• Chapitre 5

     

    Chapitre 5

    5.

     

    -       Mais qu'est-ce qui s'est passé bordel?! hurla Sven, paniqué de retrouver sa fille, allongée par terre, inconsciente, le cœur ne battant plus.

    Dana pleurait, Alexiel dans ses bras, lui caressant les cheveux, lui demandant de revenir.

    -       Elle est si pâle… Sven, je ne peux pas perdre notre fille une fois de plus…

    Il s’agenouilla à côté de sa femme et la prit dans ses bras, ses yeux d’habitude si clairs, rougies par les larmes.

    -       On va la ramener… Ne t’en fais pas…

    Tandis que les parents d’Alexiel pleuraient sur son corps toujours inanimé, Aaron se tourna vers Gabrielle, elle aussi en pleurs et surtout choquée car c’est elle qui venait de trouver sa sœur.

    -       Ma puce, lui dit Aaron, la prenant par les épaules, que s’est-il passé ? L’as-tu entendu appeler à l’aide ? Ou quelque chose d’autre ?

    -       Je ne sais pas! Je… Je l'ai retrouvée inconsciente et son cœur ne battait plus... répondit-elle, fondant en larmes, aux pieds d’Alexiel.

     

     

    Ce n'est pas que j'avais mal mais la sensation que je ressentais n’était pas des plus agréables. J'avais des picotements le long de mon corps. J'étais complètement engourdie.

    -       Tu vas arrêter de nous appeler ...

    Je tournai la tête. J'avais quelqu'un en face de moi. Une fille aux cheveux courts noirs avec des mèches rouges avec une tenue qui était ce qu'on appeler osée. Sympa.

    -       Allez... Tu dois être mon moi Démon.

    -       Bien. Perspicace la petite.

    -       J'ai déjà eu l'autre la dernière fois alors bon…

    -       Et sais-tu pourquoi je suis ici?

    -       Oh j’ai ma petite idée mais je veux bien que tu m’éclaire…

    -       Si tu veux. Parce que tu n'es pas la personne la plus résistante que je connaisse.

    -       Normal. Je dois être la seule.

    Elle me regarda bizarrement mais continua quand même.

    -       Bref. Il va peut-être falloir te renforcer parce que là ça ne devient plus possible.

    -       Pardon ?

    -       Bah il va bien falloir que tu te renforce si tu ne veux plus nous voir, l’autre et moi, avant un moment.

    -       Je t’en prie, fait ce que tu veux. La dernière fois, mon autre moi n’a pas été de mains mortes alors je pense être préparée…

    -       Bien. Si tu te sens prête, on va pouvoir y aller. Lève-toi.

    Je poussai mon corps à m’obéir. Vu que je devais me lever je n’avais pas vraiment le choix. Je réussis donc à me lever malgré le fait que mes jambes restaient flageolantes.

    -       Ah ouais quand même

    -       Roh ça va hein, je fais ce que je peux. Bon va s’y… fais ton truc.

    -       Hé ho, tu crois que ça se fait comme ça en claquant des doigts ? Il faut que tu bouges tes fesses ma mignonne !

    -       Bah explique ! Je suis souffrante, pas débile.

    Elle me fixa et s’avança vers moi.

    -       Il va falloir que tu me parle autrement toi.

    -       Je te rappelle que tu es juste une partie de moi alors ne la ramène pas trop.

    -       Tu ne peux rien faire contre moi.

    -       Toi non plus je te rappelle. Je meurs, tu meurs aussi. C’est donnant-donnant.

    Elle tiqua mais se détourna. Soudain, un vent chaud se fit sentir. Elle allait surement commencer. Mais elle se retourna brusquement et se jeta sur moi. Je ne pensais que ça pouvait arriver mais à ce moment-là, nous commençâmes à nous battre. J’évitai son coup in extrémiste mais elle relança une attaque. Je la stoppai.

    -       Tu fais quoi là ?

    Ses yeux brillaient d’une façon étrange.

    -       Réponds-moi !

    -       Ça se voit non…

    Je l’attrapai par les cheveux et la plaqua à terre.

    -       Écoute-moi bien, tu es une partie de moi et il est hors de question que je me laisse dominer par une abrutie pareille. Alors tu choisis : soit tu te calme et on s’entend, soit je t’arrange d’une façon dont tu te souviendras. La balle est dans ton camp.

