• Chapitre 9

    9.

     

    -         Et le fait que tu sois maudite à quels effets sur toi… ?

    J’avais fait rentrer Ssifer et Lass en moi, ils avaient envie de se reposer un peu.

    -         Oh et bien, à la base, je suis condamnée à vivre dans le tourment avant de mourir.

    -         Mais… tu n’es pas morte. Et, tu ne vis pas spécialement dans le tourment.

    -         Non. J’ai eu de la chance dans ma malchance. J’ai rencontré ton père. Et nous sommes tombés amoureux l’un de l’autre.

    -         Tu veux dire qu’avoir couché avec le fils de Lucifer t’a sauvé la vie ?

    -         En autre. T’avoir eu m’a aussi sauvé la vie.

    -         Comment ça… ?

    -         Si nous ne t’avions pas eu, ta mère aurait quand même été condamnée, souligna mon père.

    -         Alors pourquoi m’avoir abandonnée ?!

    -         Dan voulait ta mort, répondit ma mère, la voix posée mais je sentais la colère qu’elle contenait.

    -         Encore un ?! Pour changer. Et pourquoi ce charmant Monsieur voulait me tuer ?

    -         Parce que sa propre fille a été tuée et qu’il voulait réparation. Nous l’en avons empêché… expliqua mon père.

    -         Vous l’avez supprimé en clair…

    -         Ils n’ont pas eu le choix Alexiel… Il voulait ta peau, me répondit Sara, s’approchant de moi.

    -         Mais vous n’avez pas pensé que ce Dan et ce Jack aient un quelconque point commun ? Enfin, je propose ça comme ça hein. Mais il ne faut pas être Sherlock Holmes pour faire un rapprochement quand même… répondis-je, presque choquée d’avoir compris ça toute seule.

    -         Comment ça ? s’exclamèrent mes parents ainsi que Sara et Aaron, à l’unisson.

    -         Bah il va falloir m’expliquer pourquoi un homme voudrait ma peau sachant que je ne le connais ni d’Eve ni d’A… enfin je ne le connais pas du tout. Et ça m’étonnerait qu’il me connaisse également. Donc, étant donné que vous avez tué ce Dan, pourquoi ne pas émettre l’éventualité que ce Démon ait réussi à se réincarner et qu’il ait vécue sur Terre en attendant le jour de sa vengeance ?

    Ils restèrent tous dubitatifs mais je semblais avoir émis une hypothèse qui tenait la route. J’avais tout de même du usé d’exagération pour qu’ils y voient clairs.

    -         Est-ce que ta sœur a dit quelque chose par rapport à ça ? demanda mon père à ma mère.

    -         Ma sœur est devenue folle je te rappelle. Elle est dans les prisons du Paradis…

    -         Pourquoi ne pas aller la voir ? proposais-je.

    Mes parents se tournèrent tous vers moi. Je n’avais pas l’impression d’avoir dit une bêtise pourtant.

    -         Bah quoi ? m’étonnais-je.

    -         Elle est devenue folle ma chérie… Elle ne nous sera d’aucune utilité…

    -         Sauf qu’en me voyant, son désir de vengeance va s’accroître, c’est une certitude. Elle voudra certainement me tuer mais je peux tenter de la manipuler pour en tirer quelque chose…

    -         Nous avons déjà essayé de la manipuler pour savoir… Mais rien n’y fait, elle reste muette…

    -         La colère aveugle beaucoup de personne… Elle sera plus concentrer sur le fait que je sois là et sur l’envie qu’elle ait de me tuer que de protéger son esprit d’une quelconque manipulation.

    -         Si ça marche… commença ma mère.

    -         … Nous saurons où se trouve ce type, finit mon père, la colère se lisant sur son visage d’habitude si détendu.

    -         Si mon hypothèse est correcte, oui, affirmais-je.

    -         Il faudra l’approbation de mon père mais ça peut se faire…

    -         Très bien ! Qu’est-ce qu’on attend alors ?! m’exclamais-je, heureuse qu’ils soient enfin d’accord avec ce que je disais.

    -         Alexiel, prend moi la main, me dit ma mère, en me tendant la sienne.

    Je m’exécutai et Adam me pris également la main.

    -         Ah non ! Toi, tu ne viens pas ! cria d’un coup ma mère.

    -         Et pourquoi ça ?! m’exclamai-je

    -         C’est un Démon, il n’a rien à faire au Paradis !! continua-t-elle.

    Je regardai ma mère de façon insistante.

    -         Tu es sérieuse ?

    -         Oui ! Les Démons ne sont pas les bienvenus !

    J’explosai de rire. Les nerfs certainement.

    -         Quoi ?! s’étonna-t-elle.

    -         Hahahahahaha ! Maman !!!! Franchement, plus on avance, plus je me demande si tu réfléchis de temps en temps, lui répondis-je, tout en m’essuyant une larme que le coin de l’œil.

    -         Je te demande pardon ?!!

    Je montrai mon père du doigt.

    -         Il vient ? lui demandais-je.

    -         Oui, nous avons besoin de lui.

    -         Alors Adam vient. Il est le seul qui ne me fasse pas péter une durite ici.

    -         Mais c’est un Démon…

    -         Et Papa aussi. Et puis Adam est le rejeton que Papa a gracieusement adopté. Donc il vient, y’a pas à discuter. Et si c’est toujours non, je reste également sur Terre étant donné que les Démons ne sont pas les bienvenus.

    -         Tu es les deux toi, tu as le droit, rétorqua ma mère.

    -         Oui, sûrement, sauf qu’en ce moment, je suis surtout Démon. Même très Démon, répondis-je, même si j’étais sous ma forme mi- Ange également ; c’était simplement pour spécifier mon agacement ainsi que énervement grandissant.

    -         C’est bon, ça va ! Il vient. Adam, prend la main d’Alexiel.

    -         Merci Maman.

