• Chapitre 6

     

    Chapitre 6

    6.

     

    Prise d’une fringale, je descendis.

    -       Alors c'était bien ?

    Je sursautais, surprise. J’allais réellement finir par faire un arrêt cardiaque si tout le monde me prenait par surprise sans arrêt. C’était encore Adam. J’avais une partie en moi qui mourrais d’envie de lui sauter dessus et de lui arracher ses vêtements, qu’il m’embrasse jusqu’à ce qu’on n’ait plus de souffle, je mourrais d’envie d’être avec lui. Mais il y avait cette autre partie qui me disait que cet amour n’augurerait rien de bon. Mais à côté de l’autre partie, celle-ci n’était qu’infime. Mais je me laissai aller et repris mon masque de fille désagréable et indifférente à ses charmes. Indifférente à l’influence qu’il avait sur moi et sur le contrôle que j’avais sur lui.

    -       De ? lui demandais-je, feignant l’ignorance.

    -       Bah le baiser…

    Ok, il était au courant et un malaise me parcourut. Je m’en voulais d’avoir fait ça. Je montai donc dans ma chambre en trombe, rejoignant Adel et laissant Adam seul avec lui-même.

    -       Qu'est-ce qui se passe ? me demanda-t-il, s’approchant de moi et me prit dans ses bras, naïvement.

    -       Adam est au courant... me contentais-je de répondre, avec l’envie de retirer ses bras d’autour de mon buste. Ça me donnait des frissons. Et pas ceux que j’avais lorsque c’était Adam qui me touchait.

    Là, il me regarda avec une drôle d'expression. Comme de la satisfaction mélangée à de la peur. Adam était adossé au pas de la porte.

    -       Vous êtes choux.

    -       Ta gueule, lui répondis-je, me retournant, sans pouvoir me retenir.

    -       Tu n'as pas le droit, me répondit-il, s’approchant à son tour.

    -       Il n'y a aucune règle qui l’interdit.

    -       Non. Mais...

    -       Bah non, tu te tais. Si j'ai envie de sortir avec Adel, je fais ce que je veux.

    -       Ton père serait ravi.

    -       Mon père n'a rien à dire. Je suis majeure au rappel.

    Nous étions maintenant presque collés l’un à l’autre. Je sentais la chaleur de son corps et ses mains frôlaient les miennes. Ce n’est qu’au bout de quelques instants que je me rendis compte qu’en réalité, il était en train de me caresser les mains. Mais sans même dire un mot, il me regarda tristement et partit. Je repris alors mon souffle, qui était coupé sans même que je ne m’en rende compte. Il avait forcément vu ce que je ressentais pour lui. Il devait forcément le savoir.

    -       Tu n'as pas peur qu'il dise quelque chose ? me dit Adel, m’interrompant dans mes pensées.

    -       Non. Il ne dira rien, je te rassure, me contentais-je de répondre, sans prendre la peine de le regarder, le regard juste fixé à l’endroit où se trouvait Adam quelques minutes auparavant. Adel me saisit par la taille et huma mon odeur dans mon cou, ce qui me dégoûta. J’avais envie de lui dire de dégager pour que je puisse rejoindre Adam. Surtout que je sentais qu’il n’était pas franc non plus dans cette histoire.

    -       Euh... Je n’apprécie pas trop ça… lui dis-je, même si en réalité, ça me rendait folle. Mais pas par lui.

    Il posa ses mains sur mes cuisses et me les caressa. La première pensée qui me vint à l’esprit fut de le pulvériser pour oser me toucher de la sorte mais après tout, c’est moi qui l’avais cherché en voulant rendre Adam jaloux.

    -       Tu vas mieux ? me susurra-t-il.

    -       Je n’allais pas mal. Tu peux enlever tes mains de là…

    -       Oh déjà…

    Alors qu’il commençait réellement à m’énerver, j'entendis quelqu'un au pas de ma porte, ce qui sauva la jolie petite tête d’Adel. Je me retirai immédiatement et Adel se posa sur son futon. La personne en question frappa.

    -       Alexiel ? Je peux rentrer ?

    -       Bien sûr viens !