    -       Ok ok… je vois que ton caractère est bien celui d’un Démon et pas d’un de ses Anges… Lâche moi c’est bon.

    -       Je suis à demi Ange, donc, on ne critique pas non plus !

    -       Ok … désolée princesse.

    Je la lâchai et me redressa.

    -       Alexiel ça suffira… Je déteste ce titre.

    -       C’est pourtant le tien.

    -       Oui mais cela ne doit pas m’empêcher de le détester … Bien, on peut passer à la résistance maintenant ?

    -       Bien sûr. Ça risque de faire un peu mal ….

    -       Pas grave… Ce n’est pas vraiment la douleur qui me fait peur …

    -       Bien.

    Elle posa ses mains sur moi. Soudain, une décharge me traversa. Elle amplifia au fur et à mesure. Je me crispai de partout. C’était horrible. J’avais l’impression que l’on était en train de m’électrocuter. Je ne voulais pas mais je poussai un cri pour évacuer la douleur et surtout pour éviter de me casser les dents à force de serrer sur ma mâchoire.

    La partie de moi continua tout de même. Il fallait bien qu'elle le fasse. Mon corps devenait de plus en plus incontrôlable. Je ne réussissais pas à contrôler les convulsions qui secouaient mon corps.

    -       C'est fini.

    Je m'écoulai par terre. Je n'en pouvais plus. Chaque partie me faisait souffrir.

    -       C'est ça la résistance?

    -       Oui. Bon, c'est sûr pour le moment, ce n'est pas agréable. Mais après, tu réussiras à contrôler la douleur et en avançant dans le temps, à ne plus la sentir du tout. Mais pour cela, il faudra du temps et de l’entraînement.

    -       Je ne peux que te remercier.

    -       De rien. Princesse.

    -       Alexiel.

    Soudain, elle disparut. Et une fois de plus je me retrouvais toute seule avec moi-même. Je ne savais pas quoi faire. Puis j'entendis un bruit. Je me redressai et regarda autour de moi. C'était le noir complet mais pourtant je n'arrêtais pas d'entendre des bruits. C'était tout autour de moi sans que je puisse voir de quoi il s’agissait.

    -       Alexiel !

    D’accord, on m’appelait. Je tournais la tête à peu près partout sans pour autant voir quelqu’un.

    -       Réponds s’il te plaît…

    Apparemment je restais inanimée.

    -       Oui bah je fais ce que je peux !! répondis-je au néant qui se trouvait en face de moi.

    J’essayais par je ne sais quels moyens de sortir des méandres de mon esprit mais c’était apparemment plus compliqué que prévu.

    -       Peut-être que c’est fini…

    -       Non, ne dis pas ça…

    Ah, il y en avait qui pensait que j’étais morte. Non personne dont je ne vois pas le visage mais que j’entends ! Je ne suis pas morte !

    -       Elle est restée longtemps sans oxygène. Elle aura peut-être des séquelles…

    -       Regarde son poignet. Elle a une nouvelle marque !

    -       Ça ne veut rien dire. Cela peut apparaître mais c’était peut-être déjà trop tard

    C’est bien, j’entendais tout ce qui se disait. Sympathique, surtout que j’étais dans l’incapacité totale de participer. Soudain j’entendis un bruit de gifle.

    -       Gabrielle !

    -       Ce garde à la con va arrêter de baver sur le corps inanimé de ma sœur !

    Bon… Il fallait absolument que je me réveille.

    -       Réveille-toi Alexiel, tu sais que tu peux le faire hein… Ton Démon intérieur te l’a dit… Tu peux te réveiller, tu es une grande fille…

    Je me mis à rire toute seule. Je me parlais à moi-même dans mon esprit. Je croyais bien avoir touché le fond.

    -       Prince ? Que faîtes-vous ici ?

    -       J’ai entendu dire que la Princesse n’était pas au mieux de sa forme…

    Je reconnaissais cette voix. Mais qu’est-ce qu’il faisait ici ?! Mon cœur se mit à battre de plus belle et de plus en plus fort. Alors c’était ça qu’il provoquait chez moi ? Mon cœur se remettait à battre lorsqu’il était à côté de moi ?