    Elle grogna quelque chose mais le principal c’est que j’avais gagné. Adam venait avec nous. Il me regarda avec un sourire et je déposai un baiser doux et léger sur ses lèvres. Je sentis mes parents (les 4) se tendre mais ils ne dirent pas un mot. Peut-être qu’un jour, ils accepteraient que je sois follement amoureuse d’Adam et inversement.

    -         Bon, on y va ?!

    -         Oui…

    Soudain, la terre trembla.

    -         Lass ! C’est toi ?  

    -         Non, je n’y suis absolument pour rien. 

    -         Ssifer…  

    -         Hé ho ! J’ai rien fait. Je ne contrôle pas la terre, moi.  

    -         Oui mais dans la terre, il y a de l’eau alors bon, je m’attends à tout venant de vous deux !  

    Et nous décollâmes. C’était ma mère. Je la regardai avec étonnement. Elle semblait fragile. Mais j’avais le sentiment que même si j’avais beaucoup d’énervement contre elle, elle allait certainement me surprendre. Soudain, une lumière vive apparut et me brûla presque les yeux. Et lorsque je réussis à ouvrir de nouveau mes yeux, je vis un monde tout à fait similaire au notre... en temps de guerre. C’était ravagé.

    -         Maman… C’est quoi ça ?

    -         Le Paradis… ravagé par ce connard de mes deux…

    Ah… ma mère était vraiment énervée.

    -         Je te jure que si ton hypothèse s’avère vrai, je lui fais encore plus la peau que ce qu’on a fait il y a quelques années. Je l’exploserais tellement qu’il n’aura même plus la force et l’esprit de se réincarner…

    -         Tu sais que ce n’est que quand tu es comme ça que je vois de qui je tiens…

    -         Tu as encore beaucoup à apprendre de moi, Alexiel. Peut-être que tu n’en a pas l’impression, mais toi et moi, nous nous ressemblons bien plus que tu ne le crois. Si ton père est tombé amoureux de moi, ce n’est pas seulement pour ma beauté, je te rassure…

    -         J’ai hâte de te voir à l’œuvre…

    Lorsque nous nous retrouvâmes à terre, nous croisâmes un Ange. J’ai cru que j’allais vomir. Il était encore plus pâle qu’un Ange de base, il lui manquait une grande partie de cheveux, remplacés par des croûtes de sang. Ses yeux roses était devenus rouge écarlate et il avait des vaisseaux qui avait explosés un peu partout, dans les yeux comme sur le visage. Ses veines étaient plus qu’apparentes et certaines sortaient même. Il ressemblait à un véritable zombie.

    -         Maman… C’est quoi ça… ?

    -         Voici les dégâts…

    -         Il faut que nous l’arrêtions et au plus vite… souffla mon père, lui aussi choqué.

    -         Bon, allons voir Papa… En espérant qu’il ne soit pas trop débordé…

    Je sentis Adam tendu. En même temps il se trouvait au Paradis.

    -         Mon cœur, qu’est-ce qu’il y a ?

    -         Je n’ai jamais vu ça…

    -         Tu veux dire que tu as peur ?

    Il me regarda, le visage grave.

    -         Évidemment… Après tout, c’est la toute première fois que je viens au Paradis et la première vision que j’ai est ça, cet Ange qui n’est presque que poussière…  

    Je lui serrai la main et nous avançâmes. Les Anges n’étaient pas tous aussi ravagés mais cela faisait mal. C’était mon peuple.

    -         Au secours…

    Adam et moi nous retournâmes et vîmes une enfant allongée par terre, en sang. J’allai vers elle et lui redressai la tête. Soudain, quelqu’un m’attrapa par derrière et m’étrangla. Surprise, je ne réagis pas immédiatement mais Adam le balança contre le mur.

    -         Qu’est-ce que tu veux ?!

    -         C’est la Princesse… C’est de sa faute si on en est là !!

    Je me redressai et d’un coup, je ne pouvais plus me retenir.

    -         Répète…

    -         Alexiel, surtout calme toi…

    -         C’est parce que cette fille est venue au monde qu’on en est là. Si tu avais été tuée dès le départ, rien de cela ne serait arrivé !

    Je m’approchai de lui, l’attrapai par le cou et le soulevai. Je ne pensais pas que je pouvais avoir autant de force mais apparemment, le fait que cet homme m’avait fortement énervée me rendait bien plus forte.

    -         Veux-tu que l’on intervienne ? me souffla Ssifer.

    -         Pas la peine, je vais me débrouiller… Ecoute moi bien espèce de crétin fini, si vous êtes dans cette merde, ce n’est pas moi mais Dan ou Jack, peu importe. Cette merde a commencé il y a des siècles. Je n’étais même pas pensé et ma mère non plus. Alors, prétends encore juste une fois que j’y suis pour quelque chose dans ce chaos et je m’arrange pour t’envoyer en Enfer. Pigé ?

    Il me regarda et je sentis la haine, la colère.

    -         Va mourir…

    Ce furent ces derniers mots car je lui collai un coup de tête tellement fort qu’il tomba directement dans les vapes.

    -         Tu n’es responsable de rien… me rassura Adam, déposant ses mains sur mes épaules.

    -         Je le sais. Et c’est d’ailleurs pourquoi nous allons nous dépêchez pour attraper cette ordure et lui faire payer tous les dommages qu’il a causé. Je ne le laisserais plus toucher à mon royaume…

    -         Tu dis ton royaume maintenant ? me fit remarquer Adam, un sourire aux lèvres.

    -         T’occupe.

    Et nous retournâmes avec mes parents.

    -         Merci pour votre aide hein… soufflais-je, me frottant légèrement le front (il avait la tête dure le bougre !).

    -         Tu te débrouillais très bien toute seule, me répondit mon père avec un immense sourire.

    Lorsque nous arrivâmes au palais, je ne fus pas étonnée. Il était évidemment grand, très grand. Et blanc. Enfin, on devinait qu’il avait dut être très blanc auparavant car là, il se trouvait être gris clair. Les arbres qui devaient être magnifiques auparavant ne ressemblaient plus à grand-chose et l’herbe était jaunâtre.