    Gabrielle rentra alors dans ma chambre et regarda Adel, comme si elle ne voulait pas qu'il soit là. Je sentais le malaise de Gabrielle et lorsqu’un Ange a ce genre de malaise intérieur, ça n’engage rien de bon.

    -       Je peux te parler ? me demanda-t-elle, légèrement nerveuse.

    -       Oui. Adel ?

    Il se leva et partit. Il me frôla tout de même le bas du dos avec ma main. Une sorte de caresse, ce qui me procura les mêmes mauvais frissons que tout à l’heure. Gabrielle s'assit sur mon lit et commença à jouer avec son pull. Ce n'était pas bon signe.

    -       Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

    -       Tu n’as pas lu dans mon esprit ? s’étonna-t-elle.

    -       Non. Je n’y ai pas réellement pensé…

    -       D'accord... Il y a quelqu'un qui me plaît.

    -       Ah bon ?! Qui est l’heureux élu ?!

    -       Oui... mais le dis à personne !

    -       Bah bien sûr. C'est tellement mon genre de cafter...

    -       Oui c’est sûr que je peux réellement avoir confiance en toi…

    -       C’est qui alors ??

    -       Tu le connais....

    -       Mais encore …

    -       C'est Evan...

    -       EVAN ?! m’exclamais-je, choquée par cette révélation qui devait certainement être la plus inattendue de ma vie, avec le fait que j’ai des frères.

    Gabrielle sauta sur moi et me mit la main sur la bouche.

    -       Heureusement que je t'ai demandé d'être discrète !

    -       Excuse-moi mais c'est tellement gros ! Tu ne pensais pas que j’allais rester impassible tout de même.

    -       Oui bah ça va hein … Je n'y peux rien.

    -       Mais depuis quand ?

    -       Eh bien à un moment, il est venu te voir mais tu étais... dans le coma. Je lui alors dit que tu n'étais pas là et on restés parler. Il est cultivé c'est fou ! Et on a également parlé du fait que tu sois … mi- Ange, mi- Démon et il m'a demandé si moi aussi. Je lui ai dit que je n'étais qu'un Ange basique. Et là, il m'a regardé avec des yeux tellement gentils !

    -       Euh... Tu parles de mon Evan là... ça me fait bizarre.

    -       Oui je sais. Mais je voulais savoir si tu étais d'accord...

    -       D'accord de ?

    -       Bah que voilà quoi...

    -       Que vous sortiez ensembles ?

    -       Oui...

    Elle semblait tellement timide que cela en devenait mignon.

    -       Euh écoute... je n'ai pas vraiment mon mot à dire là-dessus. Evan et toi faîtes ce que vous voulez...

    -       Oui mais c'est ton meilleur ami et...

    -       Et ?

    -       Bah il y a toujours quelque chose entre vous deux...

    -       Après que je lui ai sauvé la vie, forcément qu'il y a un lien qui se créé Gabrielle. Mais ce n'est ni plus ni moins de l'amitié. Certes très forte mais une amitié quand même...

    -       Sa vie et celle de sa famille...

    -       En plus... Gabrielle, tu fais ce que tu veux. Mais en tout cas si tu sors avec Evan, je ne pourrais qu'être heureuse. Il est l'homme parfait pour toi.

    -       Merci...

    Elle m'embrassa sur la joue et partit. Ce bisou m'étonna mais je souris. Même si elle pouvait être insupportable, depuis qu'elle savait que je pouvais mourir à chaque instant, son attitude avec moi avait changée du tout au tout. Gabrielle et Adel se croisèrent et le regard qu’elle lui lança m’impressionna. C’est la première fois que je lisais cette expression sur son visage. Quelque chose se tramait avec lui, c’était certain. Et je crois que j’avais deviné la source du problème. Adel rentra de nouveau dans ma chambre.

    -       Je peux... ?

    Je lui fis signe que oui. Il s'assit derrière moi et me prit dans ses bras. J’étais mal à l’aise et je ne voulais surtout pas que l’on m’oppresse. Et apparemment, il ne l’avait pas compris. Il n’arrêtait pas de me serrer contre lui et la chaleur que son corps produisait devenait étouffante et mon côté Démon réagit. Il n’y avait qu’une seule raison pour laquelle la chaleur que notre corps produisait devienne tellement étouffante. La manipulation et le stress que cela échoue. Désormais, j’avais ma réponse. Nous nous manipulions mutuellement. 

