expérience…

    -       Pourquoi ? Pas « pourquoi tu te fous de l’expérience » hein, non, pourquoi ça n’a pas marché ?

    -       J’avais compris, abruti. Tu sais à quel point il est compliqué de se retenir dans des moments comme ceux-ci. Il a flippé et est partit en courant. Heureusement pour moi, personne ne l’a cru. Mais ça n’a fait que renforcer que je n’étais pas quelqu’un de normal.

    -       Tu avais quel âge ?

    -       16 ans...

    -       Et depuis ?

    -       Depuis, je suis sortie avec plusieurs garçons mais ça ne durait pas bien longtemps. Voir seulement le temps d’une soirée. Après tout, ils étaient Humains.

    -       Et ça te dirait de retrouver un petit copain ? Et qui réunit toutes les conditions, s’il vous plaît !

    -       Et quelles sont-elles ? lui demandais-je hilare.

    -       Il n’est pas Humain, te comprend, t’aime et ce qui ne peux qu’être un avantage ; il est incroyablement séduisant, m’énuméra-t-il, en exagérant ses expressions.

    Je le regardai et je vis son magnifique sourire. Je lui souris en retour et posa délicatement mes lèvres sur les siennes.

    -       Oui, ça me dirais de retrouver un copain. Et si en plus, il regroupe toutes ces conditions, je ne peux qu’être ravie.

    Il se rapprocha de moi et passa son bras autour de mes hanches.

    -       Et si ça te dis que ce soit moi ?

    -       J'ai envie que ce soit toi...

    Il sourit de nouveau et se posa au-dessus de moi. Pendant qu'il m'embrassait, mes mains allaient d'elles-mêmes sous son tee-shirt. Je sentais ses muscles et honnêtement, je ne pensais pas qu'il en avait autant. Chacun d'eux se contractaient dès que je passais le bout de mes doigts dessus. Je lui enlevai son tee-shirt et je pus avoir pleine vue sur son magnifique corps. Je sentis ses doigts parcourir le long de mon ventre jusqu'à le contour de mes seins. Je frissonnais à chacun de ses gestes. Ses lèvres descendaient le long de mon cou et il se mit à embrasser mes seins. Je ne m'étais même pas rendu compte qu'il m'avait enlevé mon haut. Je sentais son corps appuyé contre le mien. Sa peau contre la mienne. En quelques instants, on se retrouve tous les 2 nus. Cette sensation me procurait un drôle d'effet.

    -       Ça va aller ?

    -       Pourquoi cette question ?

    -       C'est ta première fois …

    -       Je suis à l’aise avec toi. Et puis, ce n’est pas la douleur qui me fait peur…

    Il m'embrassa de nouveau, mais cette fois-ci, de façon plus passionnée. Il ouvrit la bouche, entraînant la mienne à le faire aussi. Soudain je sentis une douleur commençant dans mon entre-jambe et qui me lançait dans le bas du ventre. J'enfonçai mes ongles dans sa peau mais cela ne le fit pas réagir plus que ça. C'est ainsi que la douleur recommença de plus en plus forte. Mais d'un coup, je vis l'expression d'Adam changer. Il me regarda dans les yeux et je vis son corps avancer et reculer et c'est à ce moment-là que je sentis une sensation que jamais ne j'avais ressenti avant. Un mélange entre la douleur et le plaisir. Oui c'était ça. J'avais mal mais je ressentais malgré tout du plaisir à faire l'amour avec Adam.

    Nos respirations respectives devenaient de plus en plus fortes. Nos corps transpiraient et tandis que j'agrippais les cheveux d'Adam, celui-ci avait une de ses mains sur une de mes jambes qu'il avait relevée. Soudain, il me releva. Je me trouvais assise sur lui et il avait la tête sur ma poitrine. C'est ainsi que je le sentis vraiment en moi. Je sentais vraiment Adam. Le rythme s'accéléra et d'un coup, ses ongles s'enfoncèrent dans mon dos et il poussa un grondement sourd. Je voyais très bien qu'il tentait de faire le moins de bruit possible mais cela devenait dur. C'est alors qu'il poussa un cri sourd et mit sa tête dans mes cheveux. Je laissai mon corps tomber et Adam sortit tout doucement de moi avant de se mettre à côté en caressant mes cheveux.

    -       Alors ? me demanda-t-il, timidement.

    Je me plaquai contre son torse et le câlina.

    -       Tu as eu mal ?

    -       Oui... mais j'ai ressenti du plaisir. Pas autant que toi par contre...

    -       Oui, bon ça va… C’est vrai que c’est vraiment super…

    Je le regardai et il me fit un clin d’œil. J'éclatai de rire et lui donna un coup que le torse.

    -       C’est vrai ! Mais pas de clin d’œil, ce n’est pas du tout approprié à la situation !

    Il me souleva et me fit un câlin. Il avait la tête sur mon ventre. On aurait dit un enfant.

    -       Tu es mienne...

    -       Et tu es mien.

    -       Totalement.

    Puis je pris mon paquet et me roula une cigarette.

    -       Ah mais oui c’est vrai, tu fume…

    -       Oui pourquoi ? Ça te dérange ?

    -       Tu m'en passe une ?!

    Je le vis avec son grand sourire et je ris de nouveau.

    -       Bien sûr !

    -       Merci.

    Pendant que nous fumions notre cigarette, nous n'avons pas arrêté de parler. Le fait d'être appuyé contre son corps nu me procurait une certaine chaleur et ce n'était pas désagréable. J'étais même super bien. C'est d'ailleurs comme ça que je me suis endormie. Complètement nue dans les bras d'Adam, lui aussi nu.

     

    Le matin en me réveillant, j'étais encore dans les bras d'Adam, qui dormait paisiblement. J'essayais donc de me glisser en dehors du lit sans le réveiller. Je m’habillai vite fait et descendis. Je vis alors que ma mère était levée.

    -       Bonjour !

    Elle se tourna vers moi et me regarda de haut en bas.

    -       Que t’est-il arrivé ?

    -       Comment ça ?

    -       Ton aura. Elle est devenue Violet foncé. Avec des nuances de noir.

    -       Je ne sais pas. Ça doit être par rapport à hier.

    -       Non, non. Oh !!!

    Je vis son regard changer d'un coup. Elle me pointait avec son doigt.

    -       Tu l'as fait !

    -       De ?

    -       Tu as couché avec un garçon !

    Là, j'étais sciée. Comment elle pouvait le savoir alors je n'avais rien dit et que j'avais fait attention à ce que ça ne se voit pas.

    -       Maman...

    -       Avec qui ? Adel ?

    -       Adel ?! Il a voulu me frapper, soit sérieuse.

    -       Ne me dit pas que... c'est avec Adam...

    Je ne répondis pas, me contentant de baisser la tête de façon pitoyable.

    -       Alexiel... Tu as fait l'amour avec Adam !

    -       Oui ! Et alors ?

    -       C'est un Démon, tu le sais.

    -       Bien sûr. Mais moi aussi j'en suis une. Et au rappel… pour m’avoir, tu as bien dû le faire avec un Démon aussi…

    -       Tu sais ce que ça signifie au moins ?

    -       Explique-moi alors !

    -       Une fois que des êtres comme nous ont couchés ensembles, il est impossible de délier ses liens. Vous êtes liés à jamais.

    -       Comment ça se fait que des personnes rien qu'après l'avoir fait soient obligés d'être liés comme ça à jamais ?

    -       Eh bien, dans nos mondes, lorsque les personnes prennent la décision de le faire, ce n’est pas pris à la légère. Cela forme une espèce de lien indéfinissable, comme par exemple, l’un sait si l’autre est en danger ou ce genre de chose. Et cela pour toujours… 

    -       Tu rigole... ?

    -       Absolument pas. Une fois cet acte accompli, il est impossible de détruire les liens qui unissent les deux personnes.

    Je n'attendis même pas de savoir si ma mère avait fini que j'accourus dans ma chambre. Adam se réveillai juste. Je lui sautai dans les bras.

    -       Qu'est-ce qui t'arrive ma puce ?

    -       Tu aurais pu me dire que tu m'aimais autant...

    -       Tu ne le savais pas ?

    Je le regardais.

    -       Qu'est-ce qu'il y a ?

    -       Tu as vraiment peur qu'il m'arrive quelque chose n'est-ce pas ?

    -       Bien sûr. Comme nous tous ici.

    -       Sauf que toutes les personnes ici ne vont pas se donner la peine de coucher avec moi pour unir des liens si fort qu'il sera obligé de savoir si quelque chose m'arrive.

    Il baissa les yeux. Je posai ma main sur sa joue et déposa un baiser sur ses lèvres.

    -       Et je vais t'avouer que ça me touche. Énormément.

    -       C'est vrai ?

    -       Bien sûr ! Être liée définitivement à la personne que j'aime le plus, ça ne peut que me toucher.

    Il eut un sourire absolument radieux.

    -       La personne que tu aimes le plus ?!

    -       Oui !

    Il m'embrassa fougueusement et il passa sa main sous mon débardeur quand soudain on entendit un bruit au pas de la porte.

    -       Et vous comptiez l'annoncer quand ?

    Je me retirai des bras d'Adam et regarda Gabrielle.

    -       Bientôt, lui répondis-je, tout sourire.

    -       Ah ? Et quand ?

    Je la fis rentrée dans la chambre et fermai la porte.

    -       Une fois qu’on aurait été sûr l’un et l’autre …

    -       Étant donné que vous avez couché ensemble, je pense qu’il n’y a pas plus sûr que vous, se moqua-t-elle.

    -       Écoute, ce n’est pas si grave.

    -       Ah mais non ! C’est juste que c’est comme si vous étiez frères et sœurs quoi …

    -       Gabrielle, Adam et moi sommes frères et sœurs autant que toi et moi à ce moment-là. Est-ce que toi et moi avons ne serais-ce qu’une parcelle de génétique en commun ?

    -       Bah non mais…

    -       Bah rien ! C’est exactement pareil !

    D’un coup, une masse s’imposa derrière Gabrielle. C’était Aaron.

    -       Alex, Adam, êtes-vous sûr de vous ?

    -       Évidemment, protesta Adam. Je ne vois pas en quoi cela pose problème.

    -       Descendez tous les deux, il va falloir que l’on parle.

    J’étais assise dans le canapé, à me tourner les pouces, pendant que ma famille essayait de comprendre pourquoi Adam et moi étions ensembles.

    -       Ce n’est pas possible…

    -       Tu sais ce que ça va te coûter ?!

    -       Un ou deux trônes ? Arrêtez. Vous savez aussi bien que moi que je n’y ai pas le droit. Je suis un enfant illégitime au rappel ! Et puis le trône de l’Enfer appartient à Adam et une de tes sœurs a bien dû pondre un ou deux mioches absolument Divins qui sont seulement Anges, Maman.

    -       Ne refait pas la même erreur ! Et ne sois pas vulgaire… tu parles de tes tantes quand même…

    -       Merci Maman de dire que je suis une erreur. Et puis ce ne sont pas mes tantes. Sauf par la génétique.