    -         Tu as grandi là, Maman ?!

    -         Oui… Et toi aussi, jusqu’à tes 4 ans.

    Je ne sus quoi répondre quand soudain, une femme apparut. Elle était le portrait craché de ma mère, quoique plus petite.

    -         Dana !

    -         Lexie. Comment vas-tu ?

    -         Oh et bien tu sais la routine, on évite de mourir.

    -         Alexiel, je te présente une de tes tantes, Lexie, la 12ème. Lexie, tu te souviens sûrement d’Alexiel.

    -         Oh mon dieu ! Ce que tu es belle ! La dernière fois, tu n’étais pas plus haute que trois pommes et là se tient devant moi une véritable femme… et une femme qui est amoureuse du Démon ici présent.

    Je tournai la tête vers Adam qui restait stoïque.

    -         Ah oui, c’est un des dons des Anges à la base mais chez Lexie, il est plus… évolué. Elle voit vos sentiments, me précisa ma mère, légèrement mal à l’aise.

    -         C’est-à-dire ?

    -         Eh bien, elle ne fait pas que les ressentir, elle les voit. Comme un halo, commença à m’expliquer ma mère.

    -         Oui. Enfin, je t’expliquerais ça un autre jour, la coupa Lexie. Pour le moment, Papa vous attends.

    Nous rentrâmes dans l’immense palais et je fus impressionnée par la longueur et la hauteur du couloir qui se tenait devant nous. Tout était fait de blanc et de doré. Bien évidemment. Typique des Anges.

    -         Tu connais la route Dana. Pendant ce temps je vais rejoindre nos sœurs.

    -         Oui… Je vais aller parler à mon père avant que vous ne rentriez. Si vous pouvez patientez, je ne serais pas longue…

    Elle déposa un baiser sur la bouche de mon père et parti.

    -         Papa, c’est la situation qui la rend aussi mal ?

    -         Pardon ?

    Je sentis la présence de Lexie. Elle était censée partir.

    -         Oui. Pourquoi Maman est-elle aussi pâle ?

    -         Pâle ? s’étonna de nouveau mon père, regardant sur le côté. Je compris qu’il surveillait les faits et gestes de Lexie.

    -         Son aura bordel ! Pourquoi est-ce qu’elle est… pourquoi est-ce que je vois son aura moi… ?

    -         Oh oh oh !! Je vois que la petite Alexiel a un de ses pouvoirs d’Ange qui vient de s’éveiller, s’exclama Lexie.

    -         De quoi tu parles ?

    -         Voir les aura est typique des Anges. Et maintenant, tu as le pouvoir également.

    -         Oh … Cool.

    -         Sven, ta fille nous réserve-t-elle encore des surprises ?

    -         Si ce pouvoir est typique des Anges, pourquoi est-ce une surprise ? la coupais-je, assez agacée par son enjouement déplacé, étant donné les circonstances.

    -         Parce que même si cela est inné chez les Anges, il faut quelque année pour arriver à voir l’aura complète. Ton pouvoir est apparu récemment étant donné l’étonnement que tu as eu en voyant que tu pouvais voir l’aura de Dana. C’est donc une surprise car en plus d’être inné chez toi, il est aussi apparu sous sa forme maximale dès le départ. Tu comprends mon étonnement à présent ?

    -         Euh … Ouais super. Enfin ça ne change pas grand-chose.

    -         Oh plus que tu ne le pense. Qu’arrives-tu à faire d’autre ?

    -         Entrer dans la tête des gens, les manipuler à ma guise, porter les objets ou les gens à distance, j’arrive à marcher sans même émettre un seul son et je peux sentir n’importe quelle présence.

    -         C’est tout ?

    -         Je contrôle deux éléments et je peux me transformer en Démon au contact d’un Démon membre de ma famille. Et maintenant voir les auras…

    -         Ah quand même… Et quand tu es sous ta forme de Démon ?

    -         J’ai les mêmes pouvoirs avec en plus une vue irréprochable et je peux faire exploser mes adversaires en les touchant.

    -         Sven, votre fille est tout ce qu’il y a de plus fascinant car même sous sa forme Démon, elle arrive à conserver ses pouvoirs d’Ange.

    Je voyais que mon père était mal à l’aise en présence de Lexie. Et je n’avais même pas besoin de voir son aura pour le savoir.

    -         J’aimerais savoir ce qui te met si mal à l’aise avec cette femme… 

    -         C’est une femme puissante. Et elle estime que sa sœur ne mérite pas son sort. Sauf si ta mère se retrouve dans le même cas… 

    -         Mais Maman n’est pas devenue folle…  

    -         Elle estime que tombée amoureuse d’un Démon est une preuve de folie en elle-même…  

    -         Je vois… Et les 15 autres sont comme ça ou… ?  

    -         Non… Ta mère a quelques sœurs qui sont gentilles quand même… Mais j’ai une préférence pour son frère.  

    -         Évidemment…  

    Soudain je sentis une pression sur moi. Une grande pression. A la vérité, j’étouffais. Et je vis le visage de Lexie dans mon esprit. Je levai les yeux mais son expression n’avait pas changé. Elle tentait de me manipuler. Je lui bloquai l’accès à mon esprit et ce fut-là que son expression changea. Mais elle n’en resta pas là et continua à percer dans mon esprit.

    -         Oh oh ! C’est qui cette teigne ? s’exclama Ssifer 

    -         La sœur de ma mère !  

    -         Tu as besoin que nous l’arrêtions ? me proposa Lass, avec une voix calme et rassurante.  

    -         Je ne dirais pas non. 

    Je tendis mon bras et fit sortir Ssifer et Lass sous leur forme la plus menaçante. Ssifer se retrouva en cobra géant avec toujours les même écailles aux couleurs étranges et à la queue d’eau et pour ce qui était de Lass, il était énorme avec des poils beaucoup plus sombre que la dernière fois, des crocs pointues et des griffes acérées sortaient de ses grosses pattes. Lexie se stoppa net et devint toute blanche… enfin, encore plus blanche que la normal pour un Ange.