    -       Je suis désolé mais j'ai entendu la conversation.

    Je me retournai et le fixais dans les yeux, certainement méchamment vu la tête qu’il fit juste après.

    -       Ah ?

    -       Je ne dois pas rester loin de toi au cas où.... s’expliqua-t-il.

    -       Oui je comprends... me contentais-je de répondre, sachant que ce n’était pas que pour ça.

    -       Que s'est-il passé avec cet Evan ?

    -       C'est-à-dire ?

    -       J'ai entendu que tu lui avais sauvé la vie ainsi que celle de sa famille...

    -       Oui...

    -       Tu veux bien me raconter ?

     

    (….)

    6 ans auparavant

     

     

    -       Alexiel !

    Je vis Evan qui courait vers moi. Ses cheveux bruns lui volaient dans la figure. Je courrai vers lui et lui sauta dans les bras. Il était mon meilleur ami et j'avoue volontiers que j'avais un faible pour lui. Mais bon. Je préférais le savoir mon ami plutôt que mon petit-ami.

    -       Tes parents t'ont laissé jusqu'à quelle heure ? me demanda-t-il tout enjoué

    -       J'ai le droit jusqu'à 20h30. Après mon père veut que... je travaille.

    -       Mais on est Vendredi !

    -       Je suis une brêle en maths et en physique. Donc bon. Il faut que je comble mes lacunes apparemment !

    -       Tu as … 20 de moyenne en sport. En gym, escalade et piscine. Je n'ai jamais vu ça !

    -       Oui mais le sport ne fait pas tout. Dommage...

    Il me sourit et m'attrapa par les épaules. A vrai dire, je devais rentrer à cette heure-ci pour aller m'entraîner avec Aaron, qui n'était pas mon père. Mais il fallait bien mentir. Comment expliquer mes origines ? De plus que je n'avais pas vu mes vrais parents depuis mes 4 ans. Et j'en avais 13. Nous passâmes notre temps au parc et comme à chaque fois, Evan me demandait de réaliser des prouesses tel que réaliser un salto en me lançant sur un arbre ou encore marcher sur mes deux mains, ce que je trouvais plutôt ridicule mais Evan semblait trouver ça plutôt marrant, sauf lorsqu’il s’essaya au même exercice et qu’il tomba immédiatement sur le dos. Je rigolai avant de l’aider à se lever et de vérifier qu’il n’avait rien. Ce n'est pas comme si je n'étais pas habituée. Mais l'heure de rentrer arriva. Trop vite à mon goût.

    -       Bon... Je dois rentrer chez moi !

    -       Ton père ne voudra pas que tu rentres un peu plus tard ?!

    -       Oh non ! Tu le connais. Les horaires c'est les horaires !

    Surtout lorsqu'il s'agissait de mon entraînement. Evan me raccompagna alors jusqu'à chez moi et une fois arrivé devant, il me prit dans ses bras pour me dire au revoir. Lorsque je rentrai, il y avait Gabrielle qui regardait la télé.

    -       Maman ! Y'a l'autre !

    -       La ferme la naine, lui lançais-je, froidement, sans prendre la peine de la regarder.

    Gabrielle n'avait que 2 ans et demi de moins que moi mais elle était plutôt petite par rapport à moi. Elle m'était insupportable et j’espérais que ce n’était réellement qu’à cause de son âge…

    -       Les filles, on ne va pas commencer... souffla Sara, lasse de nos disputes quotidiennes.

    Aaron arriva et déposa un baiser sur mon front. Lui par contre était grand. Très grand.

    -       Nous mangeons d'abord et après on s'entraîne.

    -       D'accord.

    Sara nous avait préparé un délicieux repas. Elle me demanda comment mon après-midi s'était passée. Je lui racontai à peu près tout. Puis il arriva le moment de s'entraîner. Aaron me traîna dehors et commença à m'entraîner. Soudain, en plein milieu, quand je commençais à être vraiment crade, une lumière anormale brillait. Avec de la fumée. Beaucoup de fumée. Je me redressai et cru que j'allais hurler.