    -       Tu sais que ce n’est pas ça que je voulais dire et mes sœurs restent donc tes Tantes !

    -       Peut-être mais contrairement à toi, moi, je ne suis rien. Ni pour Dieu, ni pour Lucifer. Alors je peux encore mener ma vie comme je l’entends !

    Soudain, un halo se forma dans le salon et un homme en sorti. Il était grand, assez trapu. Ses dreads était attachés avec un anneau d’argent et il avait une légère barbe de 3 jours. Le pantalon beige qu’il portait était en tissu tout comme sa chemise qui elle était blanche. L’ouverture de cette dernière laissait apparaître une belle toison de poil.

    -       Papa ?!

    Je me retournai vers ma mère.

    -       Comment ça « Papa » ?!

    -       Alexiel, je te présente ton grand-père, Dieu…Ysos de son prénom… me répondit ma mère, la mine ahurie.

    Je me retournai de nouveau pour le regarder. J’étais sciée. J’avais Dieu en face de moi.

    -       Euh… Salut…Ysos…

    Il baissa la tête (il était quand même hyper grand) et me scruta avec ses grands yeux noisettes. C’est alors qu’à ma plus grande surprise, il me prit dans ses bras, me soulevant de terre par la même occasion.

    -       Ma petite fille ! Appelle-moi Grand-père !

    -       D’accord mais le truc c’est que tu m’étouffe là, Grand-père…

    -       Laisse en un peu pour les autres Ysos !

    Je regardai par-dessus l’épaule de Dieu et je vis un autre homme, lui aussi très grand… et d’une beauté ravageuse. Sa peau mate était absolument parfaite, sans aucun défaut. Il avait des cheveux mi- longs noirs brossés en arrière et des yeux légèrement bridés noir. Son costume noir avec chemise ouverte lui allait également à ravir.

    -       Salut Papa, lui dit mon père, qui semblait content et mal à l’aise de le voir.

    -       Salut mon fils. Bon tu la lâche un peu, moi aussi j’aimerais bien prendre ma petite fille dans mes bras !

    Ok, alors le beau gosse en costard, c’était aussi mon Grand-père. Lucifer. Lorsqu’il me prit dans ses bras, je sentis une chaleur malsaine et je me retirai.

    -       N’essaye même pas de rentrer dans mon esprit, toi!

    -       Oh ! Je vois que tu sais comment ça marche, me répondit-il, un sourire malsain sur les lèvres.

    -       Oui… je l’utilise moi-même alors pas la peine d’essayer. Je sais comment ça fonctionne…

    -       Tu n’as vraiment que ça à faire… lui fit remarquer Ysos.

    -       Toi, je t’emmerde.

    -       S’il vous plaît…. Pas de brouille ! s’exclama ma mère, terriblement gênée. Il fallait dire que vu ainsi, mes deux Grands-pères, qui étaient censés être les Dieux tout puissant, ressemblaient à de vrais gamins.

    Je me retournai vers mes parents qui visiblement étaient légèrement irrités et désappointés par leur comportement.

    -       Est-ce que quelqu’un aurait l’amabilité de m’expliquer ce qui se passe et surtout pourquoi mes Grands-pères débarquent ?

    -       Ma puce, je te présente, Ysos et Lucifer. Tes grands-pères, me répondit ma mère tout en soupirant légèrement.

    -       Oui, ça je crois que je l’avais déjà saisi Maman mais pourquoi ils…

    Je sentis alors deux paires d’yeux me fixant et quand je me retournai, je les voyais me regarder tous les deux avec un grand sourire aux lèvres et la première image qui me vint fut des imbéciles heureux. Mais quelque chose me disait qu’ils allaient vite déchanter.

    -       Tu es bien belle. Pour ça, on peut dire que tu tiens de ta mère, même si ta beauté n’est ni angélique, ni maléfique. Juste le parfait mélange entre les deux, me dit Lucifer.

    -       C’est gentil…le remerciais-je, levant les yeux au ciel.

    Apparemment, les bizarres de services étaient pour ma pomme et il allait falloir que je m’y fasse. Je me pinçai l’arête du nez, une migraine faisant son apparition. Je trouvais que tous ces rebondissements à la chaîne, ça commençait à faire beaucoup. Même un peu trop.

    -       Tu n’as pas l’air à l’aise. Ça ne va pas ? me demanda Ysos.

    -       Vous me demandez comment ça va ? Vous rigolez j’espère…

    -       Euh non…

    -       Bien. Je vais vous dire alors comment ça va. Je suis le seul spécimen mi- Ange, mi- Démon, un homme fou allié veut ma mort et il rallie donc des Démons et des mercenaires pour me tuer. Ensuite, il faut que je tombe amoureuse du Prince des Enfers, qui est soit dit en passant le fils de l’Autre femme de mon père, qui est elle-même la Reine des Enfers. Et maintenant j’ai mes deux grands-pères qui débarquent, la bouche en cœur alors que pendant 14 ans de ma vie, ils n’en n’ont eu rien à foutre de moi! Vous voulez que ça aille comment ?!

    -       Nous n’en avons pas eu rien à foutre comme tu dis… au contraire, nous veillons sur toi.

    -       Ah oui ? Et depuis quand ? Parce que là depuis quelques temps, on va dire que tout me tombe dessus !

    Lucifer posa sa main sur moi. Je la retirai violemment et soudain, un feu monta au fond de moi et en un claquement de doigt, je fus transformer. Lorsque je vis mon état, je soufflai.

    -       Ah oui et y’a ça aussi. Je me transforme aux contacts de Démon avec qui j’ai un lien de sang. Génial non…

    -       Ouah ! Alors ça c’est… Incroyable ! Tu ne m’avais pas dit que ma petite fille était une Démon aussi belle et surtout avec une tenue pareille !

    -       Papa, je ne te l’ai pas dit tout simplement parce que je savais ta réaction et puis : MERDE ! C’est ta petite fille arrête de la regarder comme ça, c’est ignoble !

    -       Si ça ne vous dérange pas, j’aimerais retrouver ma forme normale… S’ilvousplaîtmerci.

    Lucifer claqua des doigts et je redevins mi- Ange, mi- Démon.

    -       Bon. Alors tu tombes amoureuse de mon héritier comme ça ? finit-il par dire, après je me sois assuré que tout était bien redevenu normal.

    -       Le monde ne tourne pas autour de toi, Lucifer.

    -       Toi, Ysos, je t’ai déjà dit de la fermer.

    -       Youhou, les rivaux, il y a le lien qui vous unis devant vous alors on arrête de se prendre la tête et on essaye de trouver une solution, ok ?!

    Les deux personnages se regardèrent et j’eus cette drôle d’impression qu’ils avaient convenu un accord. Un accord silencieux. Enfin, du moment qu’ils arrêtaient de se pouiller, moi, ça m’allait.

    -       Bon, commençons par le commencement, dit Ysos, en se frottant son large front avec son immense main.

    -       On a déjà commencé, Papa… Alexiel est tombée amoureuse d’Adam, qui est l’héritier du trône des Enfers et le fils adoptif de Sven. Et évidemment, ce petit abruti est aussi tombé amoureux d’elle, énuméra ma mère, toujours aussi exaspérée.

    -       Maman, s’il te plaît, pense ce que tu veux mais garde tes réflexions pour toi.

    -       Excuse-moi Alex, mais il faut dire en même temps que tu nous mets dans l’embarras…

    -       Oui comme toi il y a 18 ans de ça. Telle mère, telle fille. Ne t’en étonne pas.

    Je n’avais encore jamais parlé comme ça à ma mère mais elle m’avait poussé à bout. Il était tant que ça s’arrête. Ysos se tourna vers ma mère.

    -       Ont-ils consommé leur relation ?

    -       Tout le problème est là : Oui.

    Là, mes deux grands-pères se retournèrent vers moi, les yeux écarquillés. J’ai d’abord cru que j’allais m’en prendre une mais la réaction d’Ysos fut tout autre. Enfin… il n’y avait pas la claque.

    -       QUOI ??!!! tonitrua-t-il. Mais vous êtes complètement abrutis tous les deux ?! Rendez-vous compte de la gravité de votre geste ?!

    Enfin, je m’attendais également à une réaction dans ce genre-là.

    -       Je suis sûre que c’est ce que tu as sorti à Maman quand elle t’a annoncé qu’elle sortait avec le fils de Lucifer et qu’elle était aussi enceinte de lui par la même occasion. Et apparemment, cela n’a pas été trop catastrophique. Fin sauf si je suis une catastrophe. Là ça change tout.

    -       Un point pour elle Ysos. Mais écoute moi Alexiel, je suis peut-être le précurseur du mal et des vices mais ce que dit Ysos est vrai. Cet acte est très grave et ne doit pas être prit à la légère. Maintenant que vous avez consommé votre relation avec Adam, il va falloir l’assumer.

    -       Mais on l’assume ! Cela fait à peine quelques heures que nous avons couchés ensembles et il est déjà question d’assumer. Mais il faut vous calmer un peu !

    -       Dans les 3 mondes j’entends…Et ne prends pas tout cela à la légère.

    -       De toute manière, en quoi cela peut-il être si grave, je suis autant Ange que Démon.

    -       Oui mais justement, ça te rends spéciale, me dit, désespérée, ma mère.

    -       Et si j’étais sortie avec un Ange ?! Ça serait exactement la même chose !

    -       Alexiel, tu t’es liée avec le Prince des Enfers.

    -       Et j’aurais très bien pu me lier avec le Prince du Paradis.

    -       Il n’y en a pas.

    -       Je sais. Mais où est le problème ?!

    -       C’est vrai ça… Pourquoi en faire une affaire d’Etat ?

    Tout le monde se retourna et regarda Adam. Il s’approcha de moi et me prit par la hanche, ce qui fit tiquer les autres.

    -       Bonjour Grand-père.

    -       Salut Adam.

    -       Ysos…

    -       Bonjour.

    Super, la tension n’était que pire.

    -       Je pense qu’Alexiel et moi savons très bien ce que nous faisons. Je l’aime et ça personne ne pourra dire le contraire. J’imagine que tu m’aime aussi.

    -       Oh que oui…

    -       Voilà. Donc maintenant, dîtes-nous en quoi notre Amour est interdit puisqu’elle est aussi Ange que Démon.

    -       Adam, je ne vais pas te faire un dessin. Cette fille est bien plus puissante que toi. Peut-être même plus puissante que nous tous réunis. Et puis tu le sais aussi bien que nous !

    -       Est-ce le seul problème ?

    -       Cela chamboulerait l’équilibre entre les deux mondes !! grogna ma mère.

    -       Tu ne crois pas que toi et Papa l’avez assez chamboulé cet équilibre en me mettant au monde ?! Vous ne pensez pas que si Adam et moi sommes ensembles, ça ne pourra que rétablir cet équilibre et peut-être même faire en sorte que les Anges et les Démons se supportent enfin. Ce qui ne serait pas du luxe en soi.