    -       Tu as déjà rencontré Alexiel?

    -       Oui, je lui ai sauvé la vie une fois.

    Soudain, un choc électrique me parcourut. «Il» venait de me toucher. Sans m’en rendre compte, je m’extirpai instantanément de mon coma et revint parmi le monde des vivants. Lorsque j’ouvris les yeux, je vis Adam au-dessus de moi. Son visage semblait véritablement inquiet.

    -       Ça va ? me chuchota-t-il

    Sa voix était très douce. On avait l’impression qu’il essayait de me séduire. C’est alors que j’eus LE réflexe et mes deux bras se mirent sur le torse d’Adam.

    -       Dégage !

    Mes bras le repoussèrent aussi loin que possible et apparemment, je ne contrôlais pas ma force. Il vola contre le mur.

    -       Hé ! Doucement ! s’exclama Adam. Je ne t’ai rien fait !

    Mon père vint près de moi et mis mes bras de chaque côté de mon corps.

    -       Ce n’est que le Prince Adam.

    -       C’est ton fils … ?

    -       En quelque sorte… me répondit-il, baissant le regard.

    -       Comment ça ?! On ne peut pas être en quelque sorte père d’un enfant !

    Je regardai Adam qui se redressa et qui me fixait également.

    -       Eh bien, il est l'héritier de mes 3 fils.

    -       Non attends... Il est mon frère comme Sasha ?!

    Je commençai à avoir peur. Mon cœur battait à tout rompre. S'il s'avérait qu'Adam était mon frère, ça allait devenir un plus compliqué que prévu notre histoire.

    -       Non, il n'est pas ton frère comme Sasha l'est. Sasha est le fils que j'ai eu avec la Reine des Démons.

    -       Oh. Et lui, c'est qui alors ?

    -       Le fils de la Reine qu'elle a eu avec un autre homme puissant. Malheureusement mort.

    -       Et donc tu l'a en quelque sorte adopté...

    -       Oui, on peut dire ça comme ça.

    -       Et pourquoi c'est lui ton héritier alors que c'est un Bâtard ?

    -       Alexiel ! s'exclama ma mère.

    -       Quoi? C'est vrai. Il n'a pas de sang royal à la base.

    -       Si de la Reine, intervint l'un des gardes.

    -       La Reine ne l'est que par alliance, lui fis-je remarquer.

    -       Toi aussi tu es une Bâtarde ! ricana le garde en question.

    J'exerçai alors mon pouvoir sur lui. Il écarquilla les yeux et se mit à pleurer, la tête dans les mains.

    -       Mes parents sont tous les deux issus de la plus haute lignée royale. Je suis juste issue des deux camps. Alors maintenant, ne parle pas sans savoir. Surtout maintenant que tu sais de quoi je suis capable. Même en étant Bâtarde. Si je veux, je peux faire en sorte que tu sois persuadée d’être une fillette de 6 ans toute ta vie… Alors, la ferme.

    Puis je le relâchai. Il resta dans sa position quelques temps. Je n'y étais pas allé de main morte en même temps.

    -       Alexiel, ma mère à épouser m…notre père (je tiquai lorsqu'il prononça ce mot) alors que tu n'étais pas née et lui a ainsi donné 2 enfants. Mais notre père est tombé fou amoureux de ta mère et lui a fait un enfant, toi. Ma mère était elle aussi amoureuse d'un autre homme, mon véritable père, mais hélas, il fut assassiné salement par son propre frère, qui convoitait également ma mère. Quand elle a appris que tu étais née, elle t'offrit ceci.

    Il montrait la gourmette que j'avais toujours au poignet depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. Nous lui avions juste rajoutée plusieurs boucles pour qu’elle soit à ma taille. Je ne savais pas que c'était un cadeau de la Reine.

    -       Tu rigole j’espère...

    -       Pas du tout. Elle était ravie que mon père ait eu une enfant d'une femme qu'il aimait.

    -       Et j'affectionne énormément cette femme. Je lui dois tout le respect du monde. Elle est très courageuse d'avoir supporté mon amour pour une autre mais surtout le décès de celui qui lui était cher.