    -       C'est vers chez Evan !

    Je montai tout en haut du mur et là, j'en eu la certitude, il y avait le feu chez Evan. Je descendis et partis dans une course infernale avec le temps. Evan était en danger. Je n'avais même pas entendu Aaron m'appeler. Il n'avait même pas réussi à me rattraper. J'utilisais au maximum mon endurance de Démon. J'arrivai enfin la maison d'Evan. Les gens étaient tous devant, en train de regarder le spectacle mais personne ne faisait grand-chose.

    -       Et les pompiers ?!

    -       Ils arrivent petite. Reste là, c’est dangereux le feu.

    L'homme me prit par les épaules mais je me retirai rapidement. Il ne manquait plus que ça, un imbécile qui me parle comme si j’étais une gamine.

    -       Ils n'arriveront pas assez vite...

    -       Mais tu ne peux rien faire alors reste près de moi !

    -       Tu n'es pas mon père...

    -       Et s'il était là ?!

    -       Ça ne risque pas.

    Je fonçai dans la maison en feu. Les gens derrière moi crièrent mais aucun ne me rejoins. Les humains étaient vraiment des lavettes. La fumée me gênait mais pas plus que ça. Mes yeux s'habituèrent en fait. A mon passage, les flammes s'écartèrent. Je regardai autour de moi. Toutes les flammes restaient sur les côtés, sans me toucher. Comme si elles savaient que j'étais aussi de l'Enfer.

    -       EVAN !

    J’appelais son nom. Je hurlais son nom. Personne. Je recommençai.

    -       EVAN ! QUELQU'UN ?!

    J'entendis alors quelqu'un tousser. Je me dirigeai vers le bruit et vit que c'était sa petite sœur. Elle était à la limite de l'asphyxie.

    -       Emmanuelle...

    Elle couina. Ses poumons étaient pleins de fumée noire. Je la pris contre moi et l'emporta dehors. Je vis alors Aaron.

    -       Alexiel...

    -       Je dois le sauver. Je dois les sauver. Prends-la... Je t'en prie...

    Il me regarda et vint prendre Emmanuelle. Je pénétrai de nouveau dans la maison.

    -       EVANNNNN !!!!!!

    -       Ici...

    C'était une voix faiblarde. Très faible. Je me rapprochai et le vit, couvert de suie. Il était devenu noir charbon.

    -       Evan ! Est-ce que tu es tout seul ?!

    -       Non... il y a ma sœur... réussit-il à peine à articuler.

    Je venais de sauver sa petite sœur donc elle était déjà écartée.

    -       Et tes parents ?

    -       Ils... ne sont pas là …. Pour une fois qu’ils sortaient…

    Je le pris contre moi et les flammes s'écartèrent de nouveau.

    -       Comment tu fais... ça ?

    -       De ? lui demandais-je, essayant de feindre l’étonnement.

    -       Les flammes... elles disparaissent... Elles ne te touchent pas...

    -       Tu hallucine mon pauvre. Ça ne te réussit pas la fumée...

    Je dis ça de façon ironique alors qu'au fond, j'avais envie de pleurer de le voir dans un tel état. J'avais mal et peur de le perdre. Il n'arrivait presque pas à marcher tout seul et je devais l'aider à aligner un pas devant l'autre. Il ne cessait de tousser.

    -       Je n'arrive pas à respirer Alex...

    -       Oui attends...

    Je le posai à terre et m’agenouillai en face de lui.

    -       Ça va aller Evan ?!

    -       Oui... J'ai juste du mal à respirer avec toute cette fumée... Pas toi ?

    -       En réalité, non pas du tout. J'étais tout à fait à l'aise même avec toute cette fumée autour de nous. Mais je dû lui mentir quand même.

    -       Si mais pour toi, je dois bien tenir... Tu n'arrives même pas à aligner un pas correctement.

    -       Ne te moque pas...

    -       Oh non...

    Je ne pouvais pas me moquer, j'avais trop peur pour lui. Mais à partir du moment où je restais près de lui, les flammes ne le toucheraient pas. Je le redressai.

    -       Allez, vient. Il ne faut pas rester ici.