    -       Alors là Alexiel, tu vas un peu loin. Les Anges et les Démons ne se sont jamais supportés et ne se supporterons jamais.

    -       Je suis la preuve que c’est possible.

    -       Mais ce n’est pas la même chose voyons, soupira Ysos.

    Alors là, j’étais larguée. Ils se contredisaient tous en même temps. Je ne comprenais plus rien et je pense que je n’étais pas la seule étant donné l’expression de Gabrielle. Elle était complètement déconnectée et ne regardait même pas l’assemblée. Elle se contentait de jouer avec Avril, qui elle était bien trop jeune pour comprendre quoi que ce soit de toute manière.

    -       ALORS IL EST OU LE PROBLEME ?!!!

    Je n’en pouvais plus. Je ne voulais pas hurler mais c’était plus fort que moi. Tout arrivait en même temps. Je remarquai que j’avais même sorti Gabrielle de ses songes car elle sursauta brusquement et rattrapa Avril.

    -       Le problème est qu’Adam est censé se marié avec une jeune fille des Enfers. L’alliance a été faite lorsqu’ils étaient petits, finit par m’avouer mon père. Et le second problème c’est que cette jeune fille est la fille d’un des hommes les plus puissants des Enfers.

    -       Ah bah on y arrive ! Et ? Toi tu es le Roi. Tu t’en fiche.

    -       Alexiel, la royauté, ça ne marche pas comme ça…me répondit ma mère, qui me regardait tristement.

    -       Désolé Maman, mais moi, j’ai été élevée sur Terre. Avec des gens normaux. Pas dans un royaume entourée d’Anges et de Démons ! Et dans mon monde, quand on s’aime, on fait ce qu’Adam et moi avons fait, c’est-à-dire, faire l’amour ! Et si cela ne convient pas je vous dis MERDE !

    Là, je n’avais pas d’autre chose à dire, je me battais depuis tout à l’heure et c’était le dernier argument que j’avais. Il faut dire que si je ne comprenais rien à la royauté, c’était un peu de leur faute.

    -       Désolé ma puce, ça ne se passe pas comme ça…

    Adam me serra un peu plus contre lui.

    -       Écoutez, j’aime Alexiel et c’est avec elle que je vais vivre. Indra devra attendre un autre Prince parce que ça ne sera pas moi.

    -       Ah… Donc elle s’appelle Indra…Il faudra qu’on cause Chéri….

    -       La ferme… me souffla Adam. Je disais donc, c’est Alexiel que j’épouserais, c’est avec Alexiel que j’aurais des enfants. Et cela, quoi qu’en dise ma mère ou même toi, Sven.

    -       C’est comme si vous étiez frères et sœurs…tiqua Lucifer.

    -       Hein ? Mais pas du tout. J’ai été élevée par Aaron et Sara. Adam a été élevé par sa mère et mon père, qui n’est pas le sien, biologiquement parlant. Donc, aucun lien de sang, ni aucun lien d’affection lié à l’enfance. C’est comme si nous étions 2 inconnus. Maintenant je ne vois pas ce que vous pourrez dire d’autre. Pour que vous soyez heureux, on devrait se rendre malheureux. Y’a comme un souci, vous ne pensez- pas ?

    Mon monologue fut suivi d’un long (trop long) blanc. Ils se regardaient mais ne parlaient pas. Peut-être que je les avais sciés. Ce fut Lucifer qui parla en premier.

    -       Très bien. Mais à ce moment-là, il va falloir que vous vous mariiez.

    -       Pardon… ?

    -       C’est de ça dont je te parlais Alexiel… La royauté c’est compliqué.

    -       Adam et moi ? Mariés? Mais quand ?

    -       Le plus vite possible.

    Ça, je ne l’avais pas prévu. J’avais 18 ans et je devais me marier avec Adam. Mon ventre se serra.

    -       Non mais il est hors de question que je me marie à 18 ans ! Vous êtes des malades !!

    -       Tu n’as pas vraiment le choix, intervint mon père. Cela ne peut marcher entre vous que si vous êtes mariez, ce qui annulera les fiançailles avec Indra.

    -       Et si je lui demande de renoncer à Adam, c’est possible non ?

    -       Elle ne voudra jamais… souligna Lucifer.

    -       Et pourquoi donc ?

    -       Tout simplement parce qu’elle est bornée, sadique et sans cœur.

    Je commençais réellement à voir rouge.

    -       Dis-moi Lucifer…

    -       Oui… ?

    -       Tu es le diable en personne. The Démon. Le chef de tous.

    -       Oui.

    -       ALORS POURQUOI EST-CE QUE TU ES DANS L’INCAPACITE DE ROMPRE DES FIANCAILLES ?!!!!

    Il me regarda avec des yeux ronds. Je venais de hurler sur l’Enfer lui-même.

    -       Et tant que j’y suis, tu as les pétoches d’une fille qui n’a plus le gaz à tous les étages. Permets-moi de douter de ta puissance.

    J’entendis Ysos glousser. C’est sûr que pour lui, ça devait être le pied de voir son ennemi se faire ridiculiser. Lucifer changea d’expression et je sentis mon père se tendre.

    -       Tu sais à qui tu parles au moins… ?

    -       Oui. A Lucifer, l’Enfer en personne. Et occasionnellement un de mes Grands-pères. Pourquoi ?

    -       Je ne me serais jamais permis de parler comme ça à mon père…

    -       Oui mais tu n’es pas mon père. Tu es celui du mien. Donc, j’aurais le droit à une réponse ou tu vas te défiler encore une fois ?

    Il resta muet.

    -       Bien. Alors, vous allez rester parler entre vous pendant que moi je vais sortir m’aérer l’esprit… Merci !

    Je sortis en trombe de la maison et alla me mettre au fond du jardin, près du rosier.

    -       Tu as une sacrée trempe tu le sais ça…

    Je levai la tête et vis Gabrielle. Elle avait fini par se faire toute belle, malgré la confusion générale, étant donné qu’elle avait rendez-vous avec Evan.

    -       Oui… peut-être… mais ils sont si bornés. J’ai l’impression de parler à des sourds…

    -       C’est vrai que…

    Soudain, Gabrielle se tordit et hurla.

    -       Gaby !!! Que t’arrive-t-il?!

    Soudain j’entendis une voix qui chantait.

    -       Happy birthday to you….

    Je me levai et vis un Démon. Encore un mercenaire.

    -       Qu’est-ce que tu lui as fait … ?

    -       Oh pas grand-chose. Juste une petite torture. Alors on a 19 ans ma petite Princesse…

    Je reculai. Et merde… Encore des ennuis…

    -       Tu veux me supprimer toi aussi j’imagine… lui répondis-je, l’air faussement blasé mais me reculant tout de même légèrement.

    -       Bien vu. Et quoi de plus beau comme cadeau n’est-ce-pas ?

    Je me mis en position de combat.

    -       Franchement j’hésite.

    Il se rua sur moi. Exactement ce que je voulais qu’il fasse. Je bondis et me cambra mais il m’attrapa le pied. Je tombai à terre de tout mon corps et la chute me coupa le souffle. Il sortit un poignard mais j’évitai son coup qui m’aurait été mortel, de justesse. En me redressant, je lui fis un croche-pied et une fois qu’il fut tombé à terre, lui enfonça mon poing dans son diaphragme. Ce fut à son tour d’avoir le souffle coupé. Notre combat ne cessait. Mais je faiblissais sans savoir pourquoi, toutes ces émotions m’avaient sûrement puisé de l’énergie et je n’étais pas au sommet de ma forme. C’est ainsi que ça lui fit une ouverture. Il me plaqua les mains dans le dos et mis son bras sous ma gorge.

    -       Alors ? Tu veux quoi pour tes 19 ans ?

    -       Lâche-moi espèce de taré…

    -       Ouhh… ce n’est pas très gentil ça.

    -       Et si c’est moi qui te dis de la lâcher… ?

    L’homme tourna la tête et se retrouva nez-à-nez avec Lucifer. Il se figea sur le champ et je sentis son emprise se faire plus pressante.

    -       Non… c’est impossible… que faîtes-vous ici ?

    -       Je peux te poser la même question. Lâche-là immédiatement…

    Cela se sentait qu’il paniquait complètement. Il recula, m’entraînant avec lui.

    -       Non ! Je remplirais ma mission ! Elle ne s’en sortira pas. Et je me fiche de mourir après.

    Il ne me restait qu’une chose à faire.

    -       Papa… Aide-moi…. 

    Je vis l’expression de mon père changer. C’est bon il m’avait entendu.

    -       Transformation… 

    -       C’est ça… je suffoque là… et je ne vois pas d’autre moyen… 

    Il interrompit notre conversation mais son expression ne changea pas pour autant. Ce fut là que je compris qu’il parlait avec son père. Lucifer fixa de nouveau l’homme.

    -       Bien. Tu te fiches de mourir ?

    L’homme déglutit. En même temps, il avait de quoi avoir peur.

    -       Je ne la lâcherais pas…

    Lucifer haussa les épaules.

    -       Bien…

    Soudain, je le sentis rentrer dans mon esprit. Je le laissai appuyer mon côté Démon et soudain le feu monta en moi. Je fus transformée immédiatement. L’homme se retrouva expulsé à quelques mètres.

    -       Euh Lucifer… tu y es pour quelque chose ? lui demanda ma mère, visiblement très étonnée.

    -       Absolument pas…

    Je me regardai de haut en bas, ma tenue n’avait pas changé. Mais ce n’était pas ma tenue qui posait problème. Je pris une poignée de cheveux et me tourna vers Lucifer.

    -       Des cheveux blancs brillant… Tu es sérieux… ?

    -       Je n’y suis absolument pour rien je t’assure !

    Je me pinçai l’arête du nez. Il m’affirmait n’y être pour rien mais malheureusement son sourire le trahissait abominablement.

    -       Très bien… J’espère pour…

    -       NON !!!

    L’homme se rua sur moi mais j’étais tellement énervée que je n’eus qu’à lui mettre un coup de poing en pleine tête pour qu’il se retrouve à terre. 

    -       Tu as intérêt à me donner une explication et rapidement…

    -       C’est comme une phase… intervint, timidement, très timidement, mon père.

    -       Une phase de quoi ?

    -       De puissance…

    -       Tu veux dire que plus je serais puissante, plus je changerais d’apparence…

    -       C’est à peu près ça…

    -       Génial… Qu’est-ce que je dois savoir encore ?! Non parce que si un jour je dois avoir autre chose, autant que je sois prévenue !

    -       Écoute ma puce, je sais que c’est difficile à avaler. Mais tu verras, tu t’y feras…

    L’homme qui était assommé commença à se réveiller. Je lui assénai un autre coup puis alla rapidement vers Gabrielle qui se redressait difficilement.

    -       Tu vas bien ?!

    -       Que s’est-il passé… ?

    -       Oh tu sais, le quotidien habituel, on veut me tuer et les personnes près de moi prennent cher.