    -       Ça aurait quand même été cool de me dire que j'étais une enfant hors-union. Et que l’histoire de ma famille ressemble plus aux feux de l’amour qu’à une histoire mystique…

    -       Oui mais cela n'empêche pas que de mes 4 enfants, c'est toi la plus puissante.

    -       Et la dernière à ce que j'ai compris.

    -       Aussi.

    Adam posa une main sur mon épaule. Je la lui dégageai tout de suite.

    -       Alexiel, ne fait pas ta mauvaise tête. Ce n'est pas comme si ton frère était une mauvaise personne.

    -       Oh non. Il n'y a aucun problème.

    -       Tu es sûre ? me demanda mon père, quelque peu sceptique.

    -       Oui. Et puis, génétiquement, ce n’est même pas mon frère alors…

    Puis je partis. Je ne voulais plus voir le regard d'Adam pesé sur moi. Je sortis dans le jardin et me posa sur la dalle en m'allumant en cigarette.

    -       Ce n'est pas bon pour la santé de fumer, Princesse...

    Je me retournai et vis un des gardes.

    -       Je sais. Mais je pense que je ne suis plus à ça près.

    Il s'assit à côté de moi et s'en alluma une aussi.

    -       Je croyais que ce n'étais pas bon pour la santé.

    -       Je ne suis plus à ça près. Je suis censé être immortel je vous rappelle.

    -       Moi aussi.

    -       Ce n’est pas faux.

    -       Avec tout ce qui s'est passé, je n'ai pas eu le temps de faire votre connaissance à vous deux.

    -       Oui, d'ailleurs, vous avez tout de même réussi à martyriser mon ami.

    -       Navré. Il m'a cherché.

    -       Certes. Je m'appelle Adel.

    -       Je ne t’ai pas demandé ton nom mais ravi Adel… D’ailleurs, Adel… 

    -       Oui ?

    -       Ce n'est pas un prénom de fille ça?

    Il me regarda avec de grands yeux. Apparemment j'avais dit quelque chose qui ne fallait pas.

    -       C'est mixte dans notre monde, me répondit-il, comme s’il était exaspéré par mon ignorance.

    -       Ah... bah désolé, m’excusais-je à peine, me fichant de ce qu’il puisse penser de moi.

    -       C'était le prénom de ma mère à vrai dire. Mais elle est morte en couche. Mon père m'a ainsi donné son prénom. En hommage.

    -       Oh... Je suis désolée... m’excusais-je de nouveau, cette fois-ci, le pensant vraiment. Ça doit être dur de n’avoir jamais connu sa mère …

    -       Vous n'avez pas été gâtée vous non plus, Princesse. Séparée à l'âge de 4 ans de vos 2 parents et puis les retrouvez qu'après 14 longues années d'absence, c'est dur aussi.

    -       Oui. Et puis aussi découvrir que j’ai 3 grands frères dont un que…commençais-je à lui conter mais je m’arrêtai net, de peur d’en dire trop. Dis-moi, tu es bien à mon service?

    Changement de sujet parfait.

    -       Bien sûr Princesse. A votre père techniquement. Mais vous êtes sa fille, je me dois donc de vous protégez également.

    -       Bien mais là, je vais te demander juste un petit truc.

    -       Quoi donc?

    -       Arrête de me vouvoyez et surtout, de m’appeler Princesse.

    -       Je ne peux pas...

    -       Bah va falloir te forcer. Mes 2 menteurs et cachotiers de parents m’ont donné un prénom pas commun qui est Alexiel et j’y tiens. Donc, appelle-moi comme ça.

    -       Ça va me faire bizarre.

    -       M'en fiche. Allez, va s'y...

    -       Bien, Alexiel.

    Il me sourit et je lui renvoyai. Nous parlâmes après, de son histoire, puisque la mienne était en l’occurrence connue de tous. Il me raconta comment son père l'avait élevé après la mort de sa mère. Et comment il était rentré au service de mon père.

    -       Alexiel!

    -       Ah! Le devoir m'appelle... dis-je à Adel, un sourire aux lèvres.

    -       Est-ce que je peux te poser une question? me demanda-t-il.

    -       Bien sûr.

    -       Es-tu amoureuse du Prince ?

    -       Du Prince ?! Lequel… ? lui demandais-je, même si je me doutais de la réponse.

    -       Le Prince Adam.