    -         C’est… c’est quoi ces choses ?!

    -         Je te présente Ssifer et Lass, mes éléments.

    -         C’est impossible… ce sont des animaux, pas des éléments !

    -         Les éléments ont une âme ma chère Dame, la provoqua Ssifer. Et si je ne m’abuse, vous venez de faire du tort à ma maîtresse et il va falloir que vous répariez cela.

    Lass se mit derrière moi, me protégeant avec tous ses poils.

    -         Mes crocs s’il te plaît…  

    Je le visualisai et lui réduisis immédiatement ses crocs.

    -         Et si vous essayez de la toucher encore une seule fois, mon ami le serpent et moi-même nous ferons un plaisir de vous éliminer. Qu’en dîtes-vous ?

    -         C’est un monstre !!

    -         Soyez gentille Madame tout de même… Ce n’est qu’un chien…

    Lexie resta bloquée sur Ssifer qui souriait (pour un serpent).

    -         Je parlais de cette fille !

    -         Ah, c’est encore moins gentil…

    Ssifer s’approcha d’elle et l’entoura de tout son corps avec sa queue, laissant juste la tête apparaître. Il l’approcha de moi.

    -         Je suis plus puissante que toi. N’essaye plus jamais de me manipuler, lui dis-je, plongeant mes yeux dans les siens.

    -         Je n’ai vu que du Mal en toi. Tu es un Démon. Tu n’as rien d’angélique.

    -         À ton avis, qui est la plus diabolique d’entre nous deux ? Une Déesse qui essaye de piégée sa nièce pour la vengeance de sa sœur ou alors ladite nièce qui essaye de sauver les deux Mondes d’une menace imminente ?

    Je sentis une main se poser sur mon épaule.

    -         Non Papa !

    Mais c’était trop tard. Au vue de la situation, je me transformai en Démon. Je soupirai donc, lassée que personne ne retienne la leçon.  

    -         Franchement… Quand je suis énervée, on ne me touche pas et cette règle s’applique surtout pour ceux qui ont un lien de sang avec moi !

    -         Je suis désolé ! J’avais oublié… Je voulais juste te calmer…

    -         Loupé.

    -         Oh… Et en plus tu es le portrait de ton père en Démon. Tu es franchement une nuisible…

    Je me tournai vers Lexie.

    -         Écoute-moi la vipère, je te rappelle que tu es actuellement en très mauvaise position étant donné que mon serpent te tient. Alors si tu n’as pas envie que je lui ordonne de te presser comme un citron, je te conseille de la boucler et rapidement ! Bon… Il faut que je me concentre pour redevenir normale…

    Soudain on entendit un énorme bruit. Nous nous dirigeâmes tous vers la salle où se trouvait ma mère et mon grand-père. Tant pis pour la transformation. Lorsque nous rentrâmes, Ysos semblait furieux et ma mère était à genoux. Je vis mon père se tendre et d’un coup, son aura se transforma et devint noire. Je le retins, pour une fois que je pouvais le faire.

    -         Non ! Si tu fais ça, ça va empirer la situation.

    -         QU’EST-CE QUE VOUS FAITES LA VOUS ?!

    Ha, papy Dieu nous avait vus.

    -         Ysos ! Lâche-là ! hurla mon père, sur le point d’exploser mais toujours coincé dans mes bras étant donné que je tentais de le stopper.  

    -         Et pourquoi je t’obéirais, Sven ?!

    -         Parce que tu l’aime autant que moi ! C’est ta fille !

    -         J’en ai 15 autres enfants !

    Je n’arrivais pas à croire ce qui arrivait. Ysos voulait se débarrasser de ma mère. Je lâchai mon père et m’avança mais ce fut au tour d’Adam de me retenir.

    -         Je t’en prie, ne fais pas ça. Il va t’éliminer toi aussi.

    -         Non… Il ne pourra pas… Enfin du moins j’espère qu’il n’en aura pas la force… Ssifer, tu gardes ma tante sous ta coupe s’il te plaît, tu seras un amour, lui dis-je, d’une voix douce mais quand même tendue.  

    -         Évidemment Alexiel… me répondit-il, inclinant légèrement sa tête par la même occasion.  

    Je continuai ma route. Je sentais la peur d’Adam d’ici et la mienne montait également mais il fallait que je fasse ça pour ma mère. Son père allait lui faire subir le même sort qu’à Déna, il fallait absolument l’en empêcher et égoïstement, je pensai qu’il me serrait impossible de la perdre une deuxième fois.

    -         Ysos !! C’est Alexiel ! lui criais-je, tentant de garder ma voix stable.

    -         Oh toi ! Avec tes idées stupides ! Regarde où tout ça nous as mené ! hurla-t-il, visiblement énervé contre moi également.  

    -         Je n’ai eu aucune idée stupide. Tu essayes simplement de t’en convaincre pour avoir une bonne raison de ne pas agir parce qu’au fond, c’est toi le plus terrifié !

    -         As-tu vu mon peuple, petite sotte ?!

    -         Oui… et c’est également le mien.

    -         Plus pour le moment.

    Il faisait référence au fait que j’étais en Démon. Il plaça sa main devant lui et je sentis qu’il voulait m’expulser. Je fis un geste bref de la main et m’arrêta. Je prenais de l’assurance et je sentais que je pouvais parfaitement lui tenir tête. Mais pour cela, il fallait que je me comporte comme un véritable Démon.

    -         Tu irais jusqu’à brutaliser ta petite-fille pour une simple histoire d’interrogatoire. Tu l’aimais vraiment à ce point… ?

    -         Vous n’étiez même pas nés ! Aucun d’entre vous ! Personne ne peut juger !

    -         Personne ne le fait ! Mais tout le monde sait ce qui s’est passé par la suite !

    Soudain une chaleur se fit sentir dans tout le bâtiment, comme si le soleil s’était frayé un chemin dans le toit du palais et qu’il tentait de nous griller tous sur place. Je me sentis transpirer de plus en plus.