    -       Je vois… Oh… Et pourquoi tu as cette tête ?

    -       Les cheveux blancs brillant tu veux dire ?

    -       Bah oui…

    -       Je suis devenue puissante… Génial non…

    -       Oh…

    -       Qu’est-ce qui se passe ici ?

    Tout le monde se retourna et vis Evan qui se tenait là, légèrement flippé.

    -       A…Alexiel ?!

    Je lui souris comme je pouvais.

    -       Evan ! Oh ne t’inquiète pas ce n’est rien ! Juste un petit… contretemps…

    Je poussai Gabrielle vers lui.

    -       Tiens, elle est toute belle pour toi ! Aller !

    -       Alex… Tes cheveux sont blancs…

    -       Exact ! Mais on va arranger ça ! lui répondis-je, pressée.

    Je m’approchai de lui et je vis que quelque chose d’autre clochait. Je le dépassai légèrement. Alors qu’à la base, il était plus grand que moi.

    -       Ok… Et j’ai aussi grandi apparemment…

    -       C’est un beau cadeau ça…

    -       Oui…

    -       Cadeau ?

    Je me tournai vers mes parents.

    -       Nous sommes le 20 mai…

    -       Oh non… Avec tout ça… Alexiel, on est désolé… Avec tout ce qui s’est passé ces derniers mois, ça nous est complètement sorti de la tête.

    Je haussai les épaules.

    -       Aucune importance. Ce n’est qu’une année de plus.

    Soudain je reçu une tape sur l’arrière du crâne. C’était Evan.

    -       Ta gueule avec ta carapace « Rien ne m’atteint ». Ton anniversaire est important. Tu es importante. Alors on va le fêter, quoi que tu dises !

    -       Dans cet état ?

    -       Que tu sois Ange ou Démon, avec des cheveux blancs ou noirs, que tu sois grande ou petite, tu restes Alexiel, ma meilleure amie. Celle qui m’a sauvé la vie ainsi que celle de ma sœur. Et ce jour doit être fêté car il est celui de la naissance d’une des meilleures personnes que je connaisse.

    -       Euh… là je ne sais pas quoi dire…

    -       Bah tais-toi.

    Je rigolai. Ce type était fou mais c’était mon meilleur ami. Et apparemment le fait d’être le seul humain ne le dérangeait pas plus que ça.

    -       En fait… c’est qui les gens derrière toi… ?

    -       Oh… Alors le grand avec les cheveux argentés, c’est mon père que tu as déjà vu, à côté ma mère ensuite derrière ce sont mes deux Grands-Pères, Lucifer et Ysos. Le Paradis et l’Enfer en personne si tu préfères.

    -       Oh…

    Il regarda tout ce petit monde et soupira.

    -       Cool…

    Je le regardai et souris. Il était impressionné, ça se voyait mais ça le rendait attendrissant. Je croisai le regard de Gabrielle qui était fixé sur lui. Un regard tendre et amoureux. Je saisis Evan par les épaules.

    -       Et j’ai quelqu’un d’autre à te présenter.

    Adam sortit du lot et s’approcha de nous.

    -       Mais c’est le type de la dernière fois ! Tu ne l’aimais pas vraiment à ce que j’avais pu comprendre.

    -       Euh… ouais… mais des choses ce sont passées et maintenant, c’est mon… copain.

    -       T’as un copain ?!

    -       Oui…

    Il s’approcha d’Adam et le fixa.

    -       Ok, t’es quoi toi ? lui demanda-t-il, mettant ses mains sur ses hanches.

    -       Pardon ? s’étonna Adam, écarquillant les yeux.

    -       Bah t’es un Humain, un Ange, un Démon ou comme Alexiel, tu es les 2 ?

    -       Euh… Moi, je ne suis que Démon, lui répondit-il en souriant.

    Evan se tourna vers moi.

    -       Tu es la seule comme ça ?

    -       Comme quoi ? lui demandais-je, tentant de me dépatouiller avec tous les cheveux que j’avais.

    -       Bah à la fois Ange et Démon.

    -       Yep, finis-je par répondre, arrêtant de me battre avec ma coiffure.

    -       Hé ben… Je savais que tu étais originale mais là, tu m’épates de plus en plus. Bon, on le fête cet anniversaire ?!

    -       Rien n’est prêt, crétin.

    -       Ce n’est pas parce que ta famille de Dieux à oublier que nous aussi.

    Je me tournai et regardai près de la barrière. Tous mes amis étaient là. Et j’étais dans cette tenue.

    -       Euh… Salut… les saluais-je, timidement et gênée au possible.

    -       Wouah … Alex, tu nous expliques ? s’exclama Manon.

    -       Plus tard. Je suis super heureuse de vous revoir ! m’exclamais-je, courant pour les rejoindre, heureuse qu’ils ne soient pas eux-mêmes partis en courant.

    Ils me prirent tous dans leurs bras. J’étais tellement contente de les revoir après tout ce temps sans eux.

    -       Dis-nous Alexiel, qui est l’homme étalé par terre en sang ?

    -       Un mercenaire qui voulait me tuer…

    -       Et toi tu l’as… ?

    -       Non pas celui-là…

    -       Comment ça « pas celui-là »… ?

    Je me retirai. Déjà que je devais être effrayante à leurs yeux sous cette forme, je n’allais pas en plus leur dire que j’avais déjà tué quelqu’un. Même si ce n’était pas vraiment un humain.

    -       Rien. Personne n’a tué personne. Je lui ai juste causé un choc cérébral violent. Appelez ça un recalibrage cognitif.

    -       Ouais, tu l’as assommé assez violemment en somme…

    Ok. Ils ne pouvaient pas comprendre sans voir mes pouvoirs. Mais je n’allais risquer de perdre le contrôle.

    -       Oui voilà. Je l’ai assommé. Et de façon assez violente je dois dire…

    -       Et nous allons d’ailleurs nous occuper de lui si cela ne vous dérange pas… intervint mon père.

    -       Donc Alex, ce type est vraiment ton père…

    -       Oui…

    -       Et c’est dingue comment tu lui ressemble sous cette forme… Et la couleur de vos yeux… c’est dingue, c’est du vert très très clair avec des reflets bleus, me fit remarquer Manon.

    -       Je te demande pardon ?

    -       Quoi ? J’ai dit une bêtise ? Non parce que si c’est le cas et que tu te mets en colère, défoule-toi sur le type qui gît là-bas, tu l’as déjà bien amoché…

    -       Non non, tu n’as pas dit de bêtise et je ne vais pas me défouler sur toi… c’est juste que…

    Je me retournai vers Lucifer qui avait toujours un léger sourire. Je me dirigeai vers lui, l’attrapa par le col et le plaqua contre un mur.

    -       C’est quoi ce délire ?! Qu’est-ce que tu m’as fait ?!

    -       Rien du tout…

    -       Tu mens ! Après tout, tu es l’Enfer, pourquoi je devrais te croire ?!

    -       Je ne t’ai jamais demandé de me croire. Mais pourquoi te plaindre ? Tu es bien attirante comme ça.

    Je resserrai la prise. Je vis son expression changer et je compris qu’il me prenait enfin au sérieux.

    -       Je me fiche d’être hyper attirante comme ça ! Dis-moi immédiatement ce que tu m’as fait avant que je ne te tue…

    Je sentis une main sur mon épaule. Mon père évidemment, qui intervenait une fois de plus.

    -       Alexiel, c’est mon père et ton Grand-Père, tu ne peux pas le tuer.

    -       Sous cette forme je peux tout faire. Je ne vois pas ce qui m’en empêcherait…

    -       Moi… dit-il, sur un ton posé.                                                                   

    Je regardai Lucifer et le lâcha, même si ce fut à contrecœur. Je voulais qu’il réponde de ses actes au moins une fois, surtout s’il s’amusait à les faire sur moi. Et évidemment, cela ne se ferait pas.

    -       Je ne veux plus vous voir. Plus personne. Allez-vous en…

    Je rentrai dans la maison et me dirigea dans ma chambre. J’avais les nerfs qui lâchaient. Je n’en pouvais plus. Je vivais un bonheur total il y a encore quelques heures avec Adam et maintenant je me retrouvais en Démon surpuissante avec tout le monde qui me disait que je ne devais pas avoir une relation avec Adam. Et je venais d’abandonner mes amis avec eux, alors que cela faisait plusieurs mois que je ne les avais pas vus. Ma gorge se serrait. Je sentais les larmes qui montaient. Soudain, quelqu’un frappa à la porte. Je m’essuyai rapidement les yeux.

    -       Oui ?

    -       C’est Evan…

    -       Rentre…

    -       Qu’est-ce qui ne vas pas… ?

    Je me mis à rigoler nerveusement.

    -       Sérieusement, regarde la famille que j’ai. Ils sont tous aussi fous les uns que les autres. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. J’ai un père et une mère qui ont oublié mon anniversaire, même Aaron et Sara, un de mes Grand-Père est pervers et l’autre est peace and love. Et pour couronner le tout, j’ai 3 frères que mon père a eus avec une autre femme et l’un d’eux est Adam, qui est également l’homme que j’aime.

    -       Adam est ton…frère ?!

    -       Non pas exactement. Il est le fils de l’autre femme de mon père. Elle l’a eu avec un autre homme et suite à la mort de cet homme, mon père a décidé de le prendre comme étant son propre fils. Sachant qu’il en avait déjà 2 autres avant. Je suis venue au monde 2 ans plus tard.

    -       Oh…il a été en quelque sorte adopté par ton père…

    -       Voilà…

    Je mis ma tête dans mes main et me mis à pleurer. A grosses gouttes. Je ne pouvais pas m’arrêter. Je pleurais comme rarement j’avais pleuré dans ma vie mais je mettais sur le compte du surplus d’émotions dans la journée. Evan me pris dans ses bras et me caressa doucement le dos.

    -       Calme-toi…

    -       Mon père a élevé un gamin qui n’était pas à lui et moi, il m’a laissée. Ils m’ont laissés tous les deux. Ils m’ont abandonnés. J’étais leur fille…

    -       Tu es leur fille…

    -       Ils m’ont abandonnée…

    Soudain, j’eus moins chaud et je sentis une étrange sensation. Quelque chose de doux me parcourait et de très agréable.

    -       Tu es redevenu toi-même Alex…

    Je saisis une poignée de cheveux et regarda. Effectivement, mes cheveux étaient redevenus noirs. J’étais de nouveau mi- Ange, mi- Démon et la transition avait été beaucoup plus agréable que la première fois, avec mon père.

    -       Et il y a ça aussi. Mes transformations en Démon. J’en ai marre que ce soit ce côté qui ressort tout le temps…

    -       Ça c’est parce que tu es constamment en colère, Alex. Tu l’as toujours été. Aussi loin que je me souvienne, je ne t’ai jamais sentie détendue, calme, heureuse. Je n’imaginais pas que tu avais autant de secrets. Je me demandais avant comment tu pouvais être comme tu es avec des parents comme Aaron et Sara. Mais maintenant, je comprends. Tu es blessée Alexiel, tes parents t’ont laissée à tes 4 ans et maintenant ils oublient le jour de ton anniversaire. Pour toi, tu n’existes pas à leurs yeux. Mais c’est faux. Tu existes à leurs yeux Alex, tu existes et ils t’aiment. Alors, même si c’est dur, arrêtes d’être en colère contre la Terre entière.