    -       Excuse-moi, je vais sûrement te paraître insultante, ou peut-être même irrespectueuse mais cela ne te regarde en aucun point. Contente-toi d’assurer ma sécurité et celle de mes parents et tout le monde sera content.

    -       Je pensais que nous nous entendions bien…

    -       Nous nous entendons bien. Mais nous ne sommes pas proches pour autant. Et encore moins des amis… Donc mes sentiments à l’égard du Prince Adam ne te concernent absolument pas.

    -       Navré. Mais un simple non aurait été un léger espoir…

    Je n'eus pas le temps de lui demander pourquoi il venait de dire cela alors que je venais tout de même de l’envoyer dans les roses que Gabrielle vint me chercher.

    -       Il y a Adam qui veut te voir.

    -       Ça ne peut pas attendre ?

    Elle me regarda et je compris. Apparemment non. Je me dirigeai alors vers la maison pour le rejoindre. Il se trouvait sur la terrasse et profitait du soleil.

    -       Qu'est-ce que tu me veux ? soufflais-je, le souffle légèrement coupé par sa beauté et surtout parce que mon cœur battait à tout rompre de nouveau.

    -       Te parler.

    -       Comme c'est étonnant. Du fait qu'on est presque frère et sœur par exemple ?

    -       Ce n'est pas du tout le cas. Nous sommes tous les deux des héritiers. Moi de l'Enfer et toi des deux. Nous n'avons aucun lien parenté.

    -       Tu as été élevé par mon père... lui dis-je, amèrement.

    -       Certes... Mais...

    -       Il n'y a pas de « mais ». Mon père t'a élevé, c'est comme si tu étais mon frère. Ça ne sert à rien de trouver des excuses, cela n’est en aucun cas de ta faute. Après tout, je n’étais pas née lorsque tu as vu le jour…

    -       Je n'essaye pas d’en trouver Alexiel. Je ne veux juste pas te perdre pour une stupide histoire de... je ne sais même pas de quoi d'ailleurs.

    -       Du fait que mon père t'ai élevé et que tu sois l'héritier de l'Enfer. Ecoute, je ne vais pas t’en vouloir pour les erreurs que mon père a commises par le passé. Et le fait que j’en fasse partie n’est en rien ta faute. Alors ne te justifie pas, lui répondis-je, mettant ma main sur sa joue, touchée par le fait qu’il me dise qu’il ne voulait pas me perdre.

    -       Alexiel, ne dis pas que tu es une erreur… Tu dois être la plus belle chose qui soit arrivée à cette famille…Et surtout, je crois que je…

    -       Haha... Non, lui dis-je, posant un doigt sur sa bouche. Surtout ne dis pas ça. Je t’en prie…

    Puis je partis. Je savais qu'il me regardait mais je ne me retournai pas, ne voulant pas qu’il voit mes yeux remplis de larmes. Je savais ce qu’il allait me dire mais rien que le fait qu’il prononce ces mots aurait compliqué notre situation qui n’était déjà pas simple. C’est alors que plongée dans mes pensées, quelqu'un posa sa main sur mon épaule, me faisant sursauter et je me retournai. Heureusement, ce n'était qu'Adel.

    -       Tout va bien avec le Prince ?

    -       Oui. Juste une affaire sans importance.

    -       Tant mieux car même s'il est mon Prince, je suis tout d'abord là pour vous... enfin te protéger.

    -       Ce n'est pas Adam qui risque de me faire grand mal… lui répondis-je, tristement.

    -       Ne le sous-estime pas. Il est plus puissant qu'il n'y paraît. Je n'ai jamais vu ça.

    -       Je lui souris. Si seulement il savait. C’est alors qu’Adam passa à côté de nous et me lança un regard qui me fit froid dans le dos. Il pensait que j’étais en train de flirter avec Adel.

    -       Tu n’as pas autre chose à faire, Adel ? demanda Adam à Adel.

    -       Je me dois de protéger Alexiel, mon Prince.

    -       Oh… Alexiel… Je vois.

    Puis il partit, sans même prendre la peine de m’adresser un dernier mot ou un dernier regard. Non, il partit comme ça. Mon cœur se serra tandis que je le regardai s’éloigner.

    -       Alexiel ?