    -         Moi j’étais là.

    Je me retournai et vis un homme. Il était bien plus grand que mon père et lui ressemblait trait pour trait en dehors du fait que lui avait les cheveux attachés sur le côté par une natte. Il était beau, très beau. Presque envoûtant. Un Démon évidemment, je ne voyais pas d’autre hypothèse.

    -         Lif, ravi de te voir, fini par dire Adam.

    -         Tiens tiens, bonjour mon petit Adam. Tu as bien changé depuis que je t’ai vu, dit-il un sourire aux lèvres.

    Il se tourna ensuite vers moi.

    -         Et tu dois être Alexiel, dit-il en s’approchant de moi. On m’a fait le récit de tes exploits et de ta beauté démoniaque mais je vois qu’ils étaient bien loin du compte. Tu es absolument Divine, dit-il un sourire carnassier aux lèvres.

    Et sans que je puisse réagir, il m’attrapa par la hanche et m’embrassa. Ce type venait de déposer ses lèvres sur les miennes. Je tentai de le repousser mais j’étais impuissante. Pour la deuxième fois de ma vie, j’étais impuissante. Depuis ce Saphir, même s’il fallait bien avouer que là, c’était bien plus agréable que la rencontre avec Saphir. Déjà, ce beau Lif n’essaye pas de me tuer mais en plus, il m’embrassait. Et divinement bien, ce qui ne rendait pas la tâche de le repousser facile. Adam apparut derrière lui.

    -         C’est ma fiancée…

    -         Oh. Et Indra ?

    Adam baissa la tête mais finit par se mettre à côté de moi, m’attrapant par la hanche lui aussi.

    -         Elle est à moi. Et je suis à elle. Alors bats les pattes.

    Lif sourit et se recula. Il posa deux doigts sur le front d’Adam et il tomba soudainement à terre.

    -         Adam !! Mais tu n’es pas bien ! m’exclamais-je, m’énervant sur ce Lif, qui venait de le mettre à terre.

    Il restait à terre et les autres restaient immobiles, comme si tout cela était normal. Bah oui, chez les Divinités, se mettre à terre les uns des autres paraissait totalement normal. 

    -         Ne t’inquiète pas. Au moins, à partir de maintenant, il pourra se dire digne de toi.

    -         Comment ça ?

    -         Allez Adam lève toi, tu es un Démon après tout.

    Lorsqu’Adam ouvrit les yeux, il les avait verts très clairs. Et ses cheveux étaient devenus noir ébène ainsi que sa peau encore plus claire qu’à la base.  

    -         Mon amour, tu vas bien ?!

    -         Euh… oui. J’ai juste la tête un peu lourde. C’est ça la transformation en Démon puissant dont je te parlais…

    -         Oooh…

    Il mit sa main sur ma joue et m’embrassa. Je lui tins sa tête et pressa un peu plus ses lèvres contre les miennes.

    -         Lif… Je n’ai pas besoin de toi, dit Ysos.

    Il semblait exaspéré et surtout, complètement dépassé par les évènements.  

    -         Tu préfères que ce soit mon frère, le père de Sven par la même occasion, qui vienne ?

    -         Aucun des deux…

    -         Alors lâche cette pauvre Dana. Elle n’y est pour rien, tu le sais autant que moi… Tu es juste dépassé…

    Ah, et bien je crois que Lif venait de dire tout haut ce que chaque personnes présentes pensait à l’encontre d’Ysos.  

    -         De quoi je me mêle saloperie de Démon ?! s’exclama Ysos.

    -         Ouh… il mord ! Ecoute moi Ysos, tu sais autant que moi que l’hypothèse que Dana t’a exposée est tout à fait plausible. De plus, tu sais très bien que Déna est devenue folle depuis le décès d’abord d’Hava et ensuite de Dan. Alors franchement, pourquoi agir comme ça avec ta fille ?

    -         Lif, ne te mêle pas de ça, le menaça presque Ysos.

    Soudain, en un clin d’œil, Lif se trouvait en face d’Ysos. Ils étaient aussi grands l’un que l’autre.

    -         Tu veux que l’on parle du fait que ta petite Hava ai voulu me tuer pour avoir une puissance illimitée ? Est-ce que tu veux vraiment que l’on reparle du fait qu’elle était folle à lier, tout comme son père et que Déna, ta fille, n’a pas su garder le contrôle et s’est laisser emporter ?

    -         Tu ne sais rien.

    -         Ysos, elle a voulu me tuer. Et je porte l’entière responsabilité de l’avoir tuée depuis des siècles en passant pour le méchant alors qu’en vérité tout le monde savait qu’elle était folle et profondément méchante. Et que franchement, ce n’est pas une grande perte, sans vouloir être indécent.

    -         Venant d’un Démon c’est ironique… Alexiel approche.

    -         Non Papa… ne lui fais pas de mal je t’en prie, le supplia ma mère, éclatant de nouveau en sanglots, ce qui déchira le cœur de mon père et le mien.   

    Lif s’agenouilla à côté d’elle et essuya une larme avec son pouce.

    -         Je suis là Dana, il ne touchera pas à ton bébé, c’est une promesse du vieux Démon que je suis.  

    Je m’approchai, sur mes gardes étant donné l’état mental dans lequel se trouvait Ysos. Je sentais la protection de Lif mais j’avais peur que cela ne soit pas suffisant face à Ysos.

    -         J’imagine que l’on t’a conté l’histoire d’Hava.

    -         Exact. Et franchement, je ne comprends pas cette ferveur que tu as de vouloir protéger sa mère. Même si c’est ta fille.

    -         J’aimais Déna. Plus que tout.

    -         Oui mais ce n’est plus Déna. Je suis certaine que la dernière fois que tu es allé la voir, elle t’a évité ou alors insulté. Alors pourquoi continué à vouloir la protéger ?

    Il posa une main sur mon épaule.

    -         Tu comprendras quand tu auras un enfant.