    Je me tournai vers lui et le regarda. Il était si sérieux.

    -       Depuis quand tu es devenu si philosophe toi ?

    -       Je ne t’ai pas vu depuis des mois, lorsque je suis venue te voir, tu venais de mourir… 2 fois. Et là, je rencontre ta drôle de famille. Et en plus…

    -       Et en plus de ça, tu es tombé amoureux de ma petite sœur.

    -       Gabrielle et moi nous sommes vus de nombreuses fois avant qu’elle ne te le dise…

    -       Ah mais je ne vais pas te crier dessus ou te faire la morale ! Elle a changé et elle a l’air de beaucoup tenir à toi. Ça me plaît. Ça ne peut qu’aller entre vous deux.

    -       Tu sais que venant de toi, ça fait plutôt bizarre sachant qu’il n’y a que quelques mois, vous vous détestiez toutes les deux.

    -       Peut-être mais elle a été très compatissante et m’a beaucoup aidée moralement quand tout ce bordel à commencer. Elle s’est avérée plus importante qu’elle n’aurait pu l’être.

    -       Tu vois quand tu veux…

    -       De ?

    -       Bah tu n’es pas en colère contre la Terre entière.

    Je me mis à rire. Et cela faisait du bien. Vraiment du bien. Soudain, quelqu’un d’autre frappa à la porte.

    -       C’est qui… ?

    -       C’est nous …

    -       Ah… voilà la troupe de tarés qui débarque…. ironisa Evan.

    -       -Tsss…. Tais-toi. Oui rentrez…

    Je vis mes parents rentrer en premier suivis d’Aaron et Sara.

    -       Nous sommes désolés …

    -       De quoi ? M’avoir poussé à bout ? Avoir oublié le jour de ma naissance ou désolé de m’avoir laissé en plan pendant ces 14 dernières années ?

    -       Aaron et Sara étaient là…

    -       Oui. Mais ils avaient leurs propres enfants. Leurs enfants ! Et vous, vous êtes restez là-haut ou en bas, peu importe. Vous avez vécu votre vie comme si vous ne m’aviez jamais eu. Toi, Papa, tu as élevé 3 autres enfants, avec une autre femme. Et toi Maman ? Tu étais où ? En train d’essayer de te faire pardonner d’avoir couché avec le fils de Lucifer et d’avoir mis au monde une bâtarde et illégitime en plus de ça ?! Alors une réponse ?

    -       Alexiel, calme-toi. Nous ne t’avons pas abandonné par choix mais par obligation.

    -       J’étais votre fille… votre bébé….

    Je me mis à pleurer. Encore une fois.

    -       Alexiel…

    -       Non ! On n’abandonne pas ce qu’on a mis au monde par simple obligation ! On se bat pour ce qu’on a mis au monde ! On se bat pour garder la chair de notre chair auprès de nous ! Et vous, vous m’avez abandonnée, en pensant qu’en me refourguant à d’autres personnes, sans même se soucier de savoir si Eux, ils voulaient de moi !

    -       Nous avions convenu un marché, souligna mon père.

    Je m’arrêtai net.

    -       Un marché… Génial. Et c’était quoi le deal ? « On vous la laisse assez longtemps afin qu’elle soit perpétuellement en colère et qu’elle soit devenue amère »

    -       Non, nous avions convenu qu’on reviendrait vers toi lorsque tout ce serait calmé…

    -       Raté !! Vous êtes revenus que lorsque tout empirait ! Vous auriez dû rester où vous étiez et me laisser vivre en paix !

    -       Tu n’aurais jamais été en paix. Tu serais restée le seul spécimen des deux races. Quelqu’un aurait forcément voulu te tuer un jour.

    Je regardai ma mère. Je venais de perdre tout espoir de les raisonner. Il ne me restait plus qu’une seule solution.

    -       Très bien. Vous pouvez sortir de ma chambre.

    -       Alexiel…

    -       On s’est tout dit. Sortez…

    Mes parents sortirent de ma chambre et je me tournai vers Evan.

    -       Tu peux y aller aussi … Tu as un rendez-vous à terminer.

    -       Et ton anniversaire ?

    -       On le fêtera une autre fois. Aller.

    Je déposai un baisser sur sa joue et il me prit dans ses bras.

    -       Fais attention à toi.

    -       Promis.

    Et il partit. J’étais enfin seule dans ma chambre. Et c’est alors que je commençai à préparer mes affaires. Je devais m’éloigner d’eux et au plus vite.

     

     

     

     

     


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    Chapitre 8

    8.

     

    -       Elle est où ?

    -       Je ne sais pas … 

    -       Gabrielle… Alexiel te parle souvent. Elle est partie où ?

    -       Adam je n’en ai aucune idée ! Je ne savais même pas qu’elle était partie avant que tu viennes me voir !

    Adam se pinça l’arête du nez et Sven rentra dans la pièce.

    -       Nous ne l’a trouvons nulle part…

    -       Elle n’a pas pu disparaître comme ça ! C’est insensé ! vociféra Adam.

    -       Et surtout, elle court un grand danger…

    Gabrielle redressa la tête et fixa Sven.

    -       Oh ça va le Démon, tu ne vas pas nous la faire à l’envers. Si Alex est en danger, c’est votre faute.

    -       Comment ça ?!

    -       Vous n’avez pensé qu’à vous ! Vous êtes arrivé là, la bouche en cœur et vous l’avez foutu dans la merde. Alors maintenant, n’allez certainement pas dire qu’elle court un grave danger parce que le pire danger qu’elle puisse avoir, c’est vous. Je n’ai jamais vu des parents aussi égoïstes !

    -       Surveille ton langage jeune fille, tu ne sais pas à qui tu t’adresses !

    -       Si je sais parfaitement à qui je m’adresse !! Je m’adresse peut-être au Roi des Enfers, mais je m’adresse surtout à l’homme qui a fait souffrir ma sœur comme jamais un être ne devrait souffrir, qu’importe la race à laquelle il appartient. Vous croyez quoi ?! Que ça allait être simple ?! Depuis que je suis née, elle a toujours été comme ça. Elle est fermée, triste et en colère et c’est votre faute !! Mes parents ont tout fait pour combler ce trou béant dans son cœur, celui que Vous avez percé. Mais rien n’y faisait, elle savait qu’elle avait été abandonné par ses parents. Elle a toujours cru que personne ne voudrait d’elle si même ses propres parents n’étaient pas capables de la garder. Mais elle avait tort. Alexiel mérite le meilleur. Elle mérite toute l’attention et tout l’amour du monde. Et vous êtes littéralement incapables de lui offrir ça. Si ce n’est pas pitoyable…

    -       Tu sais que je peux te tuer en un claquement de doigts ?

    -       Ha ! Les Démons… Toujours la violence, dit-elle en se rapprochant de Sven au fur et à mesure, vous usez toujours de la violence parce que vous ne supportez pas que quelqu’un et encore moins un Ange, vous fasses la morale. Mais au fond, vous êtes loin d’être supérieur.

    -       Tu as de la chance d’avoir Aaron et Sara comme parents… sinon…

    -       Sinon quoi ? Vous m’auriez pulvérisée ? Oui c’est vrai, j’ai de la chance de les avoir comme parents. Et j’ai également de la chance d’avoir une sœur comme Alexiel. Et vous osez me l’arracher. Vous osez la blesser encore plus qu’elle ne l’était déjà. Maintenant ce n’est plus qu’une écorchée vive.

    -       Et nous voulons l’aider…

    -       Alors partez… N’essayez plus de lui dicter sa conduite. Personne ne l’a jamais fait et ce n’est pas maintenant qu’elle est majeure que quelqu’un va s’y mettre.

    Adam se dirigea vers Gabrielle et l’a pris par les épaules.

    -       Je t’en prie… Je dois la retrouver.

    -       Tu l’aime ?

    -       Comme un fou.

    -       Ce n’est pas suffisant.

    -       Comment ça ?

    -       Pour pouvoir être digne d’Alexiel, il faut avoir la rage, la rage de vouloir la posséder. Il ne faut pas juste l’aimer comme un fou, il faut être littéralement fou d’elle. Et quand je dis fou, je parle bien évidemment d’un Amour qui dépasse tous les préceptes. Humains, Démons ou Anges. Adam, si tu veux ma sœur, porte lui le maximum d’amour dont un être est capable.

    -       C’est ce que je fais…

    -       Qu’est-ce que tu fais ici à me questionner alors ? Tu devrais plutôt la chercher partout.

    Adam continua de la fixer et au fond de ces grands yeux roses pâles, il comprit. Il embrassa Gabrielle sur la joue, la remercia et courut dehors.

    -       Qu’est-ce qu’il a ? s’étonna Sven.

    -       Il a compris où trouver Alexiel.

    -       Comment a-t-il fait ?

    -       C’est simple, lui, il l’aime vraiment comme un dingue. Et lui, il serait vraiment capable de donner sa vie pour elle.

    -       Qu’entends-tu par-là ?

    -       Comme tout à l’heure. Vous ne méritez pas Alexiel.

    -       C’est ma fille…

    -       Que génétiquement… Apparemment il ne va pas falloir lui en tenir rigueur.

     

    Adam courrait toujours de plus en plus vite. Il fallait qu’il la retrouve au plus vite. La vie d’Alexiel était surement en danger. Les mercenaires n’hésiteraient pas à l’attaquer. Surtout avec l’état mental dans lequel elle se trouvait. Puis, il arriva enfin. Il la vit, assise, à regarder la rivière.

    -       Alex… ?

     

    Je me retournai et le vis. Il se tenait là devant moi, beau à mourir à la lueur de la Lune.

    -       Qu’est-ce que tu fais là ?

    -       Tout le monde te cherche…

    -       Grand bien leur fasse.

    -       Ils s’inquiètent…

    -       S’ils veulent s’inquiéter, c’est trop tard.

    -       Oui, Gabrielle l’a bien fait comprendre à ton père tout à l’heure.

    -       Comment ça ?

    -       Oh tu l’aurais vu ! Une vraie femme ! Elle a envoyé bouler ton père d’une façon. Je ne pensais pas qu’elle pouvait avoir tant de sentiments à ton égard.

    -       Comment ça ?

    -       Tu es en colère, Alexiel. Tu es une femme blessée… et je veux être là pour que tu te rétablisses. Je veux être le bandage qui empêchera ton cœur de saigner, je veux être l’épaule sur laquelle tu pourras te reposer, pleurer. Je veux que tu aies confiance en moi, une confiance aveugle, comme la confiance que j’ai en toi. Je veux que tu ailles mieux…

    Je tournai mon visage vers le sien et posai ma main sur son visage.