    -       Ne t’en fais pas, Adel. Je suis plus puissante que le Prince, je te rassure… répondis-je toujours dans mes pensées. Adam pensait que je flirtais et donc ne m’adressait plus la parole. Bien.

    -       Pas encore. Tous tes pouvoirs ne sont pas découverts.

    -       Ça ne devrait tarder.

    Il me sourit à son tour. Il était beaucoup plus beau qu'il n'y paraissait. Grand, brun à la peau mate, de grands yeux bien noirs. Typiquement Démon. Mais son sourire semblait être celui d'un Ange. Blanc et doux. Il était beau et cela m’allait être utile. Nous allâmes dans la maison rejoindre les autres.

    -       Alexiel, quelqu'un doit dormir avec toi, me dit mon père, posant sa main sur ma joue, inquiet de ma sécurité et de ma santé.

    -       Je ne suis pas une gamine …

    -       Non mais tu es en danger. Et même tes pouvoirs n'arriveront pas à venir à bout de toutes les personnes qui veulent ta mort. Donc, quelqu'un doit dormir avec toi, me fit remarquer ma mère.

    -       Ah ce moment-là, Gabrielle et Avril devrait également avoir besoin d'une protection. Elles sont encore plus vulnérables que moi…

    -       C'est pensé, ne t'inquiète pas. Adel dormira avec toi, me dis mon père, un sourire aux lèvres.

    Je me retournai sur lui. Il était impassible. Comme si dormir avec une fille ne le dérangeait pas plus que ça.

    -       Très bien mon Roi, se contenta-t-il de répondre, s’inclinant légèrement.

    -       Ah parce qu'en plus je n’ai pas le droit de choisir ?! m’exclamais-je.

    -       Alexiel, nous ne sommes plus à ce stade. Te protéger est devenu une priorité. Qu'importe avec qui, m’expliqua mon père.

    -       Eh bien, si c’est la règle... Adel, tu peux aller déposer tes affaires dans sa chambre. Je pense que tu vas y rester pas mal de temps.

    Il s'exécuta.

    -       Sinon, je peux aussi dormir avec elle. Je suis nettement plus puissant qu'Adel, dit Adam, s’incrustant dans la conversation.

    Je ne me retournai pas, cela lui aurait fait trop plaisir que je remarque sa présence et puis même, je ne voyais pas pourquoi je devrais lui accorder mon attention vu comment il s’était comporté il y a quelques instants.

    -       Non, Adel suffira amplement, lui répondis-je sans même le regarder.

    Il me saisit par le bras mais je me retirai assez violemment. Les autres avaient remarqué mon geste mais personne ne le fit remarquer. Tant mieux, je n'étais pas d'humeur. Je montai dans ma chambre pour rejoindre Adel.

    -       Ça va ? Tu trouves de la place ? lui demandais-je, poliment

    -       Oui, il n'y a pas de problème. C’est gentil de demander.

    Il déposa un futon par terre et mis son sac à côté.

    -       Voilà !

    -       Ça fait un peu lit de fortune.

    -       Oui mais ce n'est pas le plus désagréable ma foi.

    Je ris. Il semblait tellement sérieux que cela en devenait drôle.

    -       D'accord, d'accord. Je vais te laisser avec ton lit de fortune si confortable alors.

    J'allai m'allonger sur mon lit et il commença à partir.

    -       Tu peux rester tu sais. Je ne mords pas.

    -       Tu veux peut-être ton intimité… me répondit-il, tout timide.

    -       Pff tu parles ! Je ne suis pas la plus chiante des filles côté intimité !

    -       Ça ne te dérange pas ?

    -       Puisque que je te le propose. Si je dois partager ma chambre avec quelqu'un, autant que je le connaisse ! Nous pourrons peut-être ainsi dire que nous nous apprécions.

    -       D'accord.

    Il s'assit en face de moi et se mit en tailleur en face de moi.

    -       Tu veux qu'on parle de quoi ? me demanda-t-il.

    -       Je ne sais pas... Parle-moi de toi.

    -       Je pense que tu sais à peu près tout. Je suis né sans ma mère, élevé par mon père de façon normale et j'ai intégré la garde royale à l'âge de 18 ans.

    -       Tu as quel âge maintenant ?

    -       J'ai 22 ans.

    -       En âge Démon ?

    -       22 ans.

    Il me fit un immense sourire.

    -       Tu me prenais pour un vieux de combien de siècles ?

    -       Non mais... non ! Je ne savais pas si voilà quoi...

    -       Non non, j'ai 22 ans. En âge Démon comme Humain.

    -       Ouais mais mes parents ont bien 70 ans !

    -       Oui mais tes parents sont tous les deux des Divinités. Ils ne vieillissent pas comme nous. C'est différent.

    -       Trop de choses sont différentes, je m’y perds. Un coup c’est d’une telle façon, un coup, c’est d’une autre. Tous ces modes de fonctionnements me rendent folle. C'est mon monde, ma culture et je ne les connais même pas...

    Je baissai la tête attristée. Il se rapprocha de moi et me prit les mains.

    -       Tu les connaîtras un jour. Tes deux mondes.

    -       J'espère...

    C'est alors qu'il eut un geste étonnant. Il me prit dans ses bras. Mais se dégagea immédiatement.

    -       Navré Alexiel mais tu suscite tellement de douceur et de gentillesse que l'on a envie de te prendre dans ses bras...

    Il semblait le plus gêné possible, il ne me regardait même plus.

    -       Je n'ai pas dit que je ne voulais pas...

    Il releva la tête, les yeux écarquillés. De nouveau de la comédie.

    -       Bah quoi ? Princesse d'accord mais bon, de l'affection ça ne fais jamais de mal !

    -       Oui mais je suis ton garde.

    -       Oui mais je m'en fiche. C'est bon quoi. Adam, votre Prince, est bien le fils d'une simple noble qui est devenue la Reine par l'alliance qu'elle a eu avec mon père. Ce qui me fait très bizarre d'ailleurs.

    -       Certes. Mais ton père, mon Roi (il se sentait obligé de le préciser) est amoureux de votre mère.

    -       Qui n'est pas sa Reine.

    -       Mais qui est une des prétendantes au trône du Paradis.

    -       C'est vrai que j'ai quand même 12 tantes...

    -       11 en réalité. Tu as un oncle aussi. Le premier de la fratrie.

    -       Ah bon ?! Tu vois, tu en sais plus sur ma famille que moi ! C'est la honte quand même !

    Il ria. En même temps, c'était vrai, je ne connaissais absolument rien sur ma famille, Démon comme Ange.

    -       Eh bien, cela va changer !

    -       Peut-être... N'empêche que tu ne m'a toujours pas repris dans tes bras, le provoquais-je.

    C'est alors qu'il s'approcha, semblant hésitant. Je me rapprochai à mon tour et me colla à lui. Il se crispa, je me décollai donc mais ses mains me retinrent. Je ne m'attendais pas vraiment à ce qui me retienne. J'enroulai mes bras autour de son buste et posa ma tête dans le creux de son épaule. Il sentait la braise. Le feu de bois. Il était chaud, terriblement chaud. Mais une chaleur agréable.

    -       Si tu restes comme ça, jamais je ne pourrais me retenir...

    -       Hein ?

    Il se pencha au-dessus de moi et me regarda d'une façon dont j'avais rarement été regardée. J'y voyais l'envie que je connaissais bien mais il y avait quelque chose de plus. Il rapprocha son visage du mien alors que moi je ne bougeais pas d'un pouce. Son souffle était chaud, aussi chaud que son corps. C'est alors qu'il déposa un baiser sur mes lèvres avant de se redresser.

    -       De ça...

    -       Oh...

    Il se retira.

    -       Je suis désolé. Je n'aurais pas dû faire ça …

    Je plaquai mes mains sur son cou et pressa mes lèvres contre les siennes. Au début, il était surpris mais au fur et à mesure que j'ouvrais ma bouche, il se pressait contre moi. Il embrassait bien mieux que les Humains mais cette légère pression qu’il exerçait gâchait la chose. Il se retira, collant son front au mien.

    -       Ouah... C'est rapide ?

    -       Bah si je meurs demain, il vaut mieux que j'en profite. Et autant que ça soit avec toi plutôt qu'avec un autre.

    Il sourit et repris notre baiser. Apparemment, cela allait plus facile que prévu…

     

     

     

     

     

     

     

     


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