    Je retirai sa main. Je devais mettre mon plan à exécution si je voulais que tout fonctionne comme je le voulais. Il fallait que j’agisse comme le Démon que j’étais pour le moment.

    -         Il n’y a rien à comprendre. Laisse nous l’interroger et arrête de la protéger. Si tu refuses, cela voudra dire que tu te fiche bien du bien-être de ton peuple même si tu persiste à faire croire le contraire. Moi je ne m’en fiche pas. Et si je dois torturer Déna pour avoir des informations, je le ferais sans hésiter.

    -         Tu ne la connais même pas. Elle a souffert.

    Je haussai les épaules.

    -         Et encore. Si tu n’acceptes pas, je la ferais encore plus souffrir. Je la ferais souffrir pour que tu te sentes coupable parce que ça sera ta faute.

    -         Tu es un Démon.

    -         Oui. Mais je veux protéger ma famille et tout ce qui m’est cher avant tout.

    Ysos baissa le regard. Il ne savait pas que je bluffais. Mais je devais rester stoïque encore quelques instants sinon tout serais fichu.

    -         Bien… Vous pourrez l’interroger.

    -         Merci.

    Je l’embrassai sur la joue et sortit au plus vite de la salle. Une fois arrivée dehors, je me mis à vomir. Tout cela m’avait retourné le cœur et j’avais du mal à retenir mon émotion. Plus jamais je ne voudrais être un Démon…

    -         C’est dur d’être méchante hein… ?

    Je me retournai et vis que Lif se tenait derrière moi.

    -         Qu’est-ce que tu veux ?

    -         Faire connaissance. Tu es la fille de mon neveu tout de même.

    -         Pourquoi m’avoir embrassée ? Vous aimez les rapports incestueux dans la famille ou… ?

    -         Non, je t’ai embrassée parce que j’en avais envie tout simplement.

    -         Tu es bizarre…

    Il me fit un immense sourire. Je devais avouer que c’était un Démon très séduisant. Mais quelque chose me perturbais.

    -         Je peux te poser une question ?

    -         Évidemment.

    -         Pourquoi c’est Lucifer l’Enfer et pas toi ? Vous êtes frères après tout.

    -         Oh ! C’est juste parce que je suis le deuxième. Je ne suis pas né le premier. C’est comme dans toutes les familles royales, c’est le premier enfant qui obtient le trône. Nous n’échappons pas à la règle.

    -         Et si Lucifer meurt ?

    -         Eh bien, ça sera ton père qui prendra la succession étant donné qu’il est assez vieux pour cela. Quoi qu’il en soit, Lucifer ne mourra jamais. Il est le plus puissant de la famille. En dehors de notre père… et de toi à présent.

    -         Tout ça commence vraiment à devenir compliqué…

    -         Tu m’étonne… Ce n’est pas simple. Ah et, j’ai moi-même une question pour toi.

    -         Je t’écoute…

    -         Le gros serpent qui tient Lexie en otage et le gros chien, ils sont à qui ?

    -         Ah ça ! C’est Ssifer et Lass, mes éléments. D’ailleurs il faut que je les fasse rentrer…

    -         Tu as réussi à leur donner forme ?!

    -         Oui.

    -         Impressionnant. Vraiment très impressionnant.

    -         Merci.

    Je m’essuyai la bouche d’un revers de la main.

    -         Bien. Retournons-y…

    -         Oui, il va falloir affronter Ysos.

    -         Je m’en veux…

    -         C’est normal… Même étant un Démon, je dois bien avouer que tu m’as fortement impressionné en menaçant ton grand-père de torturer sa fille, ta tante, s’il ne voulait pas que vous l’interrogiez.

    -         Je ne l’aurais pas fait… Je n’aurais pas pu…

    -         Quand tu la verras, tu changeras d’avis, je te l’assure…

    Je le regardai mais il ne semblait pas rigoler. Je me demandais réellement à quoi m’attendre. Lorsque nous rentrâmes dans la salle, nous vîmes Ysos, affalé sur son grand trône, mon père tenant ma mère dans ses bras. Je fis rentrer Lass et ordonna à Ssifer de lâcher Lexie, qu’il avait réussi à persuader de nous laisser tranquille, avant de rentrer lui aussi. Je me dirigeai ensuite vers mes parents.  

    -         Maman… Tu vas bien ?

    -         Oui oui, mon père était énervé…

    -         Ce n’est pas une raison… Déna est devenue folle, il va falloir qu’il assume…

    -         C’est dur pour lui… Tu l’aurais vraiment torturée ? me demanda ma mère, visiblement inquiète de mon état mental.

    -         Bien sûr que non, lui répondis-je, la prenant dans mes bras. Je suis en Démon certes mais je reste un minimum civilisée. Par contre, Lif m’a dit que lorsque je la verrais, j’en aurais bien envie.

    -         Il dit ça parce qu’elle va probablement vouloir te tuer et qu’elle va être détestable au possible…

    -         Et quand allons-nous la voir… ?

    -         Maintenant.

    Je déglutis. Je n’étais pas vraiment rassurée mais c’était moi qui avait eu cette stupide, débile, idiote idée et il allait falloir que j’assume. Ysos ordonna, lacé, à ses gardes de nous conduire à l’endroit où se trouvait Déna. Il semblait profondément triste et j’espérais de tout mon cœur que cela n’était pas dû aux menaces que je lui avais faites. Nous continuâmes de marcher jusqu’à un endroit beaucoup plus sombre que le reste du château. Je pressai de plus en plus fort la main d’Adam, qui prit par les épaules, sa chaleur me rassurant. Lorsque les gardes ouvrirent la porte, j’eus comme une espèce de pression malsaine. Et je savais d’où cela pouvait venir.

    -         Entrez…

    -         Nous ne sommes pas des prisonniers, misérable. Alors surveille le ton que tu as lorsque tu t’adresses à nous avant que je ne te réduise en cendres… le menaça Lif.