    -       Tu as déjà fait beaucoup… Mais regarde…

    Je me rapprochai de la rivière et me mis à marcher dessus.

    -       Tu… tu peux marcher sur l’eau ?!

    -       Oh pas que… Regarde.

    Je n’eus qu’à lever les mains et l’eau me suivit immédiatement. Elle m’entoura comme une barrière protectrice.

    -       L’eau te protège… ?!

    -       Exactement. Et je n’y suis pour rien. C’est elle qui prend cette forme toute seule.

    -       Mais… Tu ne devais que la contrôler. Enfin… Tu la contrôle à un tel point qu’à présent, c’est comme si c’était une armure. Elle agit en agent protecteur…

    -       Oui… Et attends ce n’est pas fini.

    Je plaçai mes deux mains en face de moi et l’eau se dédoubla pour continuer à me protéger et surtout aller attaquer Adam. Il évita le jet d’un bond mais il ne s’imaginait pas du tout ce que j’allais lui montrer. Le jet le suivit et fini par l’attraper avant de le plaquer à terre. Lorsqu’il tourna la tête, il vit que l’eau s’était transformée…en serpent. Un serpent dangereux, très dangereux.

    -       Alexiel…

    Il tourna la tête vers moi, pensant que je n’étais plus protégée mais son étonnement ne fut que s’accroître en voyant que j’avais toujours la barrière protectrice.

    -       Sérieusement… ?! Tu peux faire ça en quelques jours ?!

    -       Apparemment…

    -       Tu peux dire à ton nouvel ami de me lâcher s’il te plaît…

    -       Oh bien sûr. Ssifer, ici !

    Le serpent leva la tête et glissa jusqu’à moi. Je lui caressai le sommet du crâne avant qu’il ne disparaisse.

    -       Donc on récapitule : tu contrôle l’eau, ça encore, ça va. Mais là… Tu arrives à te protéger et attaquer en même temps. Et en plus de ça, tu leur donne une forme ! Et un petit nom…

    -       Adam… Je n’y suis pour rien…

    -       Pardon… ?

    -       Ssifer est l’âme de l’eau. Je n’ai jamais décidée de transformer l’eau en serpent. Quand je l’active, l’eau devient réellement vivante. Je n’y suis pour rien.

    -       Tu veux dire que tu as l’âme de l’eau comme animal de compagnie… ?

    -       On va dire ça…

    -       Raconte-moi comment ça s’est passé parce que là, tu m’intrigue encore un peu plus…

     

    Je ne savais pas si fuir était une bonne idée mais je n’avais plus le choix. Je ne voulais rien calculer pour le moment. Juste m’éloigner d’eux. Je me retrouvai dans mon endroit favori et inconnu des autres. Ce coin de forêt avec la rivière en bord de chemin. Ce calme et le bruit léger que faisait l’eau me détendait. Je m’assis au bord et plongea le bout de mes doigts dedans. Je m’attendais à ce qu’elle monte comme dans le bain. Mais cela se passa tout autrement. L’eau monta, ce n’était pas ça le problème mais en plus de ça, elle me trainait sur elle. Je me retrouvai allongée sur l’eau, la tête légèrement surélevée. Je me mis à paniquer quand je vis une forme se dessiner en face de moi. Je m’attendais à voir un méchant (pour changer) qui voulait m’abattre.

    -       Ne t’inquiète pas… Je ne veux pas te faire de mal…

    Je restai bouche-bée. L’eau avait pris une forme de serpent et me parlait. Génial ! Je devenais encore plus dingue.

    -       Je suis Ssifer, l’âme de l’eau et tu m’as réveillé.

    -       Je t’ai quoi ?

    -       Tu contrôle l’eau non ?

    -       Un petit peu oui…

    -       Et bien à présent, je suis ton fidèle serviteur.

    -       Mon serviteur ?! Mais je ne veux pas de serviteur !

    -       Façon de parler ! Je te pensais plus fine que ça…

    -       Excuse-moi, mais récemment j’ai eu quelques troubles alors j’ai quelques difficultés à percuter. Et on va dire que lorsqu’un serpent d’une taille titanesque s’adresse à toi et dit qu’il est ton serviteur, ça fait beaucoup.

    -       Tu veux un résumé ?

    -       Oui, ça serait sympa…

    -       Donc, je suis Ssifer, l’âme de l’eau. Voilà pour les présentations. Tous les éléments ont une âme. Et toi, tu viens d’en réveiller une. Et c’est moi. Tu comprends ?!

    -       Je suis sous le choc, pas débile. Tu peux me parler normalement. Continue.

    -       Bien. Cela fait des lustres que je n’ai pas été réveillé. En général, les gens se contentent de contrôler une petite partie de moi sans pour autant réussir à me faire apparaître, même en utilisant toute leur magie. Et toi, tu me touche et me voilà ici. Et en règle générale, ça veut dire que je t’appartiens. Et ça sera comme ça pour tout le reste.

    -       Et ceux qui contrôlent l’eau et qui veulent me tuer par exemple ?

    -       Et bien, s’ils essayent de t’attaquer avec leur pouvoir, ils vont se retrouver bien bêtes car ils n’auront pas d’eau.

    -       Mais ils ne perdront pas leur contrôle…

    -       Bien sûr que non. Il ne me contrôle pas moi, juste une infime partie. Et vu que je suis éparpillé, la réserve est grande.

    -       D’accord… Et ça sera pareil pour les autres éléments ou … ?

    -       Tu m’as activé en me touchant du bout des doigts. Tu es ce qu’il y a de plus puissant. Alors, ne t’inquiète pas que tu auras le droit à de nouvelles présentations.

    -       Aussi théâtrale ?

    -       J’aime soigner mes entrées. Ce n’est pas souvent que ça arrive alors autant le faire bien.

    -       Qui est la dernière personne à t’avoir réveillé ?

    -       Oulalala… Cela remonte à des siècles ! C’était une jeune femme comme toi. Beaucoup moins puissante par contre et absolument détestable. Elle avait mis 4 ans à me réveiller et encore, j’étais tout petit avec elle. Apparemment elle s’est acharnée comme une forcenée avant de pouvoir me réveiller. Et je ressemblais à un ver... Mais elle est morte peu de temps après…

    -       Comment ?

    -       On la tua.

    -       Et tu n’as rien pu faire ?!

    -       Elle n’a même pas eu le temps de m’activer qu’elle était déjà transpercée…

    -       Comment s’appelait-elle ?

    -       Hava. Mi- Ange, Mi- Démon.

    -       Comme moi.

    -       Exact. Elle est morte vers la vingtaine, un peu moins. Une sale histoire…

    -       De qui était-elle la fille ?

    Ssifer resta silencieux. Je sentais que quelque chose n’allait pas.

    -       N’essaye même pas de me cacher quelque chose… Dis-moi.

    -       C’était une bâtarde… la fille illégitime de la première fille de Dieu et d’un Démon sans grande importance.

    -       Attends… Quoi ?!

    -       Oui, la première fille de Dieu a eu une fille avec un Démon. Mais Hava était beaucoup moins puissante que toi. D’ailleurs… pourquoi es-tu aussi puissante ?!

    -       Je suis la fille de la 13ème fille de Dieu, la fille maudite et du fils de Lucifer, accessoirement Roi des Enfers également…

    -       Tu… Hein ?!

    -       Oui aussi… Et mes parents se sont bien gardés de me dire que j’avais une cousine qui avait été comme moi…

    -       Avoir des parents aussi puissants n’a pas l’air de te ravir.

    -       Tu apprendras l’histoire bien assez tôt.

    -       C’est pour ça que tu as une telle aura. Je me disais aussi que c’était étrange que tu sois aussi puissante.

    -       Pourquoi ?

    -       Ta puissance est l’équivalent d’un très grand Dieu ou d’une armée d’hommes.

    -       D’hommes ?

    -       Anges ou Démons je veux dire.

    -       Pas mal…

    -       Ha… Tu vas avoir de la visite.

    Il me reposa à terre et se remit sous sa forme d’eau. Je venais d’avoir une conversation avec mon premier élément.

    -       Alex… ?

     

    -       Tu rigoles… ?

    -       Eh bien non. Attends… Ssifer. Viens mais soit plus petit.

    Ssifer apparut sous la forme d’un grand serpent mais beaucoup moins imposant qu’à la base. Etant donné que j’étais assise, il me dépassait. Il se roula autour de moi et posa sa tête sur mon épaule. Ses écailles étaient blanches et bleus foncés et il avait de grand yeux bleus. Il avait presque une tête mignonne pour un serpent. Le bout de sa queue était en eau ce qui donnait l’impression qu’il avait des nageoires.

    -       Tu veux dire que cette chose est une âme …

    -       Oui. Et il s’appelle Ssifer. Il y tient.

    -       Comment tu le sais ?

    -       La pensée. Il me parle là.

    -       J’ai du mal à croire qu’un serpent puisse parler…

    -       Et pourtant c’est le cas, petit brun…

    Adam écarquilla les yeux et fixa Ssifer, qui avait sorti la tête de mon cou, outré de ne pas croire ce que je racontais.

    -       Tu parles réellement… ?

    -       Et lui ? Il est sous le choc ou débile ? me demanda Ssifer.

    -       Sous le choc, Ssifer. Il n’y a pas de serpent qui parle. Donc soit indulgent.

    Il me regarda et remis sa tête dans mon cou.

    -       Ton âme se comporte comme un chat avec toi !

    -       C’est parce que je l’aime bien. Elle est gentille et je sais qu’elle ne m’utilisera pas à de mauvaises fins. Donc oui, je me comporte comme un animal domestique avec elle. Et ne me traite pas de chat !

    -       Pourquoi ça ?

    -       Le gros matou ce n’est pas moi. C’est Fira, l’âme du feu.

    -       Tu veux dire que l’âme du feu est un chat… ? se moqua Adam.

    -       Écoute, vu que tu as l’air un peu crétin malgré ce que pense Alexiel, je vais tout t’expliquer. Les 4 éléments sont une âme différente. Moi je celle de l’eau, un serpent, celui du feu est un félin, celui de l’air est un oiseau et celui de la terre est un canidé. Pour nous réveiller, il faut être un minimum puissant. Et pour nous donner une forme, il faut l’être un peu plus. Et lorsque s’est arrivé, aucun de nous n’avait une forme descendante et menaçante. Du moins pour ce qui est de moi qui était une espèce de ver et de Lass, l’âme de la terre, qui était un canidé minuscule et ridicule. Mais il a suffi qu’Alexiel me touche du bout des doigts pour m’éveiller. Et surtout, lorsque je me suis retrouvée vivant, j’étais un serpent géant et magnifique. En plus de ça, elle arrive à me garder sous forme solide pendant une longue durée sans même que ça l’épuise. Alors imagine un peu comment vont être les autres âmes. Fira risque d’être un félin d’une taille imposante aux crocs immenses, Aegle sera sûrement un rapace majestueux, aux griffes acérées et Lass sera certainement un canidé énorme. Alors tu veux toujours rire, petit Brun ?

    Adam resta sans voix. Apparemment mon nouvel ami ne lui plaisait pas trop.

    -       Et pourquoi toi en premier ? Pourquoi Lass, Fira ou Aegle ne sont pas apparus ?

    -       Euh… Parce que je suis l’élément qu’elle arrive à contrôler pour le moment. Lorsqu’elle arrivera à contrôler les autres, ils apparaîtront. Mais je sens Lass parmi nous.

    -       Il ne peut pas apparaître ? lui demandais-je, curieuse.

    -       Euh… Tu ne sais pas contrôler la terre Alexiel. Ça risque d’être compliqué de le faire apparaître, m’expliqua Ssifer.

    -       Je veux essayer !

    -       De quoi ? s’étonna Adam.

    -       Contrôler la Terre.

    -       Maintenant ?! firent Ssifer et Adam à l’unisson, aussi étonnés l’un que l’autre.

    -       Bah oui.

    -       Tu es folle Alex. Tu ne sais même pas comment faire.

    Je haussai les épaules. Il fallait bien essayer de toute manière.

    -       Alexiel, peut-être que Lass ne se laissera pas approcher de cette façon ! s’exclama Ssifer.

    -       On va voir !

    Je posai mes mains sur un arbre et ferma les yeux. Je sentais la vie couler sous mes doigts. Chaque battement de la Terre me provoquait un frisson. J’avais l’impression de tenir un cœur chaud au sein de mes mains. Soudain je sentis comme une caresse sur mon visage. Quelque chose de doux et de très agréable.

    -       Époustouflant…murmura Adam.

    -       Elle y arrive… souffla à son tour Ssifer.

    J’essayai de ne pas faire attention mais il semblait qu’il se passait quelque chose. Mais je devais rester concentrer. Je ne savais absolument pas comment m’y prendre car avec l’eau, tout avait été différent. Mais je pouvais le faire, je le sentais.

    -       C’est donc toi… 

    -       Tu es Lass ? 

    -       C’est exact. Et toi tu dois être Alexiel… 

    -       Oui… 

    -       Tu es bien plus accueillante intérieurement que tu ne veux le faire croire… 

    -       Comment ça ? 

    -       Ton cœur est beau, ta puissance est sublime et tu es loin d’être bête. 

    -       Tu accepterais que je sois ton hôte… ? 

    -       Une aura pareille ce n’est pas tous les jours que l’on en voit une… 

    -       C’est « Oui » alors ? 

    -       Approche… 

    Je m’avançai encore légèrement. Soudain, une branche s’entoura autour de mon bras et me tira. Je résistai. Lass devait certainement me mettre à l’épreuve. La pression se faisait plus forte mais je m’en fichais, je gagnerais. Je posai mon autre main sur la branche et tira de mon côté. Ce n’est que là que je compris. Ce que je tenais, c’était Lass. Le bois n’était pas du bois, c’était doux et soyeux. Des poils ! Voilà ce que je tenais !

    -       Tu as de la force petite… 

    -       Ne me sous-estime jamais… 

    Je le sentais plier.

    -       C’est bon Lass, tu as perdu. Elle te contrôle…

    Je ne pouvais pas me retourner, trop occupée à résister, mais j’avais sentis comme de la satisfaction dans la voix de Ssifer. Soudain la branche me lâcha et je partis en arrière, tombant sur les fesses. Adam courra vers moi.

    -       Ça va ?

    -       Moi oui… Mon coccyx je ne sais pas…

    -       Je vais le…

    -       Non ! C’était un test.

    -       Ssifer ne t’a pas souffrir, dit Adam, énervé.

    -       Là non plus je n’ai pas souffert. Je suis juste tombée ! Déstresse un coup !

    Et d’un coup, Adam s’arrêta de parler et tourna la tête. Je suivis son regard et se tenait devant nous un chien énorme, extrêmement poilu. Je me redressai, pensant que sa hauteur était dû au fait que je sois par terre mais non. Le chien m’arrivait bien plus haut que l’épaule. Il ressemblait à un loup mais il était bien plus menaçant qu’un loup. Vraiment beaucoup plus menaçant. Ses crocs dépassaient largement de sa gueule, il avait de très grands yeux noirs et surtout des pattes énormes. Son pelage était marron foncé avec des touches plus claires et plus foncés à différents endroits.

    -       Rétréchi mes crocs ch’il te plaît…

    -       Pardon… ?

    -       Mes crocs ! Ils chont trop grands pour que je puiche parler normalement !

    -       Oh ! Pardon…

    Je visualisai Lass et réduit ses crocs.

    -       Merci… J’imagine que je n’ai pas besoin de me présenter.

    -       Effectivement, tu es un gros chien…

    -       Oui. Heureusement que tu es puissante… sinon je ressemblerais plus à un petit chien ridicule…

    -       Genre Chihuahua ? intervint Adam.

    -       Chihuaquoi ? se demanda Lass.

    -       C’est une race de chien humain. Tout petit et ridicule… lui expliquais-je, un léger sourire sur les lèvres.

    -       Ah… Bah peut-être… En tout cas, tu m’impressionne petite… Tu es vraiment très forte…

    J’inclinai légèrement la tête en guise de remerciement. Je sentis Ssifer monter sur moi et se mettre sur mon épaule.

    -       Salut vieille branche !

    -       Tiens tiens… Tu es bien petit toi…

    -       Parce qu’Alexiel m’a fait prendre cette forme pour le petit brun qui flippait. Tu ne m’as pas vu tout à l’heure ?!

    -       C’étais toi cette énorme forme ?!

    -       Exactement ! Elle est forte hein !

    Adam et moi restions silencieux, laissant les deux âmes se retrouver.

    -       Je dois avouer que c’est très impressionnant… Une si petite personne…

    -       Et oh ! Je ne suis pas si petite, bande d’ingrats ! Je suis de taille tout à fait convenable.

    -       Tu es une Divinité ?

    -       Oui…

    -       Et tu ne sais pas la meilleure ? Tu te souviens d’Hava ?

    -       Oui… j’étais ridicule avec elle…

    -       Elles sont de la même famille !

    -       Comment ça ?

    -       Ma mère est la petite sœur de la mère d’Hava.

    -       Et comment cela se fait-il que tu sois aussi puissante ? Parce que sans vouloir être méchant, Hava était méchante, bête et se surestimait. Elle n’a réussis qu’à me faire apparaître une fois. Et elle n’a jamais réussis à contrôler les deux autres éléments, Fira et Aegle. Pas même une flammèche ou une brise. Il n’y avait que Ssifer qu’elle pouvait appeler un peu plus souvent mais celui-ci ressemblait à un ver… Et puis la preuve est là. Elle est morte en se faisant tuer bêtement. Elle n’a même pas vu le danger arriver.

    -       Je suis certainement plus puissante qu’Hava car ma mère est la 13ème fille de Dieu, la fille maudite et mon père est le fils de Lucifer et donc le Roi des Démons.

    -       Tu es sérieuse ?

    -       Je ne vois pas où j’irais inventer ça…

    -       Très impressionnant…

    -       Nous avons une maîtresse de marque, mon petit Lass…

    Soudain j’entendis plusieurs voix. Je me retournai vers Adam, qui avait senti des gens approcher aussi.

    -       Ssifer, Lass, venez. Il faut vous cacher.

    Je tendis la main et ils rentrèrent tous les deux dans mon corps.

    -       Et le premier qui parle trop et me déconcentre en prendra pour son grade. Compris ? 

    -       Oui Alexiel, me répondirent-ils tous les deux avec une voix mielleuse, indiquant qu’ils se moquaient de moi.

    Je souris légèrement et me mis à côté d’Adam.

    -       Un grand danger ? demandais-je, lui attrapant la main.

    -       Non… Enfin, cela dépend du point du vue… répondit-il, grimaçant légèrement.

    Je le regardai, ne comprenant pas de quoi il voulait parler quand soudain, je sentis la présence de mes parents.

    -       Tu les as prévenus !

    -       Non ! Je n’ai rien fait, je n’y suis absolument pour rien !

    -       Alors qu’est-ce qu’ils font là ?!

    -       Alexiel ?!

    Je me tournai vers mon père, le regard froid, tendue.

    -       Qu’est-ce que tu fais là ?! s’exclama-t-il.

    -       Je peux vous poser la même question…

    -       Une grande vague de puissance a été ressentie et nous l’avons suivie. Et nous sommes arrivés ici, devant toi. Tu y es pour quelque chose ?

    -       Si ta question est : Est-ce que j’ai fait une connerie ? La réponse est non.

    -       Alors qu’elle était cette vague ? intervint ma mère.

    -       C’est vous les Dieux. Vous devriez savoir.

    -       Alexiel, ne soit pas isolante.

    -       Maman, ne soit pas une mère.

    -       Je te demande pardon ?

    -       Tu es excusée. Je te rappelle que j’ai 19 ans, depuis peu certes mais 19 ans quand même, et que tu ne m’as pas élevée. Je n’ai donc aucune leçon ou ordre à recevoir de toi.

    -       Et si c’est moi qui te le demande ?

    Je tournai la tête et vis Sara, accompagnée d’Aaron. Raaah mais ils avaient tous décidé de me rendre folle ou quoi ?!

    -       Sara, navrée mais non. Je ne conçois même pas que tu aies pu accepter que des parents abandonnent leur enfant, toi qui es une mère formidable. Franchement ça me dépasse.

    -       Tu ne connais pas toute l’histoire…

    -       Oh… vous voulez certainement parler d’Hava ?

    Ils se figèrent tous les 4.

    -       Comment as-tu entendu parler d’elle ?

    -       Niark niark… 

    -       Ssifer, la ferme… lui balançais-je directement.

    -       Roooh… 

    -       On me l’a soufflé… repris-je.

    -       Qui « On » ?! s’exclamèrent mes parents à l’unisson.

    -       Pourquoi cela vous dérange-t-il à ce point que j’ai pu entendre parler d’Hava ? Elle aussi fut traitée comme moi ou pire étant donné que son père n’avait aucun lien de sang avec la royauté en Enfer ? Maman, ta sœur l’a abandonnée aussi à son sort ?

    Ma mère resta sans voix. Mon père s’avança vers moi.

    -       Écoute, Hava était une erreur… Et nous ne voulons pas que ça se reproduise…

    -       C’est qui ce con ? me demanda Lass. 

    -       Je vous présente mon père… 

    -       Je peux le noyer ? me demanda Ssifer, le sourire carnassier se sentant dans sa voix. 

    -       Non… Pour le moment, on ne fait rien. Une erreur comme moi tu veux dire ?

    -       Bien sûr que non ! Tu n’es pas une erreur toi ! s’exclama ma mère, visiblement blessée que je puisse penser cela de moi.

    -       Et bien étant donné qu’Hava est issue elle aussi de l’amour entre un Ange et un Démon et en plus de ça, c’est la nièce de Maman. Ma cousine. La fille de la 1ère fille d’Ysos. En quoi cela est différent, en dehors du sang non-royal de son père ?