    Nous continuâmes d'avancer et lorsque nous sortîmes, Aaron nous attendait. Emmanuelle se trouvait allongée à côté de lui. Je déposai Evan.

    -       Allonge-toi...

    -       Merci Alex...

    Il se laissa aller. Il tomba dans les pommes près de sa sœur, sa main entre les miennes. Je pus enfin pleurer. Aaron me plaqua contre lui.

    -       Chut... Ne pleure pas ma Princesse…

    -       Il a failli mourir Aaron... J'ai failli perdre mon meilleur ami.

    -       Mais tu l’as sauvé. Et ça, c'est une dette éternelle. Il te rendra certainement l'appareil, me rassura-t-il, prenant mon visage entre ses (grandes) mains.

    Je ne faisais que pleurer. Je n'avais pas envie qu'il essaye de me sauver au péril de sa vie sachant que moi, il y avait très peu de chance pour que je meurs. Evan était humain. Fragile. Il ne pouvait pas me défendre. Ou peut-être armé et encore, je n’étais pas sûre du résultat.

    -       Je ne veux pas qu'il me rende un service pareil. Je ne veux plus qu'il soit en danger.

    -       Ne t'inquiète pas...

    Par la suite, les pompiers arrivèrent enfin et nous félicitèrent, Aaron et moi, pour avoir sauvé les deux enfants. Les gens me regardèrent bizarrement, évidemment. Ils devaient sûrement penser que je n'avais pas pu m'en sortir sans ruse. Ou alors que je n'étais pas normale. Sur ce point de vue, je ne pouvais pas trop la ramener. Je n'étais pas Humaine.

     

    (…)

     

    -       Et voilà... Tu sais tout. Depuis ce jour, les gens me regardent toujours de travers. Et encore plus en grandissant.

    -       Les Humains sont si peureux que ça ?

    -       Tu n'imagines pas à quel point...

    -       Eh bien... Je ne pensais pas à ce point. Nous, en Enfer, la personne qui en sauve une autre est félicitée plus qu'il n'en faut. Et personne ne la regarde bizarrement.

    -       Les Humains sont froussards. Lorsqu'il arrive quelque chose ou quelqu'un qui n'est pas conforme à leurs règles, cette chose ou cette personne est rejetée par leur société et n'a pas moyen de s'intégrer. La différence est interdite ici. Jamais il ne faut penser le contraire que la plupart des gens sinon cela est signe de rébellion ou tout simplement du fait de vouloir que l'on parle de lui.

    -       Tu n'as pas l'air de beaucoup les aimer.

    -       Pas vraiment. Du moins la race Humaine. Voilà, tu sais tout.

    -       Effectivement, il te doit une fière chandelle...

    Il me serra contre lui et m'embrassa dans le cou. Cette « relation » n’augurait rien de bon, je le savais. De toute manière ce n’était pas une relation réelle à ce que j’avais pu ressentir. Cette proximité qu’il tentait d’avoir m’énervait et il fallait que j’en finisse au plus vite avec les mensonges. Après tout, je n’avais pas ce qu’on pouvait appeler des sentiments pour lui. Juste un très infime attachement. Je le trouvais sympathique mais étouffant. Je me risquai donc à poser les questions.

    -       Dis-moi, tu as eu beaucoup de copines dans ta vie ?

    -       Est-ce que je dois vraiment répondre... ?

    -       Oui, lui répondis-je, sèchement.

    -       Bien. Ne m'en veux pas d'être sincère alors ! Oui, j'en ai eu et pas qu'un peu...

    -       Ah ouais ?!

    -       Bah écoute, être dans la garde royale, ça a quand même ses avantages...

    -       Et plusieurs en même temps ?

    -       De temps en temps oui...

    -       Eh ben... On ne chôme pas en Enfer dis-moi.

    -       Non mais ne va pas croire que je suis comme ça encore maintenant ! J'ai mûri depuis. J'étais jeune et insouciant. Bon j'ai eu encore des aventures après mais une à la fois à chaque fois, je te jure...

    -       Ouais bah espérons pour toi …

    -       Je n'oserais jamais te tromper, tu es trop importante...