    Le garde blanchi et s’inclina face à ma mère en guise de pardon. Après tout, c’était elle sa Reine.  On entendit un sifflement et j’eus des frissons dans le dos. La pièce était sombre, avec seulement quelques lumières faibles. Et c’est là que je la vis. Les deux bras accrochés à des chaines en hauteur, la tête pendante, les cheveux sales lui cachant l’intégralité du visage, une robe déchirée. Ses ongles étaient semblables à des griffes. Elle était agenouillée et ne bougeait pas d’un millimètre.

    -         C’est elle… ?

    -         Oui… C’est Déna…

    J’eus de nouveau un haut-le-cœur. Cette vision était horrible. Je n’arrivais même pas à concevoir que cette femme puisse avoir été un Ange dans sa vie. Et encore moins la fille de Dieu.

    -         Déna… ?

    Et ce fut soudainement qu’elle leva la tête, dévoilant son visage et ses yeux. Malgré ce que montrait le reste de son corps, elle restait sublime. Elle était même d’une beauté à couper le souffle. Un teint d’albâtre parfait, sans traces du temps, de grands yeux bleus clairs, des traits fins et irréprochables.

    -         Dana… C’est toi ?

    -         Oui, grande sœur…

    Elle eut un sourire, dévoilant de sublimes dents blanches. J’avais vraiment beaucoup de mal à croire qu’elle avait sombré dans la folie.

    -         Je…je ressens sa présence…

    -         Oui elle se trouve ici…

    Déna passa sa tête au-dessus de l’épaule de ma mère et se mis à me fixer. Je restai de marbre malgré le fait que j’étais terrifié et envoûtée à la fois.

    -         Tu as osé l’amener près de moi…

    -         Déna, tu sais que ce n’est pas sa faute…

    -         Si… tout est sa faute…

    -         Non… Dan était mauvais à la base… et il avait emmené Hava avec lui. On ne pouvait plus rien faire pour eux. Tu le sais autant que nous… mais ton amour t’aveugle…

    -         Au contraire, je vois parfaitement dans votre petit jeu… Vous ne m’aurez pas…

    Et d’un coup, elle cracha sur ma mère. Elle cracha du sang sur le visage de ma mère. Malgré ça, elle resta stoïque.

    -         Tu es folle Déna…

    -         Pas autant que toi… Va mourir…

    Je voyais que ces paroles blessaient profondément ma mère. Et ce n’était pas fini.

    -         Tu crois être au-dessus de moi parce que tu as réussi à garder ta fille en vie ? Mais en vérité, tu es aussi misérable que moi, si ce n’est plus. Tu ne sais rien de l’histoire qu’il y a eu entre Dan et moi, il m’aimait vraiment. Pas comme ton espèce de Roi des Enfers. Tu ne vaux rien, Fille Maudite.

    C’était trop. Je ne pouvais pas continuer à écouter des horreurs pareilles. Je rentrai dans l’esprit de Déna. Elle changea très nettement d’expression et l’assurance qu’elle avait se transforma en peur.

    -         Va s’y continue de parler comme ça à ma mère… juste pour voir…

    -         Je vois que tu es puissante ma petite…

    -         Oui. Et encore ce n’est pas le tiers de ce que je peux faire…

    -         Ah bon ? Et tu crois vraiment que tu es capable de me faire du mal ?

    Je souris et me mis à chercher dans son esprit les images les plus horribles qu’elle ait pu voir dans sa vie. Et j’appuyai là où ça faisait mal. La mort d’Hava et de Dan. Elle se mit à hurler et tout le monde se mit sur sa garde.

    -         Alexiel ! C’est toi ?! s’exclama mon père.

    -         Oui… sifflais-je, concentrée mais surtout très énervée.

    -         Arrête… me demanda ma mère.

    Je la regardai et me stoppa immédiatement. Déna arrêta de hurler et se mit à respirer fort. On avait l’impression qu’elle avait couru un marathon.

    -         Tu n’avais pas le droit ! me hurla-t-elle dessus.

    -         Et tu crois que tu avais le droit de parler à ma mère de cette façon ? Recommence une fois et je te fais encore plus souffrir que ça…

    -         Ta fille a tout d’un Démon… cracha-t-elle à ma mère.

    -         Déna… Dis-nous si tu sais quelque chose sur ce Jack ? Est-ce qu’en vérité, il s’agit de Dan ?

    Elle ne répondit pas.

    -         Déna répond… s’impatienta mon père.

    -         Et pourquoi je vous donnerais une réponse ? Je ne vous dois rien !

    -         Elle n’a pas tort, me souffla Adam.

    -         Es-tu sûre de ça ?

    C’était Lif. Je me demandais bien ce qu’il pouvait dire…

    -         Mais bien sûr !! m’exclamais-je.

    Tout le monde se tourna vers moi mais je vis que Lif savait que j’avais compris ce qu’il allait faire.

    -         Déna, dois-je te rappeler que ta fille as tenté de m’assassiner pour une question de pouvoir ? Je pense que tu as une dette envers moi. Et je n’ai pas souvenir que tu l’aies payée.

    Elle le regarda, étonnée.

    -         Tu es sérieux ?

    -         Très. C’est que j’ai eu peur, moi. J’étais jeune à cette époque.

    Je m’approchai de lui.

    -         Tu penses vraiment que ça va marcher ?

    -         Je ne sais pas mais on peut toujours tenter… Alors ?! Tu vas me la payée cette dette ? Ou tu vas te défiler, montrant une fois de plus qu’on ne peut évidemment pas compter sur les Anges, bande de poltrons que vous êtes.

    Ah ouais… carrément. Il n’y allait pas avec le dos de la cuillère lui.

    -         Et vous ? Est-ce que j’aurais le droit à quelque chose pour réparer le préjudice commis ?

    -         Quel préjudice ?

    -         La mort d’Hava. Je veux réparation.

    -         Oh ! Ne chipote pas. On sacrifiera un veau pour réparer si tu veux, se moqua Lif. Ou un petit cochon. L’équivalence sera parfaite.