    Mes parents restèrent silencieux.

    -       A la vérité, vous savez tout aussi bien que moi qu’Hava et moi ne sommes pas si différentes que ça l’une de l’autre…

    -       C’est faux !! s’exclama de nouveau ma mère. Tu es tout à fait différente de cette fille ! Tu n’es pas comme Hava !

    Je vis des larmes couler de ses yeux.

    -       Qu’est-ce que cette fille a fait… ?

    -       Des choses graves…

    -       Mais arrêtez un peu ! C’était il y a des siècles ! Vous n’étiez même pas nés tous les deux !!

    Ils me regardèrent avec des yeux ronds. Mon père s’approcha rapidement de moi, visiblement énervé et je m’attendais à me prendre une énorme baffe. Lass et Ssifer se tenaient prêts à agir s’il se passait quoique ce soit qui puisse me mettre en danger.

    -       D’où tiens-tu toutes ces informations ?!

    -       Tu crois sérieusement que je vais te le dire… Tu es plus naïf qu’il n’y paraît, Papa…

    Il m’attrapa par les épaules mais Adam le poussa, ce qui lui valut d’être expulsé. Mon père venait d’expulsé mon petit copain à quelques mètres.

    -       Ne t’occupe pas de ça, Adam ! C’est entre Alexiel et moi !

    Je ne pouvais pas me retenir. Ni retenir Ssifer et Lass qui sentaient le mal que ça me faisait. Mon père se retrouva accroché en l’air par les pieds par des branches d’arbres. Et dès qu’il tentait de se détacher, un jet d’eau le giflait.

    -       Mais que… ALEXIEL ! Détache-moi immédiatement !!

    -       Rêve. Tu ne touches même pas à Adam…

    -       C’était toi la vague de puissance !! s’exclama Aaron.

    -       Oui sûrement, lui répondis-je, brièvement.

    -       Tu contrôle deux éléments sur quatre… souffla Sara, impressionnée.

    -       Oh mais je fais mieux que ça, Sara. Ssifer, Lass, venez, dis-je d’une voix plus douce pour ne pas les vexer.

    Ssifer apparut à côté de moi, grand et majestueux avec ses écailles brillantes et Lass était toujours aussi grand et puissant. Ils s’assirent tous les deux à côté de moi, enfin Ssifer s’enroula plus qu’il ne s’assit. Je vis l’expression de chacun des adultes présents changer. Adam semblait ravi que je montre ainsi ma puissance, et les 4 autres ne ressemblaient pas à grand-chose avec leurs yeux ronds comme des billes.

    -       Je vous présente donc Ssifer, l’âme de l’eau et Lass, l’âme de la terre.

    -       Ce sont des animaux…

    -       Bien vu, Maman.

    -       Tu leurs as donné une forme humaine, continua-t-elle, toujours sous le choc.

    -       Oui. Je les ai matérialisés. Et maintenant ils sont comme des animaux de compagnie.

    -       Ça ne change rien au problème « Hava ». Qui t’en a parlé ?

    J’avais presque oublié mon père, toujours perché.

    -       C’est Ssifer, lui hurlais-je.

    -       Ça ne parle pas un animal, Alexiel, se moqua-t-il en retour.

    -       Et pourquoi donc Monsieur ?

    Bon, de nouveau, Ssifer se faisait remarquer et de nouveau, ils tiraient tous des têtes pas possibles.

    -       Ton serpent… il parle ! hurla mon père.

    Je me pinçai l’arête du nez. J’étais censé m’adresser à des Dieux. Et là j’avais plutôt affaire à une bande d’ahuris finis.

    -       Oui mon serpent parle ! Et mon chien aussi !

    -       Hé ho ! Je ne suis pas un chien ! s’exclama Lass, vexé.

    -       Excuse-moi Lass. Un canidé de taille démesurée ?

    -       Long mais mieux…

    -       Donc ton ch…canidé de taille démesurée parle aussi… souffla presque ma mère, comme si elle allait tomber dans les pommes.

    -       C’est ça…

    -       Ouah… laissa entendre Sara avant de se laisser lourdement tomber par terre.

    Je l’avais rarement vu manquer autant de classe.

    -       Oh !! On se réveille ! Vous êtes censé être des Divinités et là, j’ai plutôt l’impression que vous découvrez, tous, le monde magique ! Il faut vous réveillez ! On dirait… des Humains. Voilà, il n’y a pas d’autres qualificatifs. Vous ressemblez à des Humains !

    -       C’est beaucoup à avaler Alexiel, souligna ma mère. Et ne nous insulte pas, je te prie.

    -       Ah non. Tu sais que là, je suis à deux doigt de te faire subir le même sort que Papa alors franchement ne me dit pas que deux animaux qui parlent c’est beaucoup à avaler pour la 13ème fille de Dieu. Et après ce que tu viens de dire, j’en ai encore plus envie étant donné que mes meilleurs amis sont Humains.

    -       Tu as vu leur taille… ! Et excuse-moi, je ne pensais à eux…

    Je regardai une branche et la fit descendre jusqu’à ma mère. Je la lui fis toucher une de ses pommettes.

    -       Alexiel ! Non. C’est bon. Ta mère veut seulement dire que ce que tu viens de réaliser est énorme. Et c’est également très rare. Je suis moi-même étonné, m’interrompit Aaron, mais ce n’est pas pour autant que je mérite d’être accrocher à un arbre par les pieds.

    J’ordonnai à la branche de remonter.

    -       Parlez-moi d’Hava. Qu’a-t-elle fait ?

    Ils restèrent une fois de plus silencieux.

    -       Très bien. Ssifer, Lass, on y va.

    -       Non, Alexiel, reste… me supplia ma mère.

    -       Expliquez-moi alors.

    -       Très bien. Ta tante, Déna, était la fierté de notre père. Elle était l’Ange parfaite. Grande blonde platine, yeux bleus. Elle était gentille et charmante. C’est pourquoi le jour où elle s’est entichée d’un Démon comme Dan, ce fut le choc pour tout le monde. Notre mère était alors enceinte des jumelles. Et cela ne donnait que plus envie à ma sœur d’avoir un bébé. Elle commit alors l’irréparable. Elle fit l’amour avec Dan, la liant à jamais à lui et tomba enceinte de lui. Pour elle, tout était rose. Mais malheureusement, Dan avait d’autres projets. Il voulait forcer Déna à mettre notre père à terre pour prendre possession du Paradis. Ainsi il aurait la reconnaissance de son peuple, les Démons et surtout le pouvoir. Evidemment, il lui avait promis qu’ainsi ils pourraient rester ensembles à jamais sans avoir à se cacher. Déna y a cru évidemment, amoureuse comme elle était. Mais le plan de Dan a échoué et il s’est donc replié sur lui-même, laissant Déna dans le plus grand désarroi. Ce fut donc dans cet état d’esprit qu’elle mit au monde Hava. Et au fur et à mesure, le cœur d’Hava se noircit et elle devint aussi maléfique que son père. Mais étant donné qu’elle était beaucoup moins puissante que ce qu’on avait redouté, nous ne sommes pas plus inquiétés que ça. Dan lui fit subir un entraînement intensif. Et c’est sûrement à force d’épreuves en tout genre qu’elle put contrôler un ou deux éléments.

    -       Ssifer… soufflais-je, mon cœur se serrant.

    -       Il est vrai que lorsqu’elle tentait quelque chose, ça ratait. Et quand elle m’invoquait, c’était sur une durée très courte, en plus de ça, j’étais un ver. Et puis, elle nous contrôlait à peine. Il y a des fois où s’est arrivé qu’elle nous invoque mais qu’elle avait tellement peu de puissance que nous ne pouvions même pas sortir. Alors que toi Alexiel, il a suffi que tu tendes le bras pour que l’on rentre en toi et ensuite il a juste suffit que tu te concentre légèrement pour que l’on sorte sous notre forme, me dit-il, enroulant sa queue d’eau autour de moi et posant son énorme tête à côté de moi, pour tenter de me rassurer. Je déposai ma main entre ses deux yeux et le caressa légèrement.

    -       Peut-être mais Hava était aussi très amère et profondément méchante… continua ma mère.

    -       Ah oui c’est vrai. C’est de ça dont je parlais à joli cœur tout à l’heure lorsqu’il m’a comparé à un chat. Je disais que toi, tu ne m’utiliserais pas à de mauvaises fins. Hava, c’est ce qu’elle faisait. Même si je dois avouer que c’était pitoyable et marrant à la fois. Elle était tout ce qu’il y avait de plus risible lorsqu’elle voulait lancer une attaque magique, continua Ssifer, toujours près de moi.

    -       Elle devait tout de même être un minimum puissante pour marquer les esprits, répondais-je, dubitative.

    -       Elle était une tueuse née… tout comme son père. La magie n’était pas son fort mais le corps à corps si. C’est d’ailleurs à cause d’une erreur tactique qu’elle est morte. Elle a voulu combattre Lif, le frère de Lucifer. Elle a perdu la vie, me répondit ma mère.

    -       Et ainsi, Lass et moi avons pu retourner dans notre élément respectif, enfin libérés de cette teigne.

    -       Hava était donc méchante. D'accord. Mais pourquoi tout ce foin lorsque j'ai parlé d'elle ? Mise à part mettre le frère de Lucifer au défi, elle a fait quoi ? continuais-je, toujours une foule de questions en tête.

    -       Fais-moi descendre et je pourrais peut-être participer à votre conversation... ?

    Mince, j’avais complètement oublié que j’avais perché mon père à quelques mètres du sol.

    -       Oui évidemment. Mais si je fais ça, je veux des réponses claires et franches. Et pas votre soupe habituelle comme quoi je ne suis pas prête ou ce genre de choses sinon je vous envoie tous en haut de cet arbre.

    -       Promis Alex… me répondit Aaron, le regard triste.

    -       Bon… Si tu veux tout savoir, si ta mère est la fille maudite c’est en quelque sorte la faute d’Hava… me dit mon père, prenant ma mère dans ses bras.

    -       Mais je croyais qu’elle n’était pas puissante.

    -       Elle, non. Mais par contre sa mère, ma sœur, l’était. Et elle a également donné de la puissance à Dan, dit ma mère, l’air triste.

    -       Je ne comprends plus rien…

    -       Hava est née le jour 13. Et elle est également morte un 13, m’expliqua mon père.

    -       C’est à cause de ça que ce chiffre est maudit ?! m’exclamais-je.

    -       Exact. Dan et ma sœur ont maudit le chiffre 13 en hommage à leur fille. Et lorsque que je suis née, j’ai eu cette marque…

    Ma mère découvrit son épaule et on put apercevoir une marque, comme marquée au fer rouge.

    -       C’est quoi ? demandais-je.

    -       La marque des enfants maudits. Ange comme Démon. C’est à cause de Déna et Dan que je suis devenue l’enfant maudite. Pour une simple question de vengeance.

     

     


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