    -       Point de vue pouvoir, c'est clair que je suis importante... finis-je par dire, espérant la réaction que j’espérais.

    -       Oui... me répondit-il, légèrement sur la défensive.

    -       Encore une chose, tu sors avec moi justement grâce à ce fameux pouvoir ?

    Là, il devint carrément translucide. Je savais que j'avais touché une corde sensible. Tout homme de la cour avait un faible pour le pouvoir. Et je savais qu'à présent, ma méfiance était fondée. Au moins, je ‘avais pas à avoir des remords sur le fait que je l’ai manipulé.

    -       Alors ? appuyais-je, laissant mon impatience prendre légèrement le contrôle.

    -       Pourquoi me poses-tu une question pareille ?

    Je me redressai et lui fit face, me mettant au maximum en valeur.

    -       Je te rappelle que je suis une Princesse, une des plus puissantes depuis des siècles, et le souci pour toi, c’est que je ne suis pas non plus la plus stupide. Donc il faut bien que je remette en question les attentions de chaque personne qui me côtoie de près. Alors ?

    -       Il est vrai que tu es puissante...

    -       Donc tu es bien intéressé par mon pouvoir...

    Il me saisit par les hanches et se colla à moi.

    -       Alexiel...

    -       Ne t'inquiète pas. Tu me seras toi aussi utile...

    -       C'est-à-dire ?

    -       Tu veux de l'importance et moi, je veux rendre jaloux quelqu'un. Chacun son compte...

    Il me regarda d'un air dubitatif mais pas désintéressé.

    -       Continue...

    -       Hé bien vois-tu, j'ai envie de rendre quelqu'un jaloux et toi, tu es intéressé par le pouvoir, par ma puissance. Et bien je peux te proposer un deal.

    -       Je t'écoute...

    Mon regard se changea instinctivement.

    -       Cela concerne Adam.

    -       Tu l'aime ?

    -       Non, mentis-je, mais je veux lui rendre la monnaie de sa pièce.

    -       Donc... ?

    -       Faisons semblant de sortir ensemble et tout ce qu'il en suit et en échange, je te garantis protection. Et pour ce qui est de la puissance, nous verrons cela si tu remplis correctement la première condition. Si c’est le cas, je joindrais mes forces aux tiennes en cas de besoins. Mais cela qu'en cas d'urgence. En gros quand tu seras à deux doigts de mourir, bah tu ne crèveras pas parce que je serais là. Ça te va comme marché ?

    -       Je vois qu’effectivement, tu es loin d'être une Princesse stupide. Et il est quand même vrai que tu me plais beaucoup.

    -       Oui mais le fait de me séduire et de m'embrasser avait un but bien précis. Heureusement que je t'ai également manipulé.

    -       Je vois que nous avions tous les deux un but précis.

    -       Exactement...

    Soudain, j'entendis un bruit. Quelqu'un se trouvait derrière la porte. Je fis signe a Adel de se taire et me rapprochai délicatement. Depuis que j'avais été transformée en Démon, ma démarche se faisait plus gracieuse et surtout beaucoup plus légère et discrète. Il était difficile de m'entendre arriver. Je posai l'oreille contre la porte et ma main sur la poignée. C'est alors que j'ouvris brusquement et me retrouva nez à nez avec Adam. Il me regardait avec de grands yeux ronds et ne savait plus où se mettre. Je restais tout de même le regarder droit dans les yeux.

    -       Oui ?

    -       Je voulais m'assurer que tu allais bien... me répondit-il, timidement.

    -       Si j'ai un garde qui m'a été attitrée, je pense que c'est pour qu'il s'en charge. Non ?

    -       Oui mais...

    -       Mais quoi ?

    -       Puisque vous êtes ensembles à présent, son jugement ne serait certainement pas le même qu'un garde normal.

    -       Occupe-toi de ce qui te regarde veux-tu... J'en ai marre que tu me surveille sans arrêt et en plus pour rien. Que veux-tu ? Que je m'attache à toi ? Me protégée toi-même ? Je n'en peux plus que tu fasses semblant de t'intéresser à moi. Tout ça pour regonfler ton ego. Va-t’en, s’il te plaît… lui dis-je, mon cœur se serrant à chaque parole.

    -       Je suis le Prince je te rappelle, me répondit-il, d’un air hautain.

    -       Tu veux que je te rappelle tes origines … petit Bâtard ? Tu n'as rien de royal...

    Ses yeux devinrent noirs. Mais je le fixais toujours autant. Je ne lâcherais pas la première. Jamais. Pas pour lui. Pas contre lui alors je continuai de le regarder sans baisser les yeux. Mais je sentais ma partie amoureuse de lui se manifester et j’étais quand même à deux doigts de lui sauter dessus.

    -       Fais gaffe à ce que tu dis... me menaça-t-il.

    -       Tu ne peux pas me faire de mal de toute manière. Tu le sais aussi bien que moi… lui répondis-je, lui rappelant ses sentiments envers moi.

    Il se rapprocha de moi mais je ne reculai pas pour autant. On se touchait l'un et l'autre, encore une fois. Je pouvais sentir son corps chaud contre le mien. Ses mains frôlaient les miennes. C’est alors qu’il enroula ses doigts autour des miens et regarda ma main.

    -       Alexiel... 

    -       Pourquoi utilises-tu la télépathie ?  

    -       Écoute, tu sais très bien ce que je ressens pour toi. Pourquoi sors-tu avec lui ? Je te veux pour moi et je sais que tu veux la même chose…  

    -       Adam… Je… Je ne suis pas avec Adel… Je n’ai fait ça que pour te rendre jaloux… Tu vois la fille pitoyable que je suis… Laisse-moi maintenant… Et oui Adam, je ressens la même chose pour toi…  

    Et je lui coupai l'accès à mon esprit. Étant donné que c'était mon premier pouvoir, je savais parfaitement le maîtriser. Il me regarda avec un air dépité et je fermai la porte. Je m’appuyai à elle et laissa les larmes couler, en silence afin qu’Adel n’en sache rien. Je venais de dire à Adam ce que je ressentais pour lui et je me retrouvai dans ma chambre, avec un autre homme que lui. Une fois que j’eus retrouvé un aspect à peu près correct (les yeux normaux et le nez qui arrête de couler), je retournai dans mon lit. Adel allait se remettre à parler mais je lui intimai de se taire. Il se rapprocha de moi et me retira de la porte, me plaquant ainsi contre lui. J’eus envie de l’envoyer voler contre le mur rien que pour avoir eu le culot de me prendre dans ses bras.

    -       Lorsque nous sommes seuls, tu n'as pas besoin de jouer l'amoureux transi. Reste à ta place, lui dis-je, sèchement.

    -       Appelle ça de la garde rapprochée.

    -       Et toi appelle ça un avertissement. Enlève tes mains de mes hanches.

    -       Bien Alexiel.

    -       Écoute, pour le moment, j’ai juste envie que l’on me laisse tranquille… On verra plus tard si une amitié est possible entre toi et moi.

    -       Je croyais que nous l’étions… plus si affinités.

    -       Ne crois surtout pas que tu as une quelconque chance de m’embrasser de nouveau et de me toucher de nouveau. Et pour ta gouverne, nous ne sommes pas amis mais de simple connaissance.

    -       Je connais pas mal de choses sur toi…

    -       Tu connais des choses que tout le monde sait. Cela ne fait pas de toi un ami. Et puis écoutes, nous avons convenu un arrangement n’est-ce pas ? Alors tiens t’en et tout ira bien. D’ailleurs, pourquoi as-tu voulu mon pouvoir ? Que veux-tu réellement ? Ma protection ? Une de tes ex te mène la vie dure ?

    -       Pas du tout, me répondit-il, tout en bombant le torse.

    -       Arrête de te la jouer virile. J'ai mis à terre en un coup ton pote qui fait le double de ton gabarit. Alors le chevalier servant fort et puissant, tu passes d'accord ?

    -       Tu te fais méchante...

    -       Énervée... je suis énervée.

    -       Pour... commença-t-il

    -       Ta gueule.

    Et je retournai dans mon lit, me mettant sous la couette, comme si cela allait pouvoir me protéger. Ou même me réconforter. Je commençai à m’endormir que lorsque les larmes cessèrent de couler.

     

     

     

     


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