    -         Tu es en train de dire que ma fille ne vaut pas mieux qu’un vulgaire porc ?!

    Lif s’agenouilla face à Déna et lui fit un immense sourire.

    -         Je suis en train de dire que si tu veux que l’on sacrifie Alexiel pour réparer le préjudice que t’as causé la mort d’Hava, tu peux te mettre ton doigt, ainsi que ton énorme et immense ongle, bien profond dans l’œil. Et que à côté d’Alexiel, oui, ta fille ne vaut pas mieux qu’un vulgaire porc ou qu’une vulgaire vache. Alors, tu décides quoi ?

    Déna se tue immédiatement. Apparemment, la pique de Lif avait fait son effet. Elle leva la tête vers moi et je sentis quelque chose m’attraper le pied. En baissant les yeux, je vis que c’était un de ses ongles. Je tombai à terre et elle tenta de me ramener vers elle. Sauf qu’elle se retrouva nez à nez avec Ssifer, la gueule grande ouverte, prêt à l’avaler toute crue. J’attrapai un poignard et coupa l’ongle. Elle hurla. Apparemment, c’était plus que de simples ongles.

    -         Ah la teigne ! Je n’y crois pas ! s’exclama Lif.

    -         Ma puce, tu vas bien ?!

    -         Oui Maman, ne t’inquiète pas.

    Bon d’accord j’avais mon cœur qui battait à 200 à l’heure mais je gérais. Du moins je tentais de gérer. Je m’approchai de Déna, toujours pétrifiée face à Ssifer. 

    -         Bien tenté, mais on ne m’a pas comme ça. Ah et ne pense même pas à blesser mon serpent, tu n’y arriveras pas, il est fait d’eau. Tu passerais à travers.

    -         Comment as-tu fais ça… ?

    -         Je suis supérieure à ta fille, mets-toi ça dans la tête. Et si tu ne nous dis pas immédiatement ce que tu sais, Ssifer se fera un plaisir de te noyer. Alors, tu croyais que je ne serais pas capable de te faire du mal une deuxième fois ? Réponds correctement parce que je saurais si tu mens et si tu mens, je ne te loupe pas.

    Déna baissa la tête. Je ne savais pas si cela était encore un piège ou si elle abdiquait réellement.

    -         Qu’est-ce que j’aurais en retour ?

    -         Tu sembleras moins stupide que tu en as l’air. C’est déjà pas mal…

    -         Je ne suis pas stupide.

    Je m’agenouillai face à elle et lui redressa le visage.

    -         Tu mets la faute sur tout le monde pour la mort de ta fille. Mais tu ne sais même pas reconnaître le véritable meurtrier. Et je ne parle pas de celui qui l’a tuée, lui dis-je, tout en entendant Lif ricaner, non, moi je te parle de quelque chose qui remonte bien avant sa mort. Le véritable meurtrier de ta fille, c’est tout simplement Dan. C’est lui qui a commencé à tuer ta fille en l’utilisant comme arme. C’est lui qui a tout fait pour qu’elle devienne une machine à tuer. Et c’est certainement lui qui lui a ordonné d’aller tuer Lif. Sa soif de pouvoir venait de son père. Et personne dans cette salle n’est responsable de sa mort. Alors soit tu te mets ça dans le crâne, soit tu ne réfléchis pas à ce que je viens de te dire et à ce moment-là, tu es réellement stupide.

    Elle me regarda avec un regard haineux mais je savais que j’avais raison.

    -         Tu te crois supérieur à moi ?

    -         Pas du tout… Mais entre nous deux, c’est qui qui est attachée avec des chaînes… ?

    -         Un point pour toi…

    D’un coup, elle leva la tête et regarda au-dessus de mon épaule.

    -         C’est ce jeune homme que tu aimes ?

    Je tournai la tête et regarda Adam.

    -         En quoi cela te regarde ?

    -         Il est puissant… C’est de mère en fille de s’enticher de l’héritier des Enfers ?

    -         Comment sais-tu ça ?

    -         Cela se voit, tout simplement. Son aura respire le Mal. Mais… il y a cette touche de couleur vive que je n’ai vue qu’une seule fois dans ma vie. Cette couleur rouge vif. La même que celle de ton père lorsqu’il est tombé fou amoureux de ta mère.

    -         Tu ne l’as pas vu chez Dan n’est-ce pas… Contrairement à ce que tu disais tout à l’heure… Tu as vu cette lueur rouge chez mon père mais il n’en était rien pour Dan.

    Elle baissa la tête.

    -         Vous auriez pu accomplir de grande choses ensembles…

    Soudain elle arracha une de ses chaînes et me projeta dans les airs. Je n’avais même pas eu le temps réagir. Je tournai sur moi-même pour atterrir sur mes pieds. Tout le monde s’était mis sur sa garde. Déna venait de déployer ses griffes.

    -         Alexiel… J’imagine qu’il est tout de même moins puissant que toi…

    -         Non… soufflais-je.

    Elle leva la main et ses ongles s’allongèrent jusqu’à transpercer Adam.

    -         NON !! hurlai-je.

    Je me ruai vers lui pendant que les autres se jetèrent sur Déna alors qu’elle essayait de se jeter sur moi. Je la voyais se débattre mais j’étais trop occupée à tenir Adam.

    -         Adam !!

    -         Ça fait un mal de chien… Il y a du poison sur ses ongles…

    Je regardai la plaie et vis du liquide vert en découler.

    -         Non, non, non… Tu n’as pas le droit de partir… Ne pars pas, le suppliais-je, me mettant à pleurer.

    Il essuya les larmes avec sa main.

    -         Je ne pense pas que je vais partir… mais je sais que j’ai mal…

    -         Elle va payer…

    -         Avec toi… j’imagine bien… me dit-il, un sourire léger sur les lèvres.

    Il ferma alors les yeux.

    -         Adam ?

    Il ne répondit pas. Je le secouai tout en criant son nom mais rien n’y faisait. J’écoutai son cœur mais il n’y avait plus de battements.

    -         ADAM !